Les terriers ciel, un des derniers endroits où il devait se trouver.

L’hiver approchait, alors que le jeune loup voyait sa famille prendre de l’âge. Xara était une bien vieille louve, même si elle n’était pas la plus vieille. Et Deamon.. son père était de plus en plus refermé sur lui. Son frère s’amusait à chercher de quoi se mettre sous les crocs. Et lui ? Après sa rencontre avec Kumo, il pensait à Nawël. Au fond, ce qu’il lui avait dit était cruel. À l’époque, il s’était convaincu que c’était pour le mieux.

Maintenant, il n’en était plus si sûr. Alors, bien qu’il ne parte pas à sa recherche, il pensait à elle. Il pouvait à présent tuer des cerfs, d’une violence sans nom. Il pouvait faire preuve d’autant de sadisme que son frère ou son père. Mais il n’était pas sans sentiments. Il ne l’avait jamais été. Il savait dissimuler ces derniers mieux que quiconque d’autre, mais c’était tout. Le loup s’assit près des terriers ciel et regardait le ciel. Magnifique ciel.

Nawël n'avait rien à faire. Dépourvue de tout but dans sa vie, elle passait une existence monotone, sans jamais demandé rien à personne, car elle n'aimait personne. Elle appréciait Ash', du temps où il était son mentor, elle s'était trouvé à intriguer un Nocturne du nom de Shin, loup dont elle ne voulait plus entendre le nom. Mais elle avait toujours avec elle un précieux allié, et une précieuse amie, citons le vent, et sa propre conscience. Son cercle de fréquentation s'arrêtant à ce stade.

Elle parcourait les terres Ciels, cherchant un endroit qu'elle ne connaissait pas encore. Elle déboucha sur une petite parcelle du territoire remplit de petits trous. Des terriers sans doute ! Et en plein milieu, les yeux rivés vers le ciel, Shin.

« Bonjour, Nawël. »

Rien qu'une phrase, et Nawël eut envie de grogner. Elle n'appréciait pas le loup. A leur dernière rencontre, il s'était montré un digne fils à papa, celui qui veut suivre les même directions, mais qui en même temps, veut montrer qu'il en est séparable en partant s'exiler en tant que solitaire. Quelle gaminerie ! Malgré ses ressenties, le visage de la jeune louve resta de marbre. Elle avait pour habitude de conserver ses sentiments pour elle, pour le vent, pour quiconque n'étant pas vivant.

Nawël regarda autour d'elle. Les terriers s'étendaient sur un espace plus grand qu'elle ne l'avait imaginé, mais restaient cependant très vide en ce moment. Peut-être que tout le monde dormait, bien loti, ou alors étaient-ils déjà tous partie apprendre les rudiments de la chasse, qui sait ? Une brise matinal se leva, soulevant le givre collé aux herbes. L'hiver approchait, les températures baissaient, les pelages prenaient en poids et en taille. Tout le monde cherchait à se nourrir plus qu'il ne fallait pour faire des provisions. C'était là que commençait le deuxième hiver de Nawël, et cette fois - ci, elle devrait se débrouiller seule, sans nourrice. Enfin débarrassée de ces sangsues. Sans mentor aussi. Adieu Ash' ? Elle ne savait pas encore.

- Bonjour toi.

Le " toi " pour remplacer " Shin ". Pour montrer au jeune loup qu'elle avait oublié son prénom, son existence, et même si le ton de la voix du mâle lui était parue douce, on achète pas Nawël par des faux-semblants, surtout venant d'un Nocturne.

Le jeu de la jeune louve était aussi clair que la lune. Bien que cette dernière laissait place aux derniers rayons de soleil avant un hiver rude et froid. Mais le jeune loup n’en dit rien. Il ne pouvait que la comprendre, après tout. N’avait-il pas voulu jouer le rôle qu’on lui donnait depuis sa naissance ? Celui du parfait sanguinaire ? Qui, quand il se rend compte qu’à peine en une rencontre, il peut ressentir quelque chose décide de faire comprendre à tous qu’il n’est qu’un pantin ? En quelque sorte, c’est ce qui était arrivé. Il aurait pu changer de meute, cela n’aurait rien changé. À cette époque, il l’avait repoussé en comprenant la nature des sentiments qu’il ressentait. Elle l’avait repoussé en comprenant ce qu’il deviendrait.

