Blow you're mind and bring it on! [Privé Blood]

KOAAAAH ? La louve grise était restée amusée, même lorsque le mâle avait mit son nez dans son cou. Par contre, lorsque le sens de ses paroles était parvenu à son cerveau, tout sourire s'était enfui de ses babines et son corps s'était tendu. Comment, qqueeeewaaa ? Elle avait du mal comprendre ou son cerveau avait fait une interprétation rapide et stupide.

Mais très vite, la mini-louve reprit le contrôle de son corps et un immense sourire retrouva sa place sur son visage. Ses yeux pétillèrent un instant de malice et elle tendit le cou pour que son museau s'approche de celui de Deamon. C'était un jeu, pas vrai ? Impossible que ce soit autre chose, surtout vu son regard. Donc, elle allait jouer aussi. Et c'est de sa voix la plus aguicheuse / sensuelle (biffez la mention inutile) qu'elle demanda :

« Serait-ce une déclaration ? »

Après cette question, le plus dur était de continuer à contrôler son corps. Pas de réaction imprévue ni d'éclats de rire, s'il vous plait. On respire normalement, on refuse tout mouvement incontrôlé et pouvant faire penser à quelque chose qui serait faux, on garde l'attitude d'une dragueuse et on gère. Compris ? Bien. Brave Bloody.

La vie était-elle injuste, sans doute. Non, la vie l’était, tout comme chaque mort pouvait avoir l’air horrible. Si le loup noir n’aurait pas été tant partagé par des êtres invisibles, il serait peut-être simplement un loup de plus. Capable de se faire duper, capable d’aimer. Et encore, une des voix en éprouva une jalousie énorme. La faculté de savoir rire de bonheur, pleurer de tristesse. La possibilité de ressentir un pincement au cœur quand certaines choses étaient dites, quand certaines actions étaient faites. Imiter les choses est difficile, à certains moments, impossible. Le loup ne se rappelait plus la première fois où il avait imité les émotions d’un autre être. Étais-ce au tout début de sa vie, quand sa mère lui avait offert son plus beau sourire, ou étais-ce à la mort de cette dernière, quand il avait vu la peur des autres êtres l’entourant ?

Les souvenirs étaient tellement lointain, tellement vagues. Et c’est pour ça que le loup ressentait ses maux de têtes. Aucune douleur n’arrivait à lui, sauf celle-là. Particulièrement quand une des voix, celle qui l’accompagnait depuis le début, se réalisait que l’impossible devenait vrai. Alors qu’elle ne se laissa que rarement entendre, sa présence était là, dans son être. Et l’idée que son hôte croit enfin ressentir quelque chose la mit en colère. Une colère noire et sans nom, que son hôte acceptait avec trop d’impatience.

Et la louve en face de lui en était coupable. Tout comme bien nombre d’autres créatures. Mais peut-être étais-ce elle, la plus coupable, la plus dangereuse. La voix voulait voir son sang, mais son hôte lui interdit toute présence. La colère devint rage. Le loup eu un rictus, bien plus dévoileur que son regard ou ses paroles. Peut-être avait-il cherché à embêter Blood. Peut-être avait-il réellement cherché à dire quelque chose. Mais quand on ne fait que jouer, le jeu prend une tournure sans fin.

« Autant que ma folie sera ma mort. »

Un simple mot à trois lettres aurait été trop facile, trop normal. Et aucun des deux êtres ici présent ne faisait dans le normal. Un nouveau jeu de mots, ou pas. Mais pour finir, à la fin de la journée ils ne seront que deux êtres reprenant chacun leur train de vie. La vie n’était pas injuste, mais mal foutue.

J'vais finir par devenir up-madman (a)

Quelque chose se passa. La louve grise le sentit au fond de son être, mais ne le comprit pas. L'incompréhension fit naître une frustration, qu'elle peina à masquer. Elle n'aimait pas quand les choses ne se passaient pas comme elle le désirait, quand la situation lui échappait. Sans doute était-ce là son côté manipulatrice qui ressortait, lui refusant de ne pas tirer les ficelles.

Cependant, Blood Fall parvint à rester dans le jeu. Du moins, le pensait-elle. Elle fit croître son sourire et, couchée, posa avec douceur la tête sur ses pattes, observant de ce fait le loup noir en levant les yeux. Chaque geste qu'elle faisait était calculé, son but actuel étant de voir jusqu'où pouvaient les mener cette petite discussion, ces actions qui semblaient presque normale, ce jeu qui semblait être fait pour d'autres.

