- Nawël ? Nawël ? Pourquoi tu ne me réponds plus, pourquoi es-tu distante, pourquoi n'écoutes-tu plus ton seul ami ? Pourquoi, dit moi ?

Le vent soufflait sur le pelage de Nawël. Il l'incitait, la charmait, lui tournait autour comme un chien en laisse autour de son poteau. Mais la louvarde ne répondait pas. Elle somnolait dans une paisible contrée. Une contrée noir et sombre, mais elle s'y sentait bordée et protégée. Comme le papillon dans son cocon, elle se lovait dans ce drôle de confort. Un confort qui pourtant paraissait effrayant. Elle était blottie dans une sorte de drapée usée avec de nombreuses fissures...

Quand la Tranquille se réveilla, ses yeux étaient lourds, tout son corps étaient lourds. Elle se sentait tirée d'un monde qui lui ressemblait plus. Elle respira un bon, et sentit l'odeur de l'herbe fraiche, celle du gibier, celle de l'été. Mais rien ne lui apporta satisfaction. Elle préférait son ancien univers, celui qui la berçait tendrement aux confins des ténèbres. Nawël finit par se lever, à contre cœur, et décida de marcher pour se dégourdir les pattes. Son anatomie de futur louve prenait place petit à petit. Son museau s'allongeait, ses pattes aussi, son pelage devenait plus touffu et ses muscles gonflaient gentiment sous sa peau qui durcissait elle aussi. Autour de la lupine, se trouvait son chez-soit. Les Terres de sa meute, de sa patrie qu'elle n'avait pas choisie. Et elle ne s'y sentait pas comme chez soit. Elle ne voyait là qu'un ramassis d'espoir qui ne la faisait pas envier. Dès ses deux ans, elle aurait voulu partir, mais quelque chose l'en empêchait. Et ça, c'était Shin. Il voulait partir lui aussi, et l'idée de copier se garnement la dégoûtait. Elle préférait rester ici plutôt que de la suivre ( ou lui faire croire qu'elle le suivait ).

Il avait peut-être éveiller sa curiosité, mais c'était une époque close et résolut. Elle portait maintenant son attention sur quelque chose de beaucoup plus scientifique. Ou plutôt, croyait qu'elle s'y intéressait. Depuis qu'elle avait quitter le loupiot, elle pensait beaucoup à la Mort avec un grand " M ". Nawël y voyait une sorte de libération, de véritable liberté et de sentiment de confort. Mais comment l'atteindre ?

Ses pattes la menaient là où elles voulaient, tournant à droite, fonçant à gauche, explorant sans cesse les chemins lumineux...

Toundra ouvrit ses yeux, les images du rêve qu'elle était en train de faire, laissèrent place à une vue d'ensemble sur une forêt ou le soleil brillait de mille feux, à travers l'épais feuillage des arbres. La louve blanche se redressa et s'étira longuement, ouvrant grande la gueule, montrant des canines d'un blanc éclatant. La jeune louve était engourdie, mal au dos et aux muscles et ses pattes, de taille convenable, semblaient avoir beaucoup de mal à supporter son poids, bien qu'il soit léger. À l'évidence, Toundra, du haut de cet un an et demi, prenait sa dernière poussée de croissance, ce qui ne pouvait être que la cause de temps de fatigue...

Toundra se mit à marcher, elle avait soif et pour combler ce besoin elle lécha inlassablement ses babines, à la limite, la faim, qui faisait gronder son ventre, elle pouvait supporter, mais le besoin de s'abreuver, non! La louve blanche s'arrêta alors, tournant la tête en arrière, elle regarda avec un petit sourire, des écureuils qui se couraient l'un après l'autre, sur un gros arbre, voilà donc les responsables du réveil du loup, en effet les rongeurs poussaient des cris, pouvant que déranger le sommeil d'autrui.