Comme le vent et les feuilles d’automne. Le vent les emportait loin, très loin de leur lieu d’origines. Et bientôt, ces feuilles ne seraient plus rien. Il y avait une étrange ressemblance entre l’existence d’une feuille et celle du jeune nocturne.
Ses oreilles vinrent pivoter en arrières, alors que son regard curieux resta posé sur la jeune louve. Il ne faisait plus preuve du même regard vide de sa jeunesse. Le même regard qu’avait au tant son père. Non. Il n’était ni son père, ni son jumeau. Son père était démuni de sentiments, alors que son jumeau n’avait que des sentiments tels que la haine et la rage. La colère et la soif de pouvoir.

Shin avait sans doute hérité de sa mère, quiconque soit-elle. Il ressentait une amitié profonde pour cette jeune tranquille. Il ne pouvait cependant décrire où cette amitié s’arrêtait. Sans doute à hauteur de la louve. Elle devait le détester. Ou ne pas l’apprécier. C’était tout à son honneur. Après tout, il l’avait cherché. Mais qu’importe. Il pouvait être aussi intelligent qu’impassible. Il pouvait ressentir des sentiments. Mais dès qu’il s’agissait des sentiments des autres, il avait du mal à suivre.

« Comment te portes-tu ? »

La lumière de coucher de soleil donnait aux terriers une couleur rougeoyante, et des ombres inquiétantes. Les arbres qui se trouvaient non loin abattait leurs grandes silhouettes sombres sur le sol, plongeait le contour dans lieu dans l'obscurité. Seul une parcelle de lumière encadrant Nawël, Shin, et quelques nids persistaient, mais vainement. Car bientôt, la nuit prendra sa place, et la lune régnera haut dans le ciel.

« Comment te portes-tu ? »

Shin n'était pas comme autrefois. Ses traits avaient quelque chose de différents, de plus particuliers. Quelque chose qui n'appartenait pas aux Nocturnes. Il avait sur son visage, une trace d'humanité, une trace de sentiments. A présent, il ressentait les choses, et ça se lisait dans ses yeux, plus vivant, sur son corps, dans ses mouvements. Il avait échangé sa place avec Nawël.

Nawël, était devenue une louve sans réelle attachement, sans but, sans objectif. Elle n'aimait plus découvrir les choses qu'elle jugeait inutile, comme l'animal rouge du nom de crabe qu'ils avaient découvert ensemble sur la plage quelques mois auparavant. En réalité, elle n'aimait pas la vie. C'est elle qu'elle trouvait futile, sans intérêt.

Sans savoir réellement pourquoi, elle se souvint de sa première rencontre sur ces Terres. La première rencontre dont elle se souvenait ? Émotion ? Peut-être en quelques sortes. Ce loup, était noir, sage de son âge, sombre de son apparence, et pantin de lui même. Elle se surprit à vouloir le revoir.

- Je ne pourrais pas me porter mal, ni me porter bien. Et toi ?

« Et pourquoi donc ? »

Depuis quand les Nocturnes se préoccupaient-ils des soucis autre que les leurs ? Nawël ne voulait pas répondre. Mais sans doute qu'elle répondrait quand même.

- Car tel est la vie, et tel est mon existence.

Phrase qui voulait tout dire. Encore une fois. Manière de montrer son amertume envers une vie qu'elle ne désirait pas, et son amour envers une mort qu'elle désirait, si hardiment. Mais son instinct lui criait de rester sur terre. Pourquoi ?

« Je suis encore en vie. »

Son regard couleur pierre regarda celui flamboyant du loup, la tête un peu en arrière. Il avait grandit, lui aussi. Rester en vie n'était pas un exploit, car il devait sans doute être en matière de se défendre désormais. De se battre, de tuer. S'affronteraient-ils un jour ? Au fond d'elle, Nawël l'espérait.

- Félicitation.

Discourt plat, monotone, seulement remplit de formules d'usage qui ne devrait pas avoir lieu entre deux meutes ennemis. Mais Nawël n'était-elle pas Tranquille pour la seule raison qu'on ne puisse s'en prendre à elle ? Ses pensées allèrent à leur dernière rencontre, sur la plage, où il lui avait avoué qu'il partirait. Lâche. Comme elle l'était fasse à la vie.

- Tu vas laisser tomber ta meute aux crocs des Rebelles dit-on.

