Nawël & Shin ♥

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Roulée en boule, Nawël ouvrit les yeux et regarda autour d'elle. Une couche de neige s'était posé sur les herbes, maintenant recouvertes, et son pelage, lui aussi, était proie aux pulsions de l'hiver. Se levant avec lenteur, et ébouriffa ses poils à la manière d'un canidé pour faire partir les flocons collés à sa peau qui la faisaient frissonné. La loupiote ne savait que faire en ce début d'après midi. Elle avait somnolé durant le début de la journée, prise en proie d'une fatigue soudaine, mais c'était réveillée trop tôt. Regardant autour d'elle, la Tranquille jugea l'endroit sans grand intérêt et préféra se diriger vers un endroit paisible et peut-être plus vivant. Faisant rouler les muscles de ses pattes, elle se mit à marcher en direction de la Plage des Terres Tranquilles. Les oreilles pointées vers le ciel, la queue droite, on la voyait dans son éléments, sur ses Terres. Avançant d'un pas assuré, Nawël se rendit rapidement compte qu'elle se trouvait plus près de la mer que prévue. Posant son pied dans le sable, elle eut un premier mouvement de recul, c'était la première fois qu'elle touchait cette substance granuleuse qui roulait sous ses coussinets et lui s'infiltraient dans ses poils. Noble créature, elle décida de ne rien laisser paraître et continua son chemin sur la plage, peinant à maintenir son allure tant l'étrange terre qui se trouvait sur la rive la ralentissait. Humant l'air à mainte reprise, elle sentait les embruns marins rentrer dans son museau... Jusqu'à se que l'odeur d'un Nocturne ne s'en imprègne. Retroussant ses babines, elle coucha ses oreilles contre son échine et regarda dans la direction d'où provenait les relents. Apercevant une petite silhouette non loin dans la mer, elle s'approcha en douceur, décontractant ses muscles crispés. D'un pelage noir de jais, Nawël reconnut le profil de Shin, louveteau qu'elle avait rencontré quelques temps auparavant et qu'elle, il ne faut pas le cacher, avait hâte de revoir. D'un petit grognement joyeux, elle lui indiqua sa présence, si ce n'était pas déjà fait.

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Le loupiot n'avait que tristement bougé sa tête, mais sans plus. Nawël en déduis qu'il avait sentit que le présence qui approchait ne lui voulait rien de mal, surtout car i avait du humer l'odeur Tranquille. « Quelle joie de vous revoir, mademoiselle Nawël. » La loupiote se sentit légèrement flatté par la phrase du Nocturne, alors qu'elle n'avait aucune affinité avec lui. L'instinct lui ayant appris à se méfier de tout, elle resta cependant sur ses gardes et avança à sa hauteur, plongeant ses membres antérieurs dans l'eau glacé de la mer. Curieusement, elle n'eut pas de frisson. Sa peau s'était sans doute maintenant habitué au température de l'hiver. En effet, ses poils étaient plus long, et sa chair semblait plus dur et résistante. Soudain, elle eut une pensée pour son Mentor qui ne semblait pas apprécier l'échange de regard qui eut lieu à la Forêt Noir, quelques nuits auparavant. Un sentiment de culpabilité l'envahie, prise à court, mais elle se ressaisit vite. Ne devait - elle pas être maîtresse de ses sentiments envers et contre tout, et n'était pas elle - même le guide de sa destinée ?! - Sachez que c'est réciproque ... Shin.

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Le son des vagues, le bruissement de l'eau contre le sable, le ronflement des poumons des deux louveteaux, leurs respirations lentes, tout faisait de ce paysage quelque chose d'unique. On pourrait dire que tout est unique, car rien ne se ressemble en tout point, mais peut-on peut-être remplacer " Unique " par " Magnifique " ? Une sensation de douceur découlait tout le long de Nawël, une sensation de bienêtre, de sérénité pleinement ressentie. La loupiote sentit que Shin aussi, n'était dans un état négatif quelque conque, et l'on aurait pu croire, sans compter son odeur qui rappelait sa meute, qui faisait partie des Tranquilles. « Que faites-vous donc d’intéressant en cette belle journée d’hiver ? » Le ton de sa voix, le timbre de ton, et la justesse de ses paroles, menaient toutes à croire qu'il n'avait pas son âge, mais plutôt une bonne poignée d'années. Cependant, la loupiote n'en prit pas note, car elle voyait dans ces sonorités quelque chose de familier. Mais la question ne portait guère sur LUI, mais sur ELLE. Sa journée ? Comment pouvait-elle le dire puisqu'elle avait commencé il y a peu de temps ? Elle hésita à faire part de cette précision, toutefois, elle la passa dans un silence religieux qu'elle ne traduit en rien sur son visage. En parlant d'expression, le Nocturne n'était en rien très expressif non plus. Rare, et néanmoins très impressionnant pour son âge. Qui était son père- ou sa mère d'ailleurs - pour qu'il ai une telle maîtrise de soit à son évolution de vie ? - Rien de plus passionnant que vous n'aurez à me raconter je pense.

