A archiver.

• Petite créature si facile à tuer. Le loup laissa une vague d’impassibilité lui venir à l’esprit. Repoussant les voix, qui essayaient de lui mettre de mauvaises idées en tête. D’ailleurs, un court instant, il se pencha doucement en avant, entre-ouvrant la gueule, une intention en tête. Manger. Mais aussi vite était-il tombé dans le piège de cette envie, aussi vite en était-il ressortit. Se redressant en s’ébrouant, le loup ne porta plus attention au gamin. Son regard de braise observa l’horizon, les alentours et l’inconnu. Si quelqu’un le voyait, on allait encore s’imaginer des trucs.
  
  *En même temps, tu l’as cherché.* Oui, sans doute. Mais une nouvelle fois, Angélius ne méritait qu’à mourir. De préférence, rapidement. Kimi elle devrait grandir. Laisser leur gamins se promener comme ça, librement, la pire de leurs idées. C’était stupide, irresponsable.. *Comme si toi tu l’es.*
  
  Alors que le loup coucha un court instant les oreilles, la réponse du jeune garnement lui revint à l’esprit. Il détestait les louveteaux, car il ne les considérait au plus que comme des jouets pour enfants. Non, il ne les détestait pas, comme il pouvait en être un aussi, par moment. Alors, regardant de haut la boulle de poil, le loup laissa ses paroles détruire le silence qui s’était installé. Certes, un silence confortable. Un silence normal entre deux êtres qui, à première vue, ne parlait que parce que c’était là réellement nécessaire.
  
  « Pour montrer mon bon cœur, je devrais t’achever. »
  
  *Toi et les autres* Deamon ne s’était pas informé de la portée de Kimi. Il n’avait non plus espérée que celle-ci viennent lui dire quelque chose. L’envie d’en finir avec eux serait trop grande. Sa voix était froide, démunie d’émotions. Car oui, les gamins seraient probablement mieux mort d’un seul coup de crocs que de se faire bouffer vivant. Non pas de la compassion, mais c’était tout de même de la famille. Si Deamon ne voulait pas se battre avec Kyle, il devait respecter un minimum les souhaits de se dernier par moment. Ridge tuerait-il des louveteaux ? Ah. C’était comme demander à Deamon s’il tenait à la meute nocturne. Aucune réponse, car ce n’était qu’une chose du présent, rien dans le future.

• "Ton bon cœur, ou plutôt la soumission envers ton prince. "
  
  Petite chose à ne pas dire. Le loupiot semblait avoir la sanguinarité de son père, et d'une partie de la famille de Kimi. Cependant, il semblait avoir la suicidarité de sa mère, en plus. Deamon n'aimait pas ça. C'était comme ses fils, même si au fond, ce n'était pas le cas. Tout ce petit monde avait un père qui vengerait leur mort. Les siens, ceux d'Angélius. Ils se fouttaient bien du danger, ayant quelque part l'idée que ça les amuserait de voir leur père tuer leur assassin. Stupides petites créatures.
  
  "Et si plutôt tu m'enseigner? "
  
  Le loup se laissa tomber en avant, soutenant en dernière minute son poids sur ses pattes avants, tout en claquant des mâchoires, juste à côté du gamin. Il n’y avait rien pour lui faire peur, plus pour lui faire comprendre une chose. Qu’il pouvait avoir un caractère de fer, il ne devait pas tenter le diable. Surtout pas quand il avait la taille d’un lapin mal nourri. D’un bref mouvement, le loup se releva.
  
  « D’un, si ce serait le cas, je t’aurais tué quand tu étais encore dans le ventre de ta mère. Et de deux, j’ai un intérêt difficile à gagner. Je ne vois pas en quoi supporter une minus de ton genre me servirais à quelque chose. »
  
  Ou en autre mot, je suis fainéant. Tu ne m’intéresse pas assez pour te prendre sous mon aile. Je ne prends personne, sous mon aile. Je pourrais te faire du mal, alors que ce n’est pas le but. Ne pas sous-estimer la non-endurance du loup envers les gamins. Ses fils en étaient la preuve, aucun des deux n’avait pas déjà apprit à voler, ou à éviter de finir entre ses crocs. Et puis.. c’était quoi, ce gamin ? À peine de sous les jupons de maman qu’il demandait ça au premier venu ? Saleté de microbe, shou shou, rien à faire ici. D’accord, Deamon n’appréciait pas qu’on ose même penser qu’il était soumis à quelqu’un. Même pas à Psychose, malgré le fait qu’il baise la tête en présence de son dominant.

Essayait-il de le convaincre ? À première vue, oui. Qu’y avait-il de difficile à comprendre, la réponse était non. Il n’aurait aucun intérêt à apprendre quelque chose à ce gosse, parce que, sans nul doute, Angélius aurait la même réaction que lui. S’il arrivait un truc à son fils, c’était lui qui se ferait mordre. Non pas qu’un combat avec l’ange noir le dérangerait tant que ça. Combattre un adversaire à sa taille était toujours intéressant. Perdre ou vaincre n’était plus le but, alors, mais apprendre. Car on n’apprenait rien à bouffer des plus faibles que soit, sauf que la surface de la terre en portait de plus en plus.
« Justement. Peut-être. Et puis, gamin, chez moi, il y a une règle. »

Regardant de haut la boule de poil, il laissa quelques instants sa folie prendre le dessus, son regard de braise étant ainsi habité par une drôle de lueur.

