La pluie tombait. Elle tombait comme des pics de glaces désirant percer le sol de toutes part pour embourber les animaux et rire de leurs malheurs. Mais quels malheurs est le plus terrible ? Mourir sous les peines de la nature où sous les dents désireuse d'un prédateur assoiffés ? Nawël était allongée dans la boue, la terre impie s'enroulant autour de ses poils. Avançant ainsi avec toute la grâce qu'on peut posséder dans cette situation, le flair au sol permettant ainsi de mieux suivre la trace des animaux, elle humait leurs relents à chaque pas. Soudain, une piste, une odeur. Un fumet de lapin vint lui titiller le museau. La jeune louve leva la tête dans le but de l'apercevoir, mais un rideau d'eau lui bouchait la vue. Elle décida de continuer sa route au flair. Elle perdait régulièrement son odeur, puis la retrouver avec satisfaction. Agacée, elle décida d'anéantir ses chances de les trouver et poussa un long hurlement colérique. Elle sentit le sol trembler sous ses pattes. Un troupeau de cerf venait de passer du côté de son flanc droit. Elle aurait peut-être un déjeuner finalement.

Sans doute inquiétés par son cri, ils se dirigeaient de manière groupé et désordonné vers ce qui semblait être le nord. Nawël poussa un jappement de contentement et se mit à leur poursuivre. Tout en les pistant, elle étudia avec attention leur groupe. Au milieu, les plus jeunes, protégés par leurs mères puis, en premier plan, les mâles. La louvarde augmenta l'allure de sa course, ralentit par les trombes de cordes qui pesant sur tout le corps. Elle finit par repéré un mâle boiteux qui avait du mâle à tenir la route, s'empêtrant dans les branches traitresses qui juchaient le sol. Nawël vira du côté où il se trouvait et poussa de nombreux grognements successifs, dans le but de l'éloigner de son troupeau, mais sans doute âgé et expérimenté, le mâle rentra en force dans le cercle des protégés pour se loger aux côtés des plus jeunes.

La louve ralentit sa course poursuite, suivant des yeux le troupeau qui se perdit au loin sous un rideau de pluie. Elle décida de virer à sa droite et déboucha sur ce qui semblait être une grande clairière parsemés de grosses masses grises. Elle balança d'abord sa tête au ciel. Elle était sur le territoire Ciel et ne risquait donc rien, sans preuve du contraire. Elle se dirigea alors vers ce qui semblait être plus près de nombreuses pierres taillés généralement en sortes de demis - ovales. Les observant avec la minutie dont elle savait faire preuve, elle diagnostiqua que ces choses étaient en faite des pierres tombales, ce qui faisait du lieu un beau et grand cimetière.

Elle sauta sur l'une des tombes, glissant sur une autre, puis s'installant sur une énième. De toute manière, les morts étaient morts.

Nawël fermait doucement les yeux, berçée par le plic ploc de la pluie s'écrasant sur le sol, sur les pierres, sur son pelage dégoulinant, plaqué contre son corps... Mais un bruit la réveilla. Non, d'abord, une odeur. Un Tranquille, comme elle. Le seul qu'elle connaissait en faite. Ash'. Celui qui avait choisit, dans la forêt nocturne, de la guider, de devenir son mentor. A ce moment, la jeune louve n'était qu'une petite loupiote sans but, perdue. Faible. Aaah, que ce mot dégoûtait Nawël désormais.

"Nawël ??"

Elle ouvrit les yeux et tourna la tête, las. Il était là, devant elle. Il était plus petit que dans son souvenir, sans doute car c'est elle qui avait grandit.

"Bon sang ce que tu as grandi !"

La louve se leva avec lenteur de la pierre, veillant à ne pas glisser, et par l’occurrence tomber, comble du ridicule. Elle sauta au sol avec une grâce habituelle du jeune âge, ses pattes s'enfonçant un peu dans la terre amollie et gorgée d'eau. Elle considéra le mâle d'un regard vide.

- Il faut bien.

Se contenta t'elle de dire, avec une voie plus grave que le loup ne l'avait connu. Ash' avait disparut de nombreuses semaines, peut-être bien quelques mois d'ailleurs! Nawël avait une très mauvaise notion du temps. Elle prenait d'ailleurs ça comme une qualité. Ne jamais savoir quand le soleil se couche, laisser passer les jours en croyant être la même journée. L'odeur sur le pelage du mâle sentait " le dehors ". La Tranquille plia ses pattes arrières et tendit ses antérieurs, laissant échapper un bâillement. Elle secoua également son pelage, essayant d'en faire partir les saletés qu'elle avait récolté en s'allongeant sur la tombe.

- Votre apprentissage n'a pas duré bien longtemps.

En effet, Nawël n'avait plus besoin d'un mentor désormais. Elle avait dit ça non sur des paroles de reproche, mais plutôt sur un fond d'ironie bien maîtrisé.

Les oreilles du mâle flanchèrent sur le côté le temps que Nawël s'en aperçoive, bien qu'elles ne se remettent en parfaite position quelques secondes plus tard, pointue sur le haut de son crâne, dominant de ses émotions. Nawël se fichait bien de se que le loup pouvait ressentir, pour la honte qui se lisait dans ses yeux gorgeait une sorte de vanité.

" Je te pris de m'excuser. J'étouffais un peu, et mon voyage a duré plus longtemps que prévu. C'était irresponsable et égoïste. "

Une voix tendre et douce, mais avec le timbre grave des hommes et de l'âge. Il semblait moins enjoué que le ton qu'il avait prit tout à l'heure, quand il avait évoqué la surprise de revoir son élève.

Nawël se souvenait. Elle se souvenait leur première rencontre. Elle était faible et perdue. Elle le prit comme soutient pour se sortir des ténèbres dans lequel elle s'était plongée. Mais peu à peu, elle du découvrir par ses propres moyens que ces limbes là étaient faites pour elle. Et puis, qui sait. Peut-être que si Ash' l'avait guidé, elle ne serait pas ce qu'elle serait aujourd'hui. C'était en faite, sans doute mieux. Ah, et c'était aussi dans la même nuit, qu'elle avait découvert Shin, fils de Deamon, la poupée, le pantin, et ô grand hasard, la première personne qu'elle rencontra et dont elle en gardait le souvenir. Où étaient-ils en ce moment, le père et le fils ?

- Ne prenez donc pas ce ton très cher, cette douce expérience de solitude m'a fait découvrir une belle autonomie.

Di-elle, sur un ton dépourvue de toute ironie, car il n'y en avait pas. Nawël avait en effet découvert les joies de se procurer sa propre nourriture, la joie de tuer par ses propres crocs, de griffer par ses propres griffes, de penser par son propre cerveau. Sa musculature, par le billet de sa maturité, en avait également prit un coup, en grossissant plus qu'elle ne l'avait espéré. On lui avait dit en la croisant qu'elle ressemblait à une louve qui avait demeuré ici, mais que son nom leur échappait.

"Oui, je vois que tu t'en es très bien sorti."

Voulait-il rattraper le tir par cette phrase pleine de doux compliments ? Hum, même si il désirait le faire, que cela changerait-il ? On ne change pas l'apparence d'une pierre pré-taillée pour ce qu'elle devait devenir.

"Mais survivre n'est pas tout. As-tu fait connaissance avec des membres de la meute ?"

Les membres de sa meute ?! Qui étaient-ils en faite ? La réponse était évidente, aussi simple que 1 et 1 font 2. Non. Elle n'en avait jamais aperçue, ni de près, ni de loin, à l'exception d'Ashuapmushuan. Elle ne connaissait même pas leur nom. Et dirons-nous " pire " alors, elle ne savait pas si elle désirait rester dans cette meute de lent pacifiste.

- Oui, j'en connais deux, et ils se trouvent dans ce cimetière.

Rouge, Vert, Noir, Indigo, Bleu, et depuis peu Orange ? Quel bel arc-en ciel ! Mais où ce placer dans ce mélo de couleurs ? Crée du rose, foncé le orange, éclaircir les Indigo ? Que faire mes amis, mais que faire ?

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