Très chère, j’ai déjà fait des faveurs à certains de mes jouets. De ne pas toucher leur gosses, jusqu’à les protéger si l’envie me passe. Cependant, je doute que vous en ayez un jour en faisant ce que vous allez faire. La louve secoua la tête avec un petit sourire étrange et qui semblait assez inapproprié, à la fois doux, calme, amusé et mélancolique.

"Peut-être avez-vous fait ses faveurs à d'autres, mais vous ne pouvez rien me promettre. En ce moment, je ne sais pas pourquoi et je ne le comprend pas, vous semblez avoir de ... l'intérêt ? plus que de l'indifférence pour moi. Quoi qu'il en soit, rien ne prouve que cela va durer. Vous pourriez me déchiqueter à l'instant, juste pour faire avancer les choses, cela ne me surprendrait pas."

Elle rît doucement avant de répondre à sa dernière phrase. Un petit rire cristallin, chanteur, comme elle l'avait étrangement fait plusieurs fois dans leur conversation.

"Et faîtes attention à vos dernières paroles, Deamon, si on vous entendait, on pourrait presque croire que vous vous souciez de ma survie."

Elle répondait avec le sourire, mais ce que le loup avait dit, elle le savait. Plus le temps passait, et plus elle avait l'impression qu'elle allait mourir. Ce sentiment se transformant peu à peu en certitude, elle avait désormais l'étrange impression d'être déjà morte.

Le loup eût un rire inquiétant et moqueur, puis claqua des mâchoires. C’est vous, Rhéa, qui ne comprenez pas. La louve avait beau être calme comme l'eau qui dort, son coeur s'accéléra. Elle n'y pouvait rien, c'était son instinct qui lui disait de prendre ses jambes à son cou. Inutile de préciser qu'elle n'en fît rien. Immobile, elle suivit de ses yeux pâles et curieux le loup s'approcher d'elle. Elle n'osait pas bouger. Je pourrais vous déchiqueter, à l’instant, ou dans un an. Je vous porte de l’intérêt, comme aux autres. La duration de ma parole est éternelle. Et, cela dit passant, douce Rhéa, serait-ce une mauvaise chose que pour une fois, quelqu’un ne vous considérant pas comme une mère, sœur, amie, compagne ou jouet, se souci de votre survie ? Elle ne fît pas de mouvements de recul tandis qu'il parlait. Son coeur battait à la chamade, et à cette distance, Deamon aurait presque pût l'entendre. Ce que la situation devait l'amuser. Ça y est, il avait réussi à totalement lui faire perdre pied. Il était le mâle le plus étrange qu'elle ait jamais croisé. Reprenant ses esprits, elle recula, se dégageant du Nocturne. En faisant ça, la première pensée qui lui vint à l'esprit fût qu'elle avait de la chance que Black ne soit pas passé par là à ce moment précis. Pas seulement parce que la guerre aurait commencé, mais également parce qu'elle se serrait sûrement pris des coups. Elle aurait eût beau lui expliquer qu'il n'y avait rien, que le Nocturne se jouait d'elle et qu'elle le savait, Black aurait été furieux de la voir aussi vulnérable avec un autre.
Elle chassa ces pensées d'un léger mouvement de la tête puis, finalement, reprit la parole.

"Ce que vous êtes sexy Deamon, je me sens toute chose. Si je ne suis pas un jouet, qu'est-ce que je suis ?"

Bien qu'elle fût quelque peu perdu, son regard restait sur le loup, calme. Sa voix également n'avait pas changé. Cependant, le sourire qui décorait ses lèvres quelques instants plus tôt était parti.

Le loup s'assit. D'un coup, il n'avait plus l'air aussi amusé. Il soupira même, mais cette fois, pas de façon moqueuse. Le regard orangé de Rhéa parcourait son visage, y cherchant quelque chose. Elle avait l'impression qu'elle avait fait quelque chose de mal, s'en voulant sans savoir vraiment pourquoi. Mis à part un certain agacement, elle n'y trouvait, comme toujours, pas grand chose. Finalement, il lui répondit. Eta. La louve connaissait les langues oubliées, aussi le comprit-elle. Étrangement, c'était peut-être la chose la plus belle qu'on lui ai jamais dite. Un doux sourire réapparût sur ses lèvres. Elle avait peut-être tort, mais elle le croyait honnête à ce moment. Et lui ne le savait peut-être pas, mais le sourire qu'elle lui faisait, là, maintenant, c'était un vrai cadeau. C'était quelque chose de rare. Elle ne savait pas si elle avait raison de lui faire confiance. De baisser sa garde. Mais elle le fît. Ses muscles se détendirent, et elle lui répondit d'une voix douce.

"C'est un beau mot."

Un beau mot pour une louve ravissante. Le loup fît suivre ses paroles d'un sourire et d'un clin d'oeil. Cela la fit rire. Un rire plein de joie, de vie, de douceur, qui voulait dire merci du compliment. Alors, il me semble qu’il est temps que l’on rejoint nos camp respectueux, ne pensez-vous pas, très chère ? Elle hocha la tête, silencieuse. Quelque chose s'était passée, elle le réalisait. Encore une fois, elle laissait son coeur prendre le dessus et amener sous son aile un autre bras-cassé. Elle hésita un moment, puis répondit d'une voix douce.

"Deamon... Je suis contente de vous connaître."

C'était sincère.

Le regard du loup se fît triste. Elle n'eût pas à entendre ses paroles pour en comprendre la raison. De même, Rhéa. Mais je doute que vous tiendrez cette opinion dans le futur, lorsqu’un rebelle me rencontrera. Elle soupira en le regardant s'éloigner. Elle n'avait aucune idée de ce qui allait se passer dans le futur, et le loup ne pouvait pas imaginer combien le coeur de la louve pouvait accorder de pardon. Cependant, elle ne savait pas si elle allait effectivement trouver la force de le faire si Deamon tuait un de ses proches. Elle savait que les Rebelles étaient les attaquants, que les Nocturnes se battraient pour se défendre. Que c'était, d'un côté, juste. Mais c'était sa famille. Ses amis. Ils faisaient tous partis d'elle. Si le Noir en tuait un... Elle préférait ne pas y penser pour le moment.