« Ou je ne regrette rien et tu restes en vie. Ou je le regrette, et tu meurs. »

Quand il avait accepté de prendre Reina sous son aile, il lui avait dit que si elle n’était pas à la hauteur, il la tuerait. Heureusement pour elle, elle était parvenue à changer de sa gentillesse de gamine. D’ailleurs, à chaque fois qu’il prenait un gosse sous son aile, ou pire, des gamins lui-même, il finissait par le regretter. Effectivement, un de ses fils était impulsif, l’autre trop aimable envers les dames. De quoi faire enrager un loup comme Deamon. Après tout, il ne tenait à personne en ne gardait pas n’importe qui à ses côtés. C’était bien connu. Mais en attendant, le gosse ne l’avait toujours pas convaincu, alors, il se coucha et posa son énorme crâne sur ses pattes, regardant, fixant le minus d’un regard vidé d’émotions.

Petite chose avait du répondant. Étais-ce de la folie de vouloir Deamon comme mentor ? La réponse était positive, certes, normalement, elle ne devrait se poser. En tant que guerrier, membre de la meute, il se devait d’accepter. Les gamins nocturnes étaient le futur de la meute. Mieux valait-il qu’ils en valent la peine. Après, en tant que chef de guerre, il devait peut-être encore plus montrer l’exemple.. M’enfin, il n’avait pas gagné ce titre parce que il était l’exemple à suivre de la meute. Dieu, heureusement.

Marchandise, voilà une chose qu’il aurait lui-même dit, un jour, avant.

« Chacun ses goûts. J’ai une trentaine de canidés qui m’appartiennent, dans un sens. Pourtant j’ai décidé de m’attaquer à un pauvre lapin. Pourquoi donc ? »

Ne trouvons-nous pas parfois la valeur d’un être en écoutant attentivement ses réponses et en comprenant sa logique ? Pour le loup noir, c’était tout comme. Il serait déjà satisfait si le mioche comprenne que ce n’était nullement pas fainéantise. Il avait peut-être décidé depuis bien longtemps, le loup noir n’était pas du genre à donner. Plus à prendre. Oh et puis.. Folie et folie, ça donnerait quoi, au final ? Bien sûr, la progéniture d’Angélius n’était sans doute pas aussi fou que l’était le loup noir. Car en terme de folie, le chef de guerre se trouvait avoir le droit de se décréter le plus fou. Tout de même. Mais qui sait, si ce p’tit pouvait changer la mise..

« Je ne suis le mentor de personne d’autre. Et le premier imbécile qui ne m’intéresse pas déjà à la base et qui vient me le demander ce verra dégommé de la surface de la terre. » Petite pause, mais entre narcissiques on se comprendra pour la suite. « Alors tu te vante et si tu ne finis pas dans mon estomac, un jour je me vanterais d’avoir eu le droit d’être ton mentor. »

Car oui, être l’apprenti du fou était un droit, unique. Ô simple mortel, prosternez-vous. Cependant, si ce gamin avait un potentiel, un jour ce droit perdra sa signification de base.

Le sourire du louveteau en dit assez. Et, sans qu’ils se disent une seule chose, tous deux avaient le même pressentiment. Même si ce n’était point pour le même sujet. Effectivement. Le loup sentait quelque chose, dans sa tête, lui dire un truc. Mais il l’ignora pleinement. Par amusement n’était pas vraiment la réponse. Mais au fond, ça l’était tout autant. Par contre, le loup ne comprenait pas une chose.

« Pourquoi venir me voir à moi, ton père est lui aussi un guerrier il me semble. »

Il appréciait Angélius plus que Ridge. Mais cela n’empêchait pas un fait. En se mettant avec Kimi, il avait mis cette dernière dans une situation dangereuse. Hors, depuis qu’il savait que c’était sa cousine.. Il préférait ne pas la voir en danger. Et même s’il appréciait quelque peu l’ange noir, ça s’arrêtait là. Tel l’avait prouvé leurs rencontres dans la grotte des nocturnes, avant la naissance des petits. S’il arrivait quelque chose à Kimi à cause de son union avec Angélius, Deamon le démolirait lui-même.

Peut-être étaient-ils similaires, dans un sens. Mais Angélius cachait un monstre sans âme qui ne pouvait être contrôlé. Sixième sens, ou reconnaissance entre monstres ? Deamon avait lui aussi un monstre en lui. Mais il semblait toujours contrôlé par les êtres en lui. Il ne savait d’ailleurs pas si le monstre existait encore. Le monstre de la cave. Le monstre qui avait dévoré ses frères et sœurs dans le ventre de sa mère. Mais au plus le temps passait, au plus le monstre changeait en personnalités quelconques. Voix. Présences.

Voilà bien étrange. Mais le loup ne dit rien. Tant que le gamin se rappelait de leur accord, il n’avait rien contre. Il se devait d’accepter un élève. Il était chef de guerre. S’il ne montrait pas l’exemple, qui le ferait ? D’ailleurs, une des raisons pour laquelle il n’y avait qu’une nourrice prouvait bien ses pensées. Les nocturnes n’étaient pas particulièrement attirés par les louveteaux. Sauf Xara, donc.

Deamon ne se mêlerait pas des affaires de famille d’Angélius. Il se mêlerait des vies de Kimi, Toxic, Fallen et Raven. S’il le fallait. Après tout, ils étaient sa famille. Et Nephtys le tuerait pour ne pas protéger cette famille. Un jour, il l’oublierait totalement. Et ce jour-là, il oubliera qu’il n’avait aucun droit à toucher sa famille.. Lointaine.

Le loup soupira une fois, avant de se lever et de s’ébrouer. Il n’allait pas laisser les choses comme ça, si ? Non. Il se laisse une nouvelle fois tomber en avant, ouvrant la mâchoire. Le gamin devait l’esquiver. Ou se faire mordre.