D’une telle phrase, l’on pouvait comprendre tant de choses. La vie, la mort. Tout cela ne semblait avoir d’importance pour la jeune louve. Plus à présent. L’être qui lui avait prouvé sa différence n’était plus là. Ou avait changé, mais quelle importance ? Ils avaient grandi. Et quand on grandit, le changement est une chose des plus normales. Le jeune loup le savait, tout comme Nawël.

Qu’avait-il espéré ? Rien, au fond. Cependant, la vie était une chose bien difficile à supporter quand on n’avait aucun but. Et malgré son détachement définitif de sa famille, il s’y savait attacher, encore. Comme un prisonnier. Bien que ce n’était pas vraiment la même chose.. Si ? Non.

Shin laissa un sourire amusé percer l’impassibilité de son visage.

« Tant que les rebelles existeront, je ne quitterais pas ma meute. »

C’était impensable, après tout, comme le disait si bien son frère, s’ils partaient maintenant ils ne seraient que des lâches.

C’était impensable.

Un sourire, incompatible. Shin avait changé, mais son visage de marbre était resté le même, inchangé, comme si le temps se refusait de s'en emparer. Un sourire amusé. Une arrière pensé ? Non, sans doute pas. Qu'aurait-il a caché ?

Nawël s'assit sur le sol refroidit par la noirceur de la nuit. En été, un frisson l'aurait parcourut, mais l'hiver arrivant, son pelage avait doublé de volume, couvrant les moindres parcelles de chair de son corps, sa cicatrice sur sa patte antérieur comprit. D'ailleurs, sans doute l'avait-elle oublié. Une brise nocturne souffla sur ce pelage hiver, qui s'en retrouva d'autant plus ébouriffé et gonflé par le vent.

« Tant que les rebelles existeront, je ne quitterais pas ma meute. »

Au moins la meute nocturne conservait-elle une part d'humanité ( pour ne pas dire de louvanité ). D'ailleurs, à quelle meute Nawël correspondait le mieux ? Par fierté, elle n'irait pas chez les Nocturnes. Trop de ... de quelque chose en trop. Ah. Trop de loups pitoyables, se disant cruel, sans pitié, mais qui en réalité, se trouvaient être les êtres les plus faibles de leur territoire. Les Aventures. Hum... Nan. Les Ciels ? Trop reposant. Les Tranquilles ? Qu'en dire ? Les Rebelles ? Intéressant. Une meute, des arrières sur qui reposer, mais aucune contrainte, vivre sa vie un peu à la sorte d'un solitaire.

- Qu'entends - tu dire des Oranges ?

Spoiler:

« Qu’ils auront de la chance de survivre à l’hiver. »

Un avis global, général, pas le sien. Manque de confiance, ou tout simplement Nocturne ? Peu importe. Pourquoi son avis sur la situation des Rebelles l’intéresserait après tout ? Ah oui c'est vrai, c'est parce qu'elle le lui avait demandé.

Qu'étaient-ils l'un pour l'autre ? Des inconnus ? Deux jeunes loup et louve ? Deux connaissances ? Deux ami... Non, il faut pas pousser.

« Pourquoi veux-tu le savoir ? »

Nawël le regardait, ses iris s'allumant d'une petite flamme. Une petite flamme d’intérêt. Mais non, sans doute pas du même intérêt auquel vous pensez. Une petite flamme issue du curieux mélange d'un sentiment de domination et de curiosité. Vraiment intéressant.

- Car peut-être les rejoindrais-je.

Pourquoi avoir dit ça ? Peut-être parce que la Tranquille l'avait pensé un quart de secondes. Et pourquoi lui cacher ce qu'elle pensait vraiment ? Après tout, de quoi pouvait-elle avoir peur ?

- Pour toi, que suis - je ?

C'était aussi ce qu'elle avait pensé auparavant. Et oui, il faut le dire, Nawël appréhenda quelques secondes la réponses du jeune loup. Mais ça, elle ne l'avait sûrement pas.

Spoiler:

« Pourquoi une telle question ? »

Nawël faillit lui dire que c'était ce qu'elle s'était demandé, alors qu'elle lui avait demandé pour faire passer le temps. Mais sans doute le jeune loup posait cette question aussi pour passer le temps. Alors pour ne pas gaspiller de salive, elle se contenta de hausser mollement des épaules.