La louve reprit alors sa marche, un léger poids dans le ventre, du stress? Surement, c'était là son premier jour sur des terres inconnues, serait-elle à la hauteur de sa meute? Après tout, ça Toundra s'en fiche, elle n'est pas là pour faire plaisir à qui que ce soit, surtout pas aux Tranquilles, elle est là pour retrouver des membres de sa famille, peut-être même son père... Sa mère lui avait pourtant affirmé sa mort, mais Toundra n'avait jamais désespéré, après tout quelle preuve avait-elle?

Les milliers d'arbres, débouchèrent alors sur un chemin, le soleil éblouissant lui fit monter les larmes aux yeux, la louve ferma donc ses yeux quelques instants, chassant les larmes d'éblouissement. Toundra ouvrit alors de nouveau ses yeux bleus, fixant les chemins qui s'étendaient à perte de vue. La louve respira à pleins poumons, l'air pur de ses terres, à la recherche d'un point d'eau, mais la seule odeur qui vint perturber les environs, fut une odeur d'une louvarde tranquille...

Soudain, une odeur, Tranquille, compagnon de meute. Ce compagnon, ou plutôt cette compagne, arrivait vers Nawël. Elle était blanche, et sa vue au soleil était désagréable. Trop clair, trop éblouissant. La jeune louve se demandait comment on pouvait vivre avec un pelage si voyant aux yeux des autres, si singuliers, le genre de pelage que les autres pointent du museau. Le genre de pelage que tous les autres fuient car trop voyant en été, mais que tous les mondes aiment en hiver, car il se confond avec les tons de l'hiver. D'ailleurs, l'hiver manquait à Nawël. En hiver, il y a le froid qui te glace le os, il y a la famine, il y a les pleurs, mais pour la Tranquille, c'était la seule période où elle avait de réel moment de solitude, d'indépendance. C'était le seul moment où elle pouvait vraiment se découvrir elle même. Malgré tout, elle n'avait connu l'hiver qu'une seule fois alors qu'elle était encore qu'une toute jeune loupiote.

Nawël ne comptait pas se rapprocher de la louve pour " faire connaissance ", mais si elle avançait d'elle même, pourquoi ne pas essayer de découvrir le vrai caractère de sa meute ? En faite, pourquoi chercher de l’intérêt à des personnes qui n'en ont pas ? Elle se contenta de la fixer avec deux petits yeux gris.

HRP:

Shanks a écrit:

Toundra fixa la gamine[...] la jeunesse.

Toundra et Nawël ont le même âge xD

L'autre louve ne bougea pas plus. Elles étaient donc à environ une dizaine d'enjambés l'une de l'autre. Ne réputait-on pas les Tranquilles pour leur social ? Visiblement, en voilà une qui semblait vouloir bafouer les règles ! Une indigo rebelle ? Haha. Quelle ironie, quelle phrase imprononçable ! D'une voix portante, la blanche héla une phrase lointaine.

- Bonjour, je suis Toundra et toi?

Ah non. Elle voulait bien faire copains-copains, découvrir les membres de sa meute, pour former, tous ensemble ( tous ensemble ! ), un clan solide et noué ! Yeah, bienvenu chez les amis les fées et leurs mille et un conte merveilleux ! En faite, au contraire de trouver sa meute indifférente, Nawël la méprisait et en rigolait intérieurement. Parfois, elle se rendait compte maintenant qu'elle passait quand elle s'ennuyait pas mal de temps à critiquer cette meute de faible et de lâche qui n'oserait pas poser une patte sur le Territoire Nocturne, et à faire les fières dès qu'ils sont en sécurité sur le leur. La jeune louve savait aussi qu'en territoire rouge, elle n'en mènerait sans doute pas large, et elle le savait, mais elle ne profitait jamais d'un avantage de territoire. Car après tout, un bout rouge ou un bout indigo, quelle différence mise à part que le rouge rappelle le sang, la mort, la tendre protection d'une chaire immortelle, alors que l'indigo n'aspire qu'une vague de mauvais goût.

- Bonjour. Je crois que je m'appelle Abysse.