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Le paysage était calme, et les couleurs d'une froideur inimaginable. Même sur la plage, de petits tas de neiges se dispersaient aux alentours. Mais là n'était pas l'univers le plus froid et le plus profond. Le plus glaçant, c'était le regard de braise de Shin. Ses iris décelaient des touches d'amitiés touchantes, mais le reste semblait néant et neutre. Comme si son âme l'avait quitté, comme si plus rien ne pouvait le maintenir en vie. Peut-être était-ce aussi dut au sens de vision très aiguisé de la petite qui sait ? « N'avons-nous donc pas de passe-temps passionnants. » Son ton était cassant et sarcastique, mais pourquoi, Nawël n'en avait pas la moindre idée. « Ma journée semblait dépourvue d’intérêt, jusqu’à votre arrivée. Me feriez-vous ainsi donc le plaisir de votre compagnie, mademoiselle Nawël ? » Envers et contre tout, Nawël ne pu s'empêcher de se sentir flattée. Elle ravala tout de même sa fierté naissante. Elle ne pouvait pas se permettre de ressentir le moindre sentiment à son âge. Question de principe ? Sans doute. Les embruns de la mer parcourait son corps, soulevant son pelage. Il faisait froid, et le manque de mouvement faisait descendre en flèche sa température intérieur. Reculant de quelques pas, elle retourna sur le sable, légèrement chauffé par le soleil. L'absence d'être vivant lui fit pensé à elle. A sa pensée. A sa nature. Elle ne se connaissait pas vraiment, cherchait sans cesse qui elle était. Était-ce du au fait qu'elle ne connaissait pas sa famille ? Ce qui pour beaucoup, était une raison de vivre ? Parce qu'elle n'avait pas encore trouvé qui elle était ? Une vague de nostalgie s'empara de son petite être fragile, mais n'y laissa aucune grosse séquelle sur son visage. De nature au visage s'approchant du " Poker Face ", seul un œil très observateur aurait pu observer des changements. - Tout le plaisir est pour moi très cher, et je suis ravie d'être en votre présence. Dis moi Shin, qui est - ton père ? HRP:

La loupiote semblait, ne fusse que pendant quelques courts instants, changer d’attitude. Ou du moins son expression, bien que Shin ne se jugeait pas assez proche d’elle pour en être sûr. Il regarda l’eau, bien qu’il ne ressente le froid. Il ne ressentait rien sauf de l’intérêt, de la curiosité. Il savait ou cela pouvait le mener. Mais il ne s’en inquiéta pas. Néanmoins, la loupiote lui posa une question bien étrange.

Quand on demande une telle question, ne demande-t-on pas qui sont les parents ? Car d’où trahissait-il le fait qu’il n’avait qu’un parent, un père et non une mère ? Son odeur ? L’odeur du seul parent qu’il portait avec lui. Les mêmes gênes, le même sang et les mêmes instincts. Il pencha légèrement la tête, ne se doutant pas une seconde que, dès qu’elle saurait, elle pourrait partir. Un maigre espoir qu’elle n’ait jamais entendu parler de son géniteur ? Non, même pas en rêve. Le loupiot rejoignit finalement Nawël sur le sable, s’avançant doucement vers elle. Son regard toujours aussi amical, certes, légèrement craintif. Il n’avait beaucoup de sentiments et pouvait les cacher à merveille, quand il le souhaitait. Mais il avait beaucoup plus de sentiments que son père et son frère réuni, ce qui fit de lui sans doute l’être le plus normal de la petite famille.

