Rhéa marchait doucement tout en rêvassant. Ce n'était habituellement pas son genre, mais il faisait nuit et elle ne parvenait pas à dormir. Enfin, elle avait essayé mais un cauchemar l'avait réveillée : Cronos l'attaquait comme lors de leur première rencontre, sauf que ce n'était pas Black qui la sauvait mais Deamon. Celui-ci mourrait finalement sous les crocs de Black Shadow qui ne supportait pas de le voir aider son jouet et finalement le chef des rebelles la tuait aussi sous la colère provoquée par la jalousie. Bref, un cauchemar pas du tout censé et qu'elle espérait ne jamais voir se réaliser.

Ce n'est qu'une fois bien enfoncée dans la forêt que la belle louve blanche réalisa où elle était. Cette illumination la fît s'arrêter brusquement. Bon sang, elle n'avait aucune idée d'où était la sortie et se trouvait au beau milieu de territoires ennemis. Il faisait nuit noire, la Lune étant à son croissant le plus faible et l'épais couvert végétal bloquant tous ses rayons. La louve s'assit et regarda autour d'elle. Il ne fallait pas qu'elle panique. Après tout, peu de loups devaient être debout à cette heure, et l'aube allait bientôt se lever.

Brusquement, un bruit la sortie de ses pensées. Son regard orange se tourna vers sa source, le reste de son corps restant immobile. Étonnement, elle avait l'air paisible. Finir en steak tout de suite ou dans deux semaines, après tout peu importait.

Une ombre noire se dessina finalement en face d'elle. Pendant quelques brèves secondes, à cause de l'odeur qu'elle connaissait, Rhéa crut qu'il s'agissait de Deamon. Mais non, c'était une louve. Elle avait l'air assez âgé, mais s'avançait vers la Rebelle avec une grande agressivité. Son regard droit, ses poils hérissés, ses crocs dévoilés, tout laissait penser qu'elle savait qui elle était et qu'elle ne l'appréciait pas. Cela n'étonnait pas la blanche : vu l'âge de la Nocturne, elle devait avoir des enfants, voir des petits enfants qui allaient souffrir des événements à venir. Dans le regard orange pastel apparût de la peine. Elle savait qu'elle méritait qu'on la traite ainsi. Alors, que devait-elle faire maintenant ? Fuir ? Et vers où ? Elle ne connaissait pas ses terres, alors que la Noire devait pouvoir s'y déplacer les yeux fermés. Rhéa était certainement plus rapide, mais à la traque, elle finirait par se faire prendre par cette Nocturne ou un autre loup de la meute. La belle louve blanche resta donc immobile. Par réflexe, sa longue fourrure se hérissa légèrement, mais même cela ne cacha pas sa taille mince. Malgré son aspect paisible, ses muscles étaient tout de même tendus, et son esprit sur le qui-vive. Elle était prête à mourir, oui, mais pas sans se battre.

"Je m'appelle Rhéa. Je vous pris d'excuser mon passage sur votre territoire, j'ai perdu mon chemin."

Sa voix était aussi douce qu'elle était belle. Pourquoi avait-elle parlé" ? Elle ne le savait pas vraiment elle-même. Peut-être pour ne pas disparaître sans s'être excuser à quelqu'un. Car oui, elle s'était perdu. Cela faisait de longs mois qu'elle avait quitté le droit chemin, depuis qu'un ancien Nocturne l'avait emmenée ailleurs. Chaque jour elle se posait la même question : ne pouvait-elle pas simplement partir ? Et chaque fois, elle obtenait la même réponse : non. Non, elle devait assumer maintenant. Elle devait défendre ceux qu'elle avait réuni autour d'une seule vengeance.

