Jazz chantonnait doucement, allongée près du lac. Il faisait un temps splendide, et là, chez elle, elle se sentait protégée. La surface du plan d'eau étai totalement lisse, et reflétait le ciel bleu à la perfection, comme un miroir. De temps à autre, un oiseau s'approchait d'elle par curiosité, puis réalisant que c'était une louve, s'envolait dès qu'elle bougeait un peu. En même temps, il n'avait pas tort. La louve avait beau être d'une douceur rare avec ses congénères, elle n'en était pas moins une chasseuse féroce, qui ne laissait pas passer une occasion de mettre fin à la vie d'une proie.

Ses yeux verts étaient vifs, parcourant doucement les alentours, pour être prête si quelqu'un arrivait. Ses oreilles dressés étaient à l'écoute pour la même raison. Mais à part sa, tout son corps était détendu, et elle continuait de chanter doucement...

Je fuirais laissant là mon passé
Sans aucun remords
Sans bagage et le cœur libéré
En chantant très fort

Emmenez-moi au bout de la terre
Emmenez-moi au pays des merveilles
Il me semble que la misère
Serait moins pénible au soleil...

Mais elle se tue soudainement. Un peu plus loin, un faon innocent s'était approché de l'eau pour boire. Il avait l'air fatigué, et n'avait pas ses parents avec lui. Jazz sourit. Elle avait déniché-là une proie facile. Elle se leva doucement, marcha vers lui le plus lentement et silencieusement qu'elle pût, et, d'un bon, lui sauta sur le dos et lui brisa la nuque. La bête tomba au sol, raide morte, et Jazz commença le destin. Après un court instant, elle s'arrêta. La pensé de Deamon torturant une bête semblable lui gâchait tout le plaisir. Elle secoua la tête, et se remit à manger. Il lui gâchait la vie quand il était là, pas besoin de penser à lui quand se n'était pas le cas. Elle entendit alors du bruit, et tourna la tête vers sa source. Prête à partager, elle aboya un coup : si c'était un mammifère, il partirait vite, si c'était un loup, il approcherait sûrement.

C'est un gros loup qui s'approcha. Jazz le regarda faire d'un air surpris : sans se présenter, lui jetant à peine un regard, il se nourrissait déjà de sa proie. Apparemment, personne ne lui avait appris la politesse. En plus de cela, il n'était pas de sa meute. Ni d'aucune autre apparemment. Enfin, il avait l'odeur d'autres loups sur lui, comme s'il avait une famille ; mais Jazz en était certaine, ils n'avaient pas de territoire à eux. C'était étrange...

La petite mexicaine le regarda donc quelques instants en silence, puis haussa les épaules, arracha un bout de chaire du faon, et s'installa au bord du lac pour le manger. Elle était petite, n'avait pas besoin de beaucoup de nourriture, et rester avec des gens désagréables, ça ne lui plaisait pas. Il n'était peut-être pas un Nocturne, mais il avait le même comportement qu'eux. Elle soupira.


"Bon appétit."

Merci. Cela la fît sourire jaune. Parfois, il lui arrivait de souhaiter vivre une journée dans la vie d'un gros mâle à l'allure menaçante, pour changer de cette allure de jeune et belle louve. Pendant une journée, on arrêterait de croire qu'elle était totalement sans défense, et on arrêterait de la croire invisible. Pendant qu'elle rêvassait tout en mangeant, elle sentait le regard du loup sur elle. Elle n'aimait pas ça, être le centre de l'attention. Heureusement, ça ne dura pas. Le mâle partit en effet piquer une tête de le lac. Toujours aussi aimable.

Un fois qu'elle eût terminé son repas, après s'être resservi plusieurs fois sur la carcasse, elle alla boire au bord du lac. En voyant son reflet dans l'eau calme, elle fût étonnée. Ces dernières semaines avaient été assez rude pour elle. Oh, elle était toujours aussi joli, mais elle avait l'air d'une adulte maintenant. Elle avait minci, également, mais pris du muscle. D'une patte, elle tapa sur l'eau pour effacer cette image. Elle en voudrait éternellement au Nocturne pour lui avoir fait perdre son innocence.

Finalement, elle rentra doucement dans l'eau glaciale. Une fois son corps entier dedans, elle y plongea également la tête.

Le loup s'éloigna avec un sourire mit amusé, mi amer, puis revint finalement s'asseoir en face d'elle. Cronos... Elle trouva ce nom magnifique. Il sonnait grave et paressait ancien. Sa mère lui avait raconté des histoires mythologiques, dans lesquels un Titan portant ce nom avait mené une guerre contre ses enfants, l'avait perdu, et s'était retrouvé exilé au Tartare. Elle espérait pour lui que son histoire n'était pas si tragique.

"Je m'appelle Jazz. Je suis de la meute Ciel."

Encore une fois, l'odeur du loup lui parût inconnu. Qui pouvait-il être ?

"Vous êtes de passage sur nos terres ?"