«Bien que je ne doute pas de votre franchise, ni du fait que vous n’ayez l’air de juger les autres par leur famille, ma réponse ne risque de vous plaire. »

Le loupiot la regarda dans les yeux, y cherchant quelque chose, peut-être un simple signe qu’il pouvait continuer. Ou pas. Qui sait.

« Mon père est un guerrier Nocturne. » Brève hésitation, toujours à la recherche de quelque chose, qu’il finit par trouver, croyait-il. « Deamon. Et j’espère sincèrement que vous n’ayez jamais fait sa connaissance. »

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La loupiote était passé du vouvoiement au tutoiement sans vraiment s'en rendre compte. Et sans s'en rendre compte non plus, son langage était plus proche de celui d'un Ancien que celui d'une loupiote... Sa question avait l'air de dérouté le loupiot, car il ne répondit pas tout de suite, revenant d'abord à ses côtés sur le sable, mêlant ses pattes aux sables s'accrochant à ses poils. «Bien que je ne doute pas de votre franchise, ni du fait que vous n’ayez l’air de juger les autres par leur famille, ma réponse ne risque de vous plaire. » Le loupiot fixa Nawël, cherchant peut-être quelque chose, un signe... « Mon père est un guerrier Nocturne. » La Tranquille sourit, elle s'en doutait que son géniteur n'allait pas être Ciel ou Aventure, et encore moi Tranquille ! « Deamon. Et j’espère sincèrement que vous n’ayez jamais fait sa connaissance. » Deamon. Deamon. Deamon ? Elle n'avait eut vent de ce nom de par écho, plutôt négatifs. Humant l'air, elle trouva des traces d'une odeur connue. Remontant dans ses souvenirs, et se souvient une fois, dans la plaine de sa meute, une mâle noir, guerrier Nocturne, qu'elle prenait pour une marionnette, un pantin. Était-ce lui ?! Du moins, les relents sur le pelage du loupiot ne trompait pas son odorat. La loupiote afficha une vague d'incompréhension... Si ce n'était pas de incrédulité. Ce visage sans expression tournait sans cesse dans sa tête, cherchant des yeux son fils. Au bout d'un instant, elle se dit qu'on ne choisissait pas ses parents, et qu'il l'aimait peut-être malgré ses différents... - C'est en effet un peu... Étrange dirons nous ? Je dois avouer que je ne m'y attendais pas, et pour confirmer vos " craintes ", j'ai déjà rencontré votre père.

Elle ne semblait pas le croire, un court instant. Et oui, elle avait déjà rencontré son père. Le connaissant, il avait dû jouer avec elle. À sa manière. Pauvre petite, serait alors une pensée appropriée.

« J’avoue qu’il est peu commode. »

Peut-être essayait-il de d’étendre l’atmosphère. Qui sait. Mais il n’allait pas s’attarder sur le sujet. En d’autres moments, il serait fier de ses origines. Ou du moins, ça ne le dérangerait pas qu’on sache qui est sa famille. Mais devant la petite tranquille.. Il en oublia presque qu’il avait le même âge qu’elle, plus au moins.

« J’estime avoir hérité le caractère de ma mère, quiconque soit-elle. Ce qui n’est, malheureusement, pas le cas de mon frère. Avez-vous des frères et sœurs, très chère ? »

Quand il pensait aux ennuis que créaient son frère, il ne pouvait qu’ajouter le malheureusement. Pourtant, son intérêt pour la loupiote n’avait rien de malsain. Aucun intérêt de découvrir des choses à son égard pour mieux la faire souffrir par la suite. Bien qu’il s’agissait d’une partie de sa personnalité, pas avec elle.