« La mort n'est qu'une aventure de plus. Ta réponse n'est pas satisfaisante. »

Elle attendait une réponse plus précise, plus claire. Elle aimait pouvoir interpréter les mots à sa façon, se faire ses idées. Mais à cet instant précis, la Nocturne avait plus que tout l'envie de savoir ce que pensait vraiment son compagnon de meute. Curiosité... Petit danger qui la mènerait sans nul doute à sa perte, à moins que son sens de l'humour ne le fasse en premier.

Manipulateur manipulé. Le loup ne lâche pas Blood Fall du regard. Il venait de franchir la limite de l’acceptable. Il venait de franchir la ligne rouge. Et rien ne pourrait le faire revenir en arrière. Mensonge ou vérité ? Illusion ? Sans doute. Un rire amusé s’échappa de son être.

« Satisfaisante ? »

C’était amusant. Trop pour être vrai. Qui étais-ce maintenant ? L’esprit du loup noir n’était plus que désastre et mécompréhension. Ce jeu.. Cette envie de jouer avec la vie. Cela en devenait dangereux. Trop dangereux. Ce n’était plus la même chose. Le danger ne venait plus de l’intérieur, mais de l’extérieur. Le danger était aussi présent qu’éloigné.
Le loup noir s’allongea en face de la louve. Ses pattes vinrent se replier sous son corps alors que son museau se posa sur le sol de la forêt noire.

« Et si s’en était une, une déclaration ? Me mangerais-tu la truffe, petite louve ? »

Un pas en avant, un pas en arrière. Un instant, elle avait le pouvoir ; celui d'après, elle se faisait avoir. Blood détestait ça, autant qu'elle appréciait. C'était une nouvelle preuve que rien n'était jamais gratuit dans la vie ; si elle voulait sa réponse, elle devait en donner une également. Un échange équivalent.

Pourtant, la réponse appropriée à cette question n'était pas simple. Que dire ? Elle même l'ignorait. Elle chercha à se sonder, à découvrir comment elle prendrait la chose. Mais elle l'ignorait, elle était partagée. Elle hésita donc entre une réponse évasive, comme Deamon les faisait, ou à être franche. Elle choisit un mélange des deux.

« Je n'ai pas pour habitude de mordre mes oreillers lorsqu'ils sont confortables. Je pense donc que non. »

La grande question était de savoir où tout cela allait les mener. Et l'incertitude, à cet instant, devenait plus qu'amusante.

Aucune question n’avait de réponse. Les deux canidés savaient parfaitement tourner autour du pot. Inlassablement. Et pour finir, qui cèderait ? Mais il n’y avait rien à céder, car tout ceci n’était peut-être que paroles en l’air. Après tout, les deux êtres avaient-ils une seule idée de la signification de leurs paroles ? Peut-être que oui, peut-être que non. Tout ceci n’était que fondé sur un peut-être. Et aussi une base d’amusement non négligeable. Deux gosses qui parlaient comme des adultes. Alors qu’ils étaient adultes, leur conversation était digne de celle d’un gosse.

« Alors considère-le comme tel. »

Parce que même si tout ceci n’aboutirait qu’à un fou-rire, les enfants pardonnent tout et oublient tout. Hors, comment un être tel que Deamon pouvait-il prétendre une certaine idylle, ou ce même une certaine appréciation pour un autre être vivant ? Après tout, c’était exactement de telles choses qui le différenciaient de ses congénères. Il ne ressentait rien. Absolument rien. Et c’est de là que vint le danger de l’extérieur, aussi mortel qu’amusant. Les voix étaient en colère, mais qu’importe.

Un doute. Un énorme doute emplit le coeur de la louve grise. Considère le comme tel... Son esprit se mit à fonctionner à toute allure, cherchant à comprendre toutes les possibilités de cette affirmation. Elle visionna plusieurs scénarios, cherchant celui qui lui semblait le plus intéressant. Mais au final, elle s'était perdue dans ce jeu. Elle avait perdu.

Son corps se crispa, partagé entre deux envies. Celle de se lever, tourner le dos à cette situation qui se compliquait de secondes en secondes et celle, folle et insensée, d'agir avec Deamon comme si il n'était qu'un mâle normal, qui apprécierait les contacts. Stupide folie, stupide dilemme. Heureusement que les paroles pouvaient encore essayer de sauver la situation. Après tout, ce n'était que des "on dit" qu'ils s'amusaient à prononcer... N'est-il pas ? Un jeu, rien d'autre ?