« Tu es une tranquille. Tu es celle qui m’a ouvert les yeux mais qui m’a fait comprendre que la différence d’un être ne n’en vaut pas un autre. »

Rien. Rien du tout ne se lisait dans les yeux de la louvarde. Ah si, peut-être une belle couleur, une couleur comme le vent. Furtive, fugace, insaisissable. Sauvage. C'est ce regard qui dévorait celui du Nocturne, vide et sans goût. C'est ça, sans goût. C'est sans doute cette seule ressemblance qui obligeait les deux loups à se parler. Et c'est cette ressemblance qui était passé du mâle à la femelle, comme quelque chose de contagieux qu'on se transmet, dès que l'on croise quelqu'un adepte à le garder. Ou plutôt, trop faible pour accepter de le recevoir. Exactement comme une maladie en faite. Fort, on peut écraser le virus. Faible, on peut le garder à vie. Enfin, à voir selon les versions.

Le ciel s'était bel et bien couvert du voile sombre de la nuit, et commençait à se pailleter d'un grand nombre d'étoile. C'est par cette même nuit qu'elle avait rencontré et Shin et Ash', son pseudo mentor. C'est cette nuit là qu'elle avait décidé d'apprendre à se diriger avec les étoiles, le soleil, l'humidité de la mousse au sol... C'est là qu'elle avait décidé de grandir.

« Adieu Nawël. »

Au fond d'elle, Nawël pensait, espérait que le loup rigolait. Elle pensait que les paroles qu'il avait dites n'était pas pensées. Mais c'est quand il ébroua son pelage et que de fines goutes de terres atterrirent sur son pelage et son museau qu'elle comprit qu'il n'en était rien. Celle qui voulait paraître forte sans rien ressentir, avait un peu mal... non. Elle avait mal, mais elle ne voulait pas se l'avouer. Au fond d'elle, elle pensait que Shin se moquait d'elle quand il lui avait parlé, avoué ce qu'il pensait. Elle l'avait mal interprétée. Et elle s'en voulait. Au fond d'elle encore, elle se demandait ce qu'elle venait de perdre. Un poids, un ami, une connaissance, un Nocturne... Un allié ? Mais pas une seule fois elle ne pensa à un ennemi.

Ses yeux se portèrent vers la lune, baignés par sa lumière, et le vent emporta une parole qu'elle aurait voulu forte, mais qui se sentait, au fond d'elle pour finir, larmoyantes.

- Dommage.

La buée de son souffle s'envola quelques instants avant de disparaître, comme Shin venait de le faire. Un murmure, un dernier, ce fit entendre. L'avait-elle prononcé elle, ou ses paroles étaient elles si fortes qu'elles explosaient en dehors de son esprit ?

- Revient...

Spoiler:

Spoiler:

Entendre ou ne pas entendre, vouloir ou ne pas vouloir. Voilà la chose dont chaque être était conscient. Voilà la chose qui allait être dite. Dangereuse chose. Shin se trouvait éloigné de cette jeune louve, qui sait si elle était encore là. Qui sait si elle n’était pas déjà rentrée chez elle. Un brouillard vint s’ajouter aux lumières de la lune. Son pelage gris, dans ce brouillard épais, le rendait invisible. Et alors que son museau se pointa vers le ciel étoilé, un chant s’en échappa.

Une invitation.

L’hurlement du loup serait entendu à des kilomètres à la ronde, comme tout être de son espèce, il était doté d’un appel que nul ne pouvait ignorer. Mais cet hurlement qui s’échappa de son être était mélodique, mélancolique. L’invitant, elle, cette douce tranquille, à le rejoindre. Non pas pour un jour, non pas pour une nuit. Mais pour la vie. Un appel qui vient du cœur, chose qu’il ne devrait pas avoir. Un appel qui promettait mille et une aventures, milles et unes promesses. Car cette appel lui était destinée, à cette chère Nawël. Il serait ce qu’elle voudrait. Un allié, un ami. Un frère ou un aimé.

Mais cet appel, qui vint déranger le silence de la nuit était aussi unique que sacrilège. Un appel à quitter sa meute, sa vie et sa famille. Pour découvrir le monde de leurs jeunes yeux, comme des êtres libres de toutes meutes. Car cet appel n’était en rien celui d’un nocturne. Mais celui d’un solitaire.

Et alors, après de longues minutes, le silence revint, alors que les yeux de braise du loup observaient l’horizon. Il espérait la voir