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« J’avoue qu’il est peut commode…» Nawël sourit au ton que prenait Shin. On voyait bien qu’il ne reniait pas ses origines, mais qu’à certains moment, et envers certaines personnes, il ne devait pas forcement être le bienvenu… La loupiote ne pouvait cependant contenir un air de gaîté inégalée. Elle se sentait heureuse, inexplicablement, et sa découverte l’emplissait d’une joie légère. « J’estime avoir hérité le caractère de ma mère, quiconque soit-elle. Ce qui n’est, malheureusement, pas le cas de mon frère. Avez-vous des frères et sœurs, très chère ? » Alors le fils du supposé ‘ Démon ‘ possédait un frère… Et qui visiblement ressemblait plus au paternel, vu la sonorité sur lequel le mot ‘ malheureusement ‘ avait été prononcé. Ainsi, il ne connaissait pas sa mère ? Etonnante ressemblance. C’était étonnant car d’habitude, dans ce genre de cas, c’est le père qui nous est inconnu, et non la mère, qui est censé nous nourrir jusqu’à l’âge de 6 mois. La loupiote s’étonna elle-même de ne pas être blessée par le question, attitude qu’elle arborait d’habitude à ce sujet. Comme le Nocturne l’avait fait auparavant, elle hésitait elle aussi à raconter son passé et ses origines… Mais à quoi bon hésiter ? A préférer le mensonge à la vérité ? Une brise souffla sur les pelages des louveteaux, et les poils de Nawël se hérissèrent de part et d’autres de son échine et de son poitrail, protégeant ainsi son corps de la température, car même si ils se trouvaient aux bords de la mer, l’hiver demeurait partout. - Je dois vous avouer Shin, que je suis amnésique depuis mes six mois. J’ai sans doute des frères et sœurs, car les portées sont rarement d’un seul louveteau, mais je n’en ai pas connaissance.

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« Voilà une chose bien triste, de ne connaître son passé. Certes, cela doit avoir ses avantages par moment. » Des avantages, des avantages... Quels sortes d'avantages ? Triste ritournelle que les avantages oubliés. Il était vrai que Nawël avait plus souvent pensé au désavantage de la chose, mais jamais au côté positif que ce " malheur " pouvait lui apporter. Ses yeux gris, si expressif jusqu'à ce moment, se retentèrent de leurs transparences habituelles, comme-ci elle avait toujours parler à un parfait inconnu qui, en réfléchissant, était bien le cas. Shin recula d'un pas, et ses antérieurs vinrent s'enfoncer dans le sol moelleux de la plage, un sol couvert de sable. Comme ce fut le cas pour la loupiote auparavant, ces petites particules vinrent se coller à son pelage. De plus que non esthétique, ces pierres réduit à l'état de poussière n'était pas très agréable pour la peau. « Voudriez-vous marcher un peu en ma présence, Nawël ? » Elle se contenta de hocher la tête et de commencer à avancer vers le nord, en opposition au soleil qui commençait à décliner au sud par rapport à sa direction. Regardant alternativement le ciel, la mer et les bancs de sable, elle se disait souvent à quel point la nature était belle et, à quelques exception prêt, bien faites. Puis plus ses pattes peinaient à marcher dans le sable, plus elle se rendait compte à quel point se focaliser sur quelque chose d'oublier la préoccupée inutilement. Elle décida solennellement de ne plus laisser son comportement agir en fonction de cet évènement. Soudain, un petit animal à pince sorti du sol. Rouge comme le sang, il ne faisait même pas la taille d'une patte de mâle adulte. Se dirigeant en direction de ses pattes avant, Nawël sauta d'un bond en arrière, puis, d'un coup de griffes, retourna le petit animal qui se mouvait dans l'esprit de se renverser à nouveau. HRP:

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Nawël s'était retourné en direction de Shin, la queue haute et frémissante, car elle avait beau avoir une certaine mentalité pour son âge, les nouvelles découvertes lui faisaient toujours un bien fou, car elles lui rappelaient que la vie était remplie de surprise. Quand elle aperçut le loupiot, il semblait confus et sur le point de s'arrêter. Étonnement personnel ? La Tranquille ne se formalisa pas, il arrivait à tout le monde de se perdre un peu en soit. Quand le jeune Nocturne fut flanc à flanc avec Nawël, elle sentit son pelage effleurer le sien. Il était un peu plus épais, mais avait la douceur d'un pelage de louveteau, ce qui lui rappela qu'il aurait à choisir sa meute plus tard, puisque pour l'instant, il suivait la meute de ses parents. D'ailleurs, de quelle meute était sa mère ? Et de plus, quel meute choisira t-il ? Son caractère était plutôt calme et réservé, il ferrait un bon Tranquille, mais l'honneur des Nocturnes le rattraperait sans doute alors qu'il arrivera à maturité, et sans doute également voudrait-il rester avec ceux qu'il appellerait les " siens ". Visiblement aussi intriguée qu'elle ( la loupiote fut contente de ne pas être prise pour une jeune sans connaissance ), il s'approcha un peu plus avant de se stopper dans son élan, probablement car il avait vu les pinces que le petit animal brandissait en se balançant pour pouvoir se remettre à l'endroit. Pour tester la solidité de la carapace, Nawël écrasa le bestiole rouge d'un coup de patte rapide pour ne pas se faire pincer. Erreur. La bête rouge s'enfonça encore plus dans le sol et réussit à se retourner, avant de s'enfouir dans le sable. De nature à ne jamais reculer, la loupiote continua sa marche vers le haut de la plage, cherchant, le nez proche du sol, une odeur proche de celle de la petite créature mais rien ne bougeait en surface. Légèrement dessus, elle pensa que cela lui laisserait une bonne occasion de revenir avec un but précis. Ayant oubliée Shin pendant ce court instant, elle évita entre ne pas bouger et se retourner. Elle se retourna.