« Et quelle réaction aimerais-tu de ma part ? Un acte insensé qui pourrait te déplaire et m'amuser, une réaction neutre ou une fuite ? Je te laisse le choix pour cette fois. »

Courage, fuyons. C'était une tactique comme une autre.

Petite louve venait de tomber dans le piège. Petite louve venait de perdre le jeu.

Ça ne l’amusait pas.

Pourquoi tant de paroles sans réelle vérité ? Pourquoi maintenant ? Sans sentiments, que faire du monde ? Mais il avait su dès sa rencontre avec le sac à puce. Il l’avait toujours su. Ignorer la vérité avait toujours été son point fort. Hors, cette fois-ci la vérité était bien choquante. Avouez-le. Sentiments qu’il n’avait pas. Mais sentiments qu’il pouvait imiter. Et la créature en face de lui était devenue le centre d’un monde dangereux et sanglant. Elle n’en avait idée. Tant mieux direz-vous. D’ailleurs, il devrait se taire.

Mais les insectes de rebelles l’énervaient au plus haut point. Pour plusieurs raisons. La principal concernant cette petite louve sanguinaire. Lui qui ignorait toujours tout. Sauf son attirance particulière pour le mal. Cette envie d’enfreindre les règles.

Sauf sa possessivité.

Et là, avec la présence du sac à puce, cette dernière avait monté d’un cran. Maudit soit-on.

« Si tu fuis, je te rattraperais. »

Menace sanglante venant d’un ours en peluche, taisons-nous une fois pour toute.

« Micro louve ne sait donc pas comment réagir ? »

Petite louve n'aimait pas être bloquée, immobilisée par ses pensées et ressentis divers et incompréhensibles. Pourtant, elle ne s'énerva pas, tout au contraire. Elle chercha en elle un calme qu'elle ne pensait pas avoir, afin de ne pas laisser de mots en trop s'échapper de sa bouche.

Son regard se planta dans celui du loup noir, emplis de fierté et d'une lueur malicieuse à peine perceptible. Le doute s'en était échappé et tout cela ne présageait rien de bon. Jeu ou réalité, quel que soit la réponse, il valait mieux prendre la situation avec humour. Sinon, il était plus sage de se terrer dans un terrier et ne plus bouger.

« J'ai quelques doutes, effectivement, sur l'attitude à avoir. Mais au fond, autant agir pour s'amuser. »

Se relevant d'un bond, Blood sauta sur Deamon. Aucune agressivité dans son geste ; elle ne faisait que ressembler à une jeune louve désirant jouer, alors qu'elle ne connaissait ni les règles, ni les enjeux. Ses pattes se posèrent devant le nez du guerrier, sa tête plus basse que son arrière train. Alors, elle répéta un geste déjà fait, mais qui avait cette fois une toute autre signification. Sa langue alla se poser sur le museau du mâle.

Pour n'importe qui, ce geste aurait signifier l'amour. Pour ces deux-là, tout était bien plus compliqué. Blood refusait de croire en ce sentiment, n'existant que pour les faibles - malgré ce que Psychose disait. A ses yeux, tout n'était que jeu et sang. Pourtant, elle mettait Deamon en dehors de tout cela, ailleurs. Ce qui la dérangeait, la perturbait. Mais ça, il fallait tâcher de la masquer.

Le plus inquiétant, c’était le changement. Et en cet instant, le changement de la louve ne pouvait être plus radical. Hors, allongé, le loup observa ce changement sans broncher. Se préparant pourtant au pire. Il connaissait trop bien Blood Fall pour ne pas se méfier.

Et il aurait dû faire plus attention. Tout d’abord, il failli croire à un jeu. Après tout, jusqu’à présent, les deux canidés jouaient toujours. Mais maintenant, c’était différent. Car la louve fit la chose à laquelle il s’attendait encore moins.
Il s’était attendu à une attaque quelconque. Voir un jeu. Mais pas à ça. Il se rendait compte que si elle lui avait mangé la truffe, il aurait su comment réagir. Là c’était différent. Mais il allait suivre son instinct. Ou quelque chose dans le genre. Remuant légèrement la queue, il se redressa sur ses pattes et se pencha légèrement en avant, enfuyant sa truffe dans le cou de la micro-louve. Maudit soit-on.

Cependant, aucun des deux ne changerait. Alors, après cet acte unique venant du noir, il attrapa l’oreille de Blood Fall. Elle l’avait assez massacré, à son tour !

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