La louve noire sembla hésiter un moment. Cependant, bien vite, ses yeux montrèrent de nouveau toute la rage qui les habitait. Rhéa resta immobile, mais elle savait bien qu'un combat allait se passer. Elle hésita à aboyer, à appeler quelqu'un de son clan, Black Shadow ou Cronos en particulier, les meilleurs combattants... mais les amener ici, à condition déjà qu'ils l'entendent, serait les mettre en danger. Et puis, les Nocturnes entendraient son appel également, et ils étaient bien plus près. Bref, c'était hors de question. Vous êtes-vous réellement perdu, ou êtes-vous ici pour tâter le terrain ? Ces paroles lui firent l'effet d'une douche froide. Elle secoua doucement la tête, bien qu'elle savait que cela ne servait à rien. D'une seconde à l'autre, la louve allait l'attaquer, elle le savait. D'ailleurs, le temps qu'elle le pense, cela se réalisa. Rhéa laissa échapper un léger jappement quand le corps de la Nocturne rencontra le sien. Elle assuma le coup du mieux qu'elle pût, ce qui n'était pas mal puisqu'elle était sur ses gardes, mais pas suffisant pour rester debout du fait de sa légèreté. La blanche roula au sol, et se releva à une vitesse assez fulgurante, sa seule qualité en tant que combattante. Elle se remit face à la louve, debout, ne grognant pas ni ne dévoilant ses crocs, mais son pelage cette fois bien dressé pour amortir un minimum les coups. Il était hors de question de fuir, par contre.

"Je sais ce que vous pensez de moi, mais rien n'a besoin de commencer aujourd'hui."

Si elle mourrait maintenant, les Rebelles ne laisseraient pas sa mort impunie.

Donc, quelque chose va un jour commencer. Rhéa ne répondit pas. Ce n'était pourtant pas une grande déclaration : tout le monde le savait. Où qu'elle allait, les loups connaissaient les Rebelles. Comment cette nouvelle s'était-elle répandue, elle ne le savait pas. Cronos l'avait accusée de l'avoir dévoilée à Deamon, ce qui était faux : il le savait déjà quand ils en avaient parlé. La noire sembla hésiter à l'attaquer. Un grognement furieux sortit de sa gorge. Elle semblait frustrée. Rhéa ressentait exactement la même chose. Elle ne voulait pas de morts, de haine, de guerre. Mais il était trop tard, bien trop tard pour arrêter ça. Son regard orange devint déterminé. Il fallait bien que ça commence un jour. La Nocturne se mit à tourner autour d'elle. Ses yeux fixés sur elle, la blanche ne quittait pas la rouge un instant. Elle n'avait pas l'habitude des combats, mais cela était compensé par l'âge de la louve. Quand à la taille et au poids, ils étaient à peu près les mêmes chez les deux louves.

"Cela semble inévitable."

Sa voix n'était qu'un murmure, comme si elle se parlait à elle-même. Elle essayait de se convaincre d'attaquer la noire... mais elle y répugnait. Puis sur un coup de tête (ce qui ne lui ressemblait pas), elle sauta sur la louve. Sans montrer vraiment les crocs, plutôt pour la faire tomber. Histoire de faire bouger les choses, un peu.

Alors qu'elle allait atteindre la louve nocturne, une masse noire les sépara. La surprise de Rhéa fût immense. Qui pouvait donc s'interposer entre les deux sans en attaquer aucune ? Cependant, au moment où elle toucha le sol, avant même d'avoir levé les yeux, elle avait trouvé la réponse. Deamon. Il avait donné sa parole, dit qu'il la protégerait... C'était chose faite.
Après une courte période à terre, encaissant la chute, Rhéa se releva. Elle regarda la patte du loup, tandis que celui-ci saluait la noire. La Rebelle avait peur qu'il se soit fait mal. Puis elle entendit son nom, et releva donc les yeux. Le regard rouge du Nocturne était sur elle, presque inquiet. Elle le rassura d'un sourire, doux mais un peu... honteux ? Elle s'en voulait pour sa patte, pour l'avoir dérangé dans son sommeil, et pour l'avoir fait la protéger d'une louve de sa propre meute. Son regard pâle, dur quand il avait été sur la noire, avait repris de son calme et de sa luminosité habituels. De nouveau, elle se sentait en sécurité.

"Deamon. Merci..."

Sa voix était chantante de nouveau. Elle voulait le remercier plus, lui demander comment allait sa patte, mais elle reprit conscience de la présence de Xara, dont elle venait d'apprendre le nom. Elle s'assît, hésitante.

Rhéa sentait que l'hostilité de la noire contre elle ne faisait qu'augmenter : elle était furieuse que Deamon l'ai défendue. Et encore une fois, la Rebelle la comprenait, ne sachant toujours pas comment le Noir pouvait faire cela. Tu la défends ? C’est une solitaire, Deamon ! Le loup noir grogna et claqua des machoires pour la mettre en garde. Je te conseille de faire attention, Xara. Le regard orange se promena au sol : elle s'en voulait de provoquer ça. Elle entendit le loup s'approcher d'elle, et plongea de nouveau ses yeux dans les siens. Très chère, que faites-vous donc seule sur ces terres ? Un rictus amusé aux lèvres, il ne semblait pas souffrir : tant mieux. Elle répondit avec honnêteté, comme toujours avec lui. Sa voix prenait un ton semblant dire qu'il pouvait bien se moquer : elle savait cette excuse, pourtant réelle, tout à fait ridicule.

"C'est idiot... Je marchait en rêvassant et je me suis perdue. Je pensais attendre le lever du soleil pour me retrouver mais je suis... tombée sur Xara."

Il faisait toujours nuit. Le pelage de Rhéa absorbait les rayons de la Lune, la faisait luire dans l'ombre, tandis que des deux autres, seuls les yeux étaient bien visibles.

Oui, c’est idiot. Surtout dangereux, Éta. Éta. Elle aimait ce nom qu'il lui avait donné. Elle savait qu'il avait raison, bien sûr que c'était dangereux. Le seul fait de se balader seule l'était dans son cas, alors en rêvassant et chez les rouges... Son regard toujours dans le sien, elle ne le détourna que lorsqu'il la présenta à la louve en bon et due forme Xara, ceci est Rhéa. Une solitaire et.. D’après mes intuitions, une rebelle qui en voudrait à ma micro-louve. Malgré la gravité qui régnait, la blanche ne pût s'empêcher d'avoir un fin sourire aux lèvres. Le ton qu'il avait était bien étrange venant de sa part. Puis elle se rendit compte que Xara risquait de prendre ce sourire pour une fierté d'être Rebelle, et elle cessa donc. Rhéa, voici la nourrice nocturne. Également ma chère mère adoptive. Sa voix était d'une certaine tendresse quand il prononça ses mots. Cela étonna la solitaire, et elle tourna son regard vers la noire. Celle-ci lançait à Deamon un regard glaciale. Plus que le ton du démon, c'est cette réaction qui la surprît vraiment. Ne devrait-elle pas simplement s'adoucir à ses paroles, ou du moins ne pas réagir ? C’est qu’elle ne tient pas à la vie. Savez-vous ce que l’on fait, nous nocturnes, à ceux voulant faire du mal à un membre de notre meute ? La louve supporta son regard hostile, répondant d'une voix calme. Elle ne mentionna pas son côté légèrement suicidaire, ne pouvant le nier.

"Oui, votre fils m'a déjà mis en garde.

Il aurait été stupide de répondre que la revanche des Nocturnes serait tout aussi sanglante si elle en venait à mourir. Elle prit un grand bol d'air, pour se détendre. Son regard se tourna vers Deamon, curieux. Que pensait-il de cette situation ? Lui en voulait-il pour avoir attaquer sa mère ?

Oh, j'en doute. Qu'a-t-elle d'intéressant? Sûrement, si tu veux jouer avec elle, ne lui donne donc pas de faux espoirs, Deamon. La pauvre inconsciente y croit bien trop. Défendre une de ceux voulant faire de mal à une nocturne, tu es tombé sur la tête. Hautaine, moqueuse, la louve noire vidait son sac. Toute cette rancoeur et cette haine que Rhéa se prenait en pleine tête, elle s'y était préparée. Lorsqu'elle s'adressa directement à elle d'ailleurs, la Rebelle eût comme une impression de déjà vue, car ces mots, elle se les était répétés plusieurs fois à elle-même. Ne te fais pas d'illusion, ma belle. Si un jour tu tombes nez à nez avec Blood Fall, il ne viendra pas t'aider, même s'il se trouve juste à côté de toi. En fait, il serait bien capable d'être celui qui t'arrache un membre en premier. Question d'ouvrir la danse. Elle regarda la louve s'éloigner avec un regard bien moins amusé que celui de Deamon bien sûr, rempli plutôt d'une tristesse plus profonde que jamais. Elle tourna ses yeux vers le Noir, qui tenta de détendre l'atmosphère. J’ai un drôle d’effet sur mes congénères de meute. À chaque fois que je défends une louve solitaire, cette dernière se retrouve avec toutes les louves nocturnes à dos. Je dois être aimé, c’est effrayant. Elle eût un pâle sourire.

"J'espère que vous ne le faîte pas trop souvent dans ce cas. Il serait bête de vous mettre toutes les louves à dos."

Elle soupira, puis ferma les yeux quelques secondes. Bon sang, elle ne voulait pas causer de problèmes.

"Elle vous aime vraiment, Xara. Elle a dû être une bonne mère.

Sans doute. Toujours les yeux fermés, la louve sourît doucement. C'était une réponse assez laconique qui lui correspondait parfaitement, et qui montrait que le loup ne s'en souciait pas beaucoup, de cet amour maternelle. Une image des ses propres parents lui revint en tête. Elle allait repenser à son passé lorsque le loup toucha ses flancs de son museau. Rouvrant les yeux, la blanche tourna doucement la tête vers lui. L’amour porte à dire.. Ou à faire des choses stupides, le savez-vous, Éta ? Elle prît un grand bol d'air et hocha la tête. Ses yeux étaient de nouveau terriblement triste. Si elle était arrivée ici, c'était par amour.

"C'est d'ailleurs bien étrange. L'amour serait supposé nous élever, nous rendre meilleur... Mais ce n'est que mensonge."

Elle eût de nouveau un doux sourire.

"Mais si je peux le comprendre, le pouvez-vous ?"

Le loup resta la tête blottit contre elle. Contrairement à la dernière fois, lors que de leur dernière rencontre, elle ne se dégagea pas. Au contraire, elle profita de sa chaleur et de sa présence. Rhéa nota de la curiosité dans son regard et compris la question qu'ils se posaient, mais n'y répondit pas. Après tout, cela ne ferait que compliquer les choses. Et puis, parler de Black Shadow avec Deamon... Ce serait bien trop étrange. Non. De nouveau, une réponse bien courte et claire. Le loup recula puis remua la queue. Cela effaça la tristesse des yeux oranges de la louve, et la fi sourire franchement, du sourire qu'elle lui réservait. Il avait l'air d'un joyeux loupiot comme ça, c'était drôle. Il vous faudra peut-être quitter ces lieux avant que la nourrice retourne, je doute qu’elle n’en ai pas l’intention. Elle souffla, puis hocha la tête.

"Il serait bien d'éviter ça, effectivement."

Son regard fût alors attiré par la patte du loup. Elle était légèrement enflé. La Rebelle sera légèrement la mâchoire. C'était de sa faute. Elle se plongea de nouveau dans le regard de braise. Elle hésitait à lui présenter encore des excuses, mais elle se retint. S'aplatir en excuse ne servait à rien, sinon à finir par agacer le noir. Elle se leva, prête à le suivre. Elle faisait ça un peu à reculons : ils étaient bien, là, seuls dans la forêt. Mais il fallait bien revenir dans le monde réel.

Je pourrais me vanter d’avoir escorté une demoiselle en détresse.Elle eût un doux rire. C'était vrai, mais combien de personnes pouvaient le croire ? Quoique... Après tout, elle n'en savait rien. Peut-être était-il un vrai coureur en réalité ? Cette idée lui déplaisait. Elle secoua doucement la tête pour se sortir ça de l'esprit, avec un petit sourire. C'était une réaction de gamine. Deamon se mis à marcher après avoir observé la Lune. Sans hésitation, Rhéa le suivit, le rattrapant d'un petit trot gracieux, puis se mettant à son allure. Si elle était assez grande, elle était cependant toute fine, et là, épaule contre épaule avec Deamon, elle semblait vraiment fluette. Lui, au contraire, semblait encore plus massif. Il y a des jeunes loups dans votre.. groupe de rebelles ? Elle souffla un petit coup, étonné de cette question si soudaine. Tant pis pour les petites conversations générales, il taillait directement dans le vif du sujet. Le regard orange pâle de la Rebelle se tourna vers le loup, légèrement accusateur, et vexé. La voyait-il vraiment mettre des jeunes en danger ? Elle resta un moment silencieuse, regardant de nouveau droit devant elle. Finalement, elle répondit d'une voix calme.

"Non, Deamon. Il n'y a que des loups matures et volontaires."

Son ton n'était pas sec, ce qui sonnait plutôt étrange avec cette phrase un peu agressive. Tout d'abord, elle en avait assez qu'on essaie de lui soutirer des informations. Ensuite, elle avait peur de trop en dire, ce qui la rendait moins détendu que d'habitude. Pourquoi ? Parce que Cronos avait failli l'attaquer en sachant qu'elle avait parler à Deamon, alors que ferait Black Shadow s'il apprenait qu'elle avait donner trop d'informations ? Elle s'était déjà pris des coups de sa part, et elle préférait éviter que cela recommence. Car les Rebelles étaient plus effrayés par leur chef qu'ils n'adoraient Rhéa : ils avaient beau prendre la belle blanche pour leur mère, ils ne s'interposaient pas.

La louve nota qu'il ne réagît pas particulièrement à sa réaction. En même temps, qu'espérait-elle ? Qu'il ressente du remords pour la questionner comme ça ? Cette idée lui fît avoir un petit sourire amère, qu'on ne voyait jamais chez elle. De nouveau, elle se força à se répéter que s'il avait décidé de la protéger, c'était seulement pour se distraire un peu. Pas d'attachement, pas de pitié, pas de sentiment pour elle. Les nocturnes ont onze loupiots en ce moment. Et à peu près trois jeunes loups qui n’ont pas encore deux ans. Le coeur de Rhéa se serra. Combien allaient pouvoir passer la guerre, fonder une famille, vivre vieux ? Bien peu, elle en avait peur. Pourquoi lui avoir dit ça ? Il agissait exactement comme Black Shadow en ce moment. Il lui faisait mal, non pas d'un point de vue physique, mais en lui triturant les méninges. Quel plaisir pouvait-il en tirer ? Elle resta silencieuse un bon moment, avant de répondre.

"J'ai rencontré vos fils, d'ailleurs. Il vous ressemble, chacun à leur façon, mais on doit vous le dire souvent."

Elle avait cru comprendre qu'il se fichait de ses gamins, c'était donc plus histoire de parler plutôt que d'attendre une réaction. Elle savait qu'elle n'avait aucun moyen de lui faire autant de mal qu'il pouvait lui en faire.

Quand il se mit en grognant devant elle, Rhéa sût tout de suite que ce qui allait se passer n'allait pas lui plaire. Elle s'arrêta, restant parfaitement immobile. Ses muscles étaient tendus, non pour être prêt en cas d'attaque, mais parce qu'ils le faisaient d'instinct quand son coeur battait à cent à l'heure. Qu'allait-il faire ? La tuer maintenant, comme ça, au fin fond des bois et sous la Lune ? Non, il fît bien pire. Il lui décrivit comment tout allait se passer. Comment certains de ses compagnons allaient mourir. Il le lui disait avec des yeux vides et tétanisants, et d'une voix semblant sortir tout droit de l'enfer. Savez-vous le sort que je réserve à ceux osant ne fusse que toucher aux loupiots de cette meute ? Aux membres de cette meute ? Ils ne mourront pas lentement, mais pas vite non plus. Je leurs arracherait la peau, leur chair et je boirais leur sang alors qu’ils seront encore en vie. Je leur donnerais le sentiment de n’avoir aucun contrôle, aucune chance de survie. Puis, je leur donnerais l’espoir. Et enfin, je les laisserais s’étouffer dans leurs larmes. Car croyez-moi, Rhéa. Je ne me battrais peut-être que pour la meute nocturne parce que justement, c’est ma meute, mais je ne ferais pas les choses à moitié. Elle avait envi de pleurer, de hurler, de sortir enfin de se cauchemar. Elle voulait se trouver de nouveau chez elle, près de sa famille, loin de Black, et de Cronos, et de Deamon, et de tous ceux qui vivait ici. Elle voulait supplier le loup de ne rien faire, ou le tuer, du moins faire quelque chose pour que tout s'arrête. Mais elle était bien trop digne pour faire cela. Son visage était fermé. Ses beaux yeux ne montraient aucune larmes.

"Vous auriez aussi bien pu me laisser face à Xara. Avec elle, j'aurais au moins pu rendre les coups."

Sa voix ne chantait plus pour lui.