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Shin semblait aussi être parti à la recherche de ces petits êtres rouges pour le moins intriguant car il s'arrêta en plein mouvement; en tout cas, il en donnait l'air. Il ne parla pas, lui laissant la parole... Mais elle ne savait que dire. Parfois, le silence vaut mieux que les mots, mais avec des mots, on peut former des si belles choses. Avec des mots, on peut faire des phrases, qui peuvent blesser, faire trembler, faire mal, mais aussi apporter le sourire, faire rire et s'épanouir. Alors Nawël se demanda quel genre de phrase elle dirait elle, plus tard. Après tout, elle ne savait pas non plus quel genre de loupiot était Shin, et encore moins quel genre de loup allait-il devenir. Et si il suivait la voie de son père, Deamon ? Alors cela ferait d'eux des ennemis. Mais alors seraient-ils capable de se battre jusqu'au sang, aux blessures et à la mort ? La loupiote ne connaissait pas encore très bien les notions de solidarité, et avait d'ailleurs un côté un peu solitaire, mais peut-être qu'un jour faudrait-il qu'elle protège sa meute. Toutes ces choses lui paraissait bien lointain et étrangère, mais un jour faudra t'il qu'elle en prenne conscience. Et ce jour là, elle irait voir Shin. Le vent peu à peu se levait, ébouriffant les poils, les faisant gonfler, donnant aux deux loupiots des aspects de réelles boule de poils. Nawël leva les yeux. Il était vrai que le ciel tournait dans les tons gris. Dommage pour une journée qui avait pourtant si bien commencé ! Elle regarda autour d'elle, à la recherche d'un endroit où il serait plus à l'abri, de plus que la pluie tomberait certainement dans peu de temps. A sa gauche, elle aperçut finalement un petit trou creusé dans une haute roche à la surface étonnamment lisse. Ne désirant pas être mouillée, elle fit un signe de tête au Nocturne avait de se diriger rapidement en direction de l'entrée. Ce qu'elle avait prit pour un simple trou, s'agrandissait à une large profondeur taillé dans la pierre. Assez sèche, les parois en restaient très glabre.

Le silence régnait entre les deux loupiots. Alors que Shin laissa la parole à Nawël, celle-ci ne dit rien. Cela ne dérangeait pas plus le loupiot. Quand il était avec son jumeau, il y avait également un silence étonnant. La loupiote était pensive, ou en avait l’air. Et le loupiot, profitant du silence, se décida de partir à la recherche de ses pensées.

Si son frère était là, à présent, la loupiote ne ferait long feu. Shin aurait probablement regardé faire son jumeau, sans aider la tranquille. En même temps, il n’aurait eu le temps de faire sa connaissance. Les deux frères avaient les traits de caractère de leur père, mais chacun des extrêmes. Comme si, au début ils n’auraient dû être qu’un seul être. Se complétant tellement bien que Shin craignait le future. Ensemble, ils étaient forts. Aucun mot ne devait être prononcé, les sentiments n’étaient pas là ni existant. Et pourtant, ils savaient ce que l’autre ressentait. La présence de leur moitié leur était vitale. Jamais l’un sans l’autre. Et quand ça arrivait, le vide s’emparait de leur esprit. C’était pour cette raison que le loupiot craignait l’avenir. Si l’un des deux venait à mourir, qu’adviendra-t-il de l’autre ?