Quelque chose à accomplir ? C'était bien mystérieux, et cela piqua l'attention et la curiosité de la louve. Le loup n'était donc pas là par hasard... Elle espérait que son désir ne soit pas trop sombre : la paix entre les clans était fragile ; un coup de vent, et tout risquait de basculer dans le chaos. Quant à vous, vous ne semblez pas du coin, qu'est-ce qui vous a poussé à venir ? Cette question la tira de ses pensées.

"Effectivement, je viens de territoires plus au sud. Je suis simplement parti pour vivre des aventures... Sortir de la routine, me sentir vivante. Trouver le bonheur."

Elle eût un petit sourire, mi-heureux, mi-amer. Tout n'avait pas toujours été simple, mais elle s'en était sortie après tout. Alors elle ne pouvait se plaindre.

Disons que vous embellissez la chose. Elle était à deux doigts de lever les yeux au ciel. C'était à croire que tous les mâles étaient exactement les mêmes, tous aussi prévisible. Mais le sourire triste qui suivit l'arrêta. Je ne peux pas dire que mon reflet me rebute, physiquement je me trouve des plus agréables à regarder, mais la beauté ne fait pas tout. Même si je n'aime pas ce que je vois, je le suis et j'ai choisis de l'être, alors je dois vivre avec. Elle hocha la tête, satisfaite de sa réponse. Et vous, appréciez vous ce que vous êtes? Si j'ai bien compris c'est le but de la question, non? Elle allait répondre après avoir réfléchit, quand il reprit la parole. J'ai une question pour vous Jazz. Pourquoi êtes vous aussi gentille? Depuis le début je suis mauvais avec vous, j'ai pioché dans votre nourriture sans demander la permission et vous ne bronchez pas ! C'est un truc que ne peux comprendre. La louve hocha les épaules, soutenant le regard du mâle.

"J'étais de bonne humeur avant que vous n'arriviez, et je ne voulais pas que ça change. M'énerver contre vous ne changerait rien..."

Puis elle tourna les yeux vers son reflet, et sourit doucement.

"Et qu'aurais-je pu faire d'autre ? Vous l'avez dit vous-même, j'ai l'air inoffensif. Si je m'énervais à chaque fois qu'on me marche sur les pattes, je ne serais qu'une boule de nerfs."

Qui vous dit que cela n'aurait rien changé ? On m'a toujours dit de ne pas me fier au apparence, j'aurais bien aimé voir le démon Jazz, cette phrase aurait une fois de plus prouvé sa réalité...le démon Jazz... Cela la fit sourire. Pourtant, quand si elle s'énervait vraiment, elle pouvait avoir l'air d'un démon. Les dessins sur son visage lui donnaient un air tribale et sauvage, et la rareté de son regard orange était déconcertant. En pensant à ça, elle n'entendit pas la proposition du loup, mais il la sortit de ses pensées. Alors vous venez ? Elle sortit de ses pensées et releva la tête. Il avait bien changé de comportement en quelques minutes ! Il faisait désormais preuve d'amabilité, et avait un sourire à faire oublier les premiers instants désagréables. Elle le lui rendit, puis rentra doucement dans l'eau fraîche, tout en lui parlant de nouveau :

"De toute façon, je ne vois pas l'intérêt d'être désagréable. Voyez, si j'avais été piqué par vos premières actions, nous n'en serions pas là maintenant. Vous seriez reparti, et cet agréable moment n'aurait pas existé."

Je ne crois pas en dieu, mais les chose n'arrivent pas pour rien. Je pense que vous pouvez me tutoyer Jazz, mais après c'est à vous de voir. La louve sourît à ces gentilles paroles. Elle qui était une vraie Romantique croyait également au destin. Peut-être celui-ci l'avait-il envoyé pour calmer une âme en peine ? C'était bien possible.

"C'est d'accord, je vais te tutoyer, Cronos. Je n'en sais pas encore beaucoup sur toi... mais j'espère que cela va s'arranger."

Elle lui sourit, puis accéléra un peu pour se retrouver à sa hauteur.

"Alors, apprenons à nous connaître. Commençons simple. Quel âge as-tu ?

Mettons-nous à l'abris avant que l'orage éclate ! La louve hocha la tête après avoir regardé le ciel. Elle avait l'habitude des orages, ayant grandit avec, mais elle les avait toujours détestés. Quand la nature se déchaînait, elle lui foutait une trouille bleue, lui rappelant combien elle était petite par rapport au monde qui l'entourait. La Ciel nagea donc rapidement vers la rive. J'ai 3 ans et demi et toi ? Tiens, elle aurait dis plutôt quatre.

"J'ai eu trois ans il y a deux mois. À toi de poser une question !"

Elle marchait assez vite pour trouver un abri avant que l'orage ne débute vraiment.

Jazz le suivit sous la roche, et s'ébroua également. Elle avait largement assez de place ici, grâce à sa petite taille. Cronos, par contre, devait se sentir légèrement à l'étroit. Elle s'assit en face de lui. Je viens de te poser une question Jazz, c'est donc à ton tour. Elle rît doucement :

"L'âge, c'était ma question ! "Et toi", ça n'en est pas une !"