Un temps pourri ~ Fallen

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Une louve grise fendait les airs humides des terres Tranquilles. On entendait parfaitement ses pattes se poser dans la boue, faisant une sorte de gargouillis écœurant. La louve faisait la grimace, sa fourrure autrefois lustrée et brillante était plaquée contre son corps par la pluie battante. Le son des gouttes s’écrasant contre le sol rythmant sa course. L’eau n’était pas froide mais simplement rafraichissante. L’air lourd et humide à cause de l’orage qui se préparait n’arrangeant nullement les choses.

Opaline courait après un lièvre, pas très malin de faire autant de bruit mais bon… Elle continuait, motivée par l
la petite boule de poil qui tentait de s’enfuir avec entrain. Son ventre gargouilla, elle avait vraiment faim. L’animal apeuré décrivit un tournant serré pour tenter de la distancer. La louve grise suivit le mouvement avec difficulté, manquant de glisser et de s’étaler par terre. Là, le lièvre fit une erreur. Opaline en profita pour lui faire un croche patte. Il glissa sur le flanc, dans la boue. Ses yeux écarquillés fixant le prédateur qui se ruait sur lui. Opaline l’immobilisa un instant avec sa patte puis l’acheva d’un coup de croc dans la nuque. Un son de brisement d’os écœurant se produit alors. Mais la faim la poussa à ne pas y faire attention, ce qu’elle fit non sans dégoût. Elle planta ses crocs d’ivoire dans la chaire du petit animal, y arrachant une bouchée. La louvarde eu vite fait de tout manger et jeta la carcasse plus loin. Ensuite elle s’assit, ne savant vraiment pas quoi faire…. Plaquant ses oreilles contre son crâne et léchant ses babines dégoulinante de sang, elle fixa un point au hasard sur l'horizon à travers la pluie.

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Les paupières d'un gris étonnamment clair s'ouvrèrent d'un coup, laissant place à des yeux d'un bleu glacial, ce regard d'enfant était vide d'expression, ni tristesse, ni haine, ni bonheur, tout simplement rien. Fallen, collé contre son père endormis, écouta la raison de son réveil, la pluie, ah cette sale pluie! Voilà une bonne semaine qu'elle ose perturber le sommeil de l'enfer paradisiaque, avec son "Flip Flap" régulier. La jeune nocturne bailla alors, dévoilant de petites dents de lait, qui commençaient tout juste à pousser, avant de reposer sa tête sur ses pattes avant. La grotte humide, qui leur servaient de "maison" semblait étonnamment calme en ce matin de début d'été, après un coup d'oeil dans son petit nid douillet, Fallen comprit pourquoi, Raven et Fenrir étaient partit, surement à la quête de nouvelles aventures, quand à Kimi, sa mère, elle n'était pas là, elle avait dut s'absenter pour ses autres enfants. La petite resta longtemps ainsi, mais à l'évidence sa soeur et son père dormaient à point fermé. Fallen se mit debout, sur ses quatre pattes de louveteau et elle sortit à l'extérieur, si son frère pouvait se balader seul, pourquoi pas elle? La petite boule de poil grise fut rapidement trempé jusqu'au os, la pluie tombée drue et le fait de ne pas savoir où aller, n’arrangeait pas le cas de la gamine. Alors que Fallen s'arrêtait pour regarder son reflet dans une flaque d'eau, une odeur alléchante fut porté par le vent jusqu'au museau de la rouge, l'odeur du sang... Bien que très jeune, Fallen était déjà folle de ce liquide rougeâtre, plus que du lait de sa mère en fait. L'enfer paradisiaque se mit alors au trot, certes cela n'avait rien de bien rapide, mais c'était une vitesse plus que satisfaisante pour une loupiotte. La gamine salit bien rapidement son poil gris perle, oh rien d'étonnant me diriez-vous, après tout quel mauvaise idée de courir dans des flaques d'eau remplis de boue, quand on est haut comme trois pommes... Fallen stoppa soudain sa course, quelqu'un se trouvait là, plus loin, elle le voyait de loin, à travers la pluie tombante, la fille de Kimi et d'Angélius eut soudain un sourire de travers, faisant terriblement penser aux sourires carnassiers de bien des nocturnes. Bien que minuscule, Fallen n'était pas dure à manquer, elle était cloîtrée là, au milieu d'un chemin, telle la mort attendant de faucher sa prochaine victime...

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Opaline sourit. Dans ce temps pourri, quand elle pensait devoir rentrer seule et complètement mouillée –ce qu’elle était-, voilà que quelqu’un venait. Elle passa un dernier coup de langue sur ses babines pour enlever ce qui restait du sang de sa victime. Un large sourire éclairant son visage gris trempé par la pluie. Ses pattes foulant le sol meuble et boueux. Sa fourrure complètement trempée. La louve Tranquille s’approchait sûrement de l’inconnue. Une petite masse de poil brun tremblotant se tenait là, en plein milieu du chemin. Son air semblait malgré tout déterminé. Celui d’Opale ne l’était pas moins.

-Eh bien ! Que ne croise-ton pas sur sa route ? Salut p’tite boule de poil. Que fais-tu ici ?

S’exclama-t-elle pour qu’elle puisse l’entendre. La louvarde se trouvait maintenant en face d’elle, la surplombant de toute sa hauteur. Cette loupiote était bien jeune. Entièrement couverte par la boue aussi. Le sourire d’Opaline n’avait pas quitté son visage, montrant toute sa sympathie a la loupiote. Qui d’ailleurs, semblait bizarre. N’était-ce pas un sourire farouche qui se peignait sur ses traits ?

Le sourire de Fallen s'élargit quand elle vit que la jeune tranquille s'approcha d'elle, mais elle le perdit rapidement quand cette dernière prit la parole. D'ailleurs en réponse à son sourire, Opaline eut droit à un regard glacial, montrant l'antipathie de la gamine. Fallen plissa alors ses paupières d'un gris clair, transformant ses yeux bleus clair en deux fentes:

- Je ne crois pas que cela te regarde.

Voix froide et vide de sens, cette voix était particulièrement horrible et criarde dans la bouche d'un enfant, mais ainsi était Fallen. La loupiotte garda son visage dur, ne laissant place à aucun sourire, elle scruta la tranquille dans un silence lourd et pesant. La boule de poil grise posa alors ses fesses au sol, avec un grâce infini, ne lâchant pas son interlocutrice des yeux, même pas un instant elle cilla. la jeune louve en face d'elle représentait tous ce que Fallen pouvait détester et ne souhaite en aucun cas être, naïve, jovial, toujours de bonne humeur, ouverte au nouvelles rencontres, toujours prêtes à faire la fête, en bref, une faible, oh Beurk! Fallen haussa les sourcils suite à toutes ces pensées et son regard de haine se transforma en dégoût et en mépris.

- En fait, inutile de te présenter, cela ne m'intéresse pas.

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