Une fine brise de vent vint à la rencontre des deux louveteaux. Il commençait à se faire plus froid, comme si le temps suivait, inconsciemment, les pensées des deux louveteaux. Son regard était toujours posé sur la loupiote, qui regardait en rond, sans doute à la recherche d’un abri. Elle finit par lui faire un signe de la tête et parti en courant vers sa gauche, ou se trouvait l’entrée d’une roche.

Il ne la suivi par directement. Son museau se levant vers le ciel, observant les grands nuages gris qui s'y installèrent. Il sentit déjà quelques goûtes lui tomber sur le pelage. Était-il, au fond, aussi gris que ces nuages ? Aussi dangereux et mortel qu'une tornade balayant tout sur son passage ? Était-il vraiment comme son père, comme son frère ? La réponse était si simple, si compliqué. Ses pattes finirent par le mener à la grotte, à côté de la loupiote. À peine avait-il franchi l'entrée que la pluie vint frapper de force le sol, qui s'en trouva bientôt mouillé.

« Notre image serait idyllique si nous n'étions pas de deux meutes différentes. »

Deux adorables boules de poils s'abritant d'une averse dans une grotte près de la plage. Merveilleuse image, attendrissante même. Mais l'une des boules de poils était Tranquille, l'autre Nocturne. Pourtant, Shin ne référait pas à leurs différentes meutes. Mais plutôt à l'avenir de chacun, à ce que chacun deviendrait. Elle, Nawël, probablement une magnifique louve aussi douce qu'une fleur. Lui, Shin, probablement un sanguinaire tel que son père. L'enfance était si innocente.

Shin mit plus de temps que prévu à rejoindre la loupiote dans son coin nouveau coin douillet. Il y avait-il déjà vraiment eut un coin où Nawël se sentait vraiment bien ? Confortablement nichée ? Comme contre le flanc d'une mère ? Sans doute pas.

Une première goutte s'écrasa contre la plage de sable fin. Le bruit était lourd mais léger en même temps. Beau et dissonant. Moche et beau. Une chose peu en même temps avoir deux contraires. Un louveteau peut lui aussi être différent d'un jour à l'autre avant d'atteindre l'âge adulte.

D'ailleurs, la petite allait bientôt avoir un an. Dans peu de temps, il serait temps pour elle de choisir sa meute auquel elle jugerait fidélité. La meute qu'elle protégerait, nourrirait, aimerait aussi sans doute puisqu'elle l'aura choisit. Resterait-elle chez les Tranquilles si faible , chez les Nocturnes si... remplit de noirceur ? Une noirceur presque attirante. D'où venait sa famille d'ailleurs ? Sans doute des Tranquilles pour que ses premiers souvenirs viennent de là.

Nawël regarda le loupiot arriver. Sans doute l'appel de la pluie ne lui était pas tout a fait indifférent. Où allait-il aller lui aussi ?

« Notre image serait idyllique si nous n'étions pas de deux meutes différentes. »

Elle aurait pu l'être, mais elle ne l'était pas, il ne fallait pas chercher plus loin. Non, rien n'est idyllique à travers un rideau de pluie. Rien n'est idyllique sans soleil et sans amour. Sans parfait accord.

- On ne choisit pas nos meutes à notre âge, alors est-ce vraiment les meutes qui font les différences ?

Le bruit de la pluie s'écrasant contre le sable semblait attirer le loupiot, qui resta tout de même dans son refuge, dans leur refuge, préférant en violer les secrets, et l'explorer de fond en comble. Ainsi, avança t'il tête basse vers les profondeurs de la grotte. Nawël ne le rejoint pas tout de suite. Elle prit d'abord du temps pour regarder avec lenteur la cavité dans laquelle elle se trouvait. Sèche à cause de la chaleur, les parois étaient étonnements lisses et paraissaient comme un gruyère passé avec ses nombreux petits trous. La tranquille comprit vite qu'il s'agissait en faite d'une immense galerie, quand elle vit de nombreuses souris entrées ça et là dans leurs repaires.

La loupiote, n'écoutant que son instinct et les faibles battements de cœur de toutes les innocentes bêtes qui se trouvaient autour d'elles, la narguant de leurs petits suintements, s’aplatit lentement sur le sol sableux et rampa le plus près possible des entrées et des sorties des refuges des rongeures. Ses oreilles étaient dressées, sa queue trainait au sol, mais était raide et tendue, sentant les moindres vibrations de la terre et de ses habitants, attendant le moment favorable. Il arriva à temps quand une petite bestiole apparut non loin de ses museaux. La Tranquille sauta et écrasa la queue du rongeur avec force, pour l'empêcher de fuir.

Ça peut faire quelque chose d'avoir une vie au bout de ses pattes, mais quand c'est une question de survie, il est bon de savoir oublier tendresse et compassion. Les griffes de Nawël s'écrasèrent sur les poumons de la petites créatures, mais même étouffée, la souris couinait avec le souffle qui lui restait pour vivre. Et elle Nawël trouvait ça passionnant. La volonté de survie, la moralité à vivre, tout dépend avant tout de la personne qui possède ces capacités. Capacités facilement testable quand l'on est au bout de la mort. Non, la Tranquille n'était pas une sanguinaire, mais elle avait un folle engouement pour la mort. Elle leva sa patte pour que sa proie puisse à nouveau respirer. Le rongeur aspira à nouveau la joie de respirer goulument l'oxygène. Pauvre petite chose. La loupiote planta ses crocs dans sa nuque, perçant la trachée plein d'air nouveau. Elle ramassa la cadavre encore frais, le sang encore chaud et coulant par fin filet le long de la gorge, elle décida de partir rejoindre Shin. Les tunnels de la caverne se faisait de plus en plus sombre, mais la petite s'en fichait. Seul son odorat lui permettait de retrouver la direction du Nocturne. Il se trouvait dans une cavité dont les contours étaient recouverts d'étranges dessins blancs.

« Les différences se font sans doute par le caractère. La meute n’y étant probablement pour rien. »

La voix du loupiot sorti de nul part et de partout à la fois, résonnant, cognant et ricochant contre les parois.

- Dans six mois à un an environ, tu seras considéré comme loup à part entière de ta meute, et moi comme louve. Alors seulement nous choisirons notre chemin, qu'ils se rejoignent ou non. Peut-être même quand grandissant, nous en arriverons à nous détester, et à nous haïr. Mais je le ferais par choix, et non par obligation.

La loupiote jeta le corps inerte de la souris sur la roche froide de la caverne, d'une manière de dire " à qui veut se sert ". Shin était cependant fasciné par les peintures murales. Formant de longues courbes blanches et épaisses, elles semblaient retracer l'histoire des ancêtres des hommes aujourd'hui. Dans les mains des humains, des sortes de longs traits étaient dessiné à hauteur des mains, avec une sorte de petits triangles à leur extrémité. Nawël n'avait jamais vu d'hommes de sa vie, mais elle en déduit que cela devait sans doute être une arme, nocive pour les animaux. En face d'eux, un étrange animal. Très gros et très grand, il semblait imposer sa taille sur les hommes qui paraissaient tout d'un coup très chétif. Nawël rigola intérieurement de cette soudaine faiblesse.

« Si nous choisissons le chemin de nos ancêtres.»

Shin avait recommencé à parler, mais sans regarder la loupiote. Nawël ne s'attarda pas sur cette phrase, car la seconde retint son attention :

« Mon frère et moi ne comptons pas rester. »

Nawël pencha la tête sur le côté, tout en fixant son regard sur Shin. Son frère ? Nawël avait déjà entendu parler d'un certain Ravenblack, et souvent à des occasions plutôt négative, mais aussi sous l'imaginatif surnom de " Fils de Deamon ". Mais c'est étonnamment sans regret que la Tranquille apprit cette nouvelle. Car peut-être qu'elle s'en fichait ? Peut-être ne connaissait-elle pas assez Shin ? Ou peut-être ne savait-elle par encore ce qu'était la tristesse d'un départ ?

Mais une partie de la phrase du Nocturne la chiffonnait. Pourquoi préciser " mon frère et moi " ? Son frère avait-il un rôle important dans cette histoire ? En était-il peut-être la cause ? Si c'était le cas, on aurait pu trouver cette histoire mignonne et plein de tendresse, mais venant d'un Nocturne, Nawël avait presque envie de rire.

- Suivrais-tu ton frère comme un chien en voulant assurer sa " protection " sans donner sans avis ? Le suivras-tu toute ta vie, même si un jour il viendrait se retourner contre toi ?

Le ton de Nawël était devenu mielleux et narquois, et elle affichait une expression sournoise, un air de petit diable. Une forme de tristesse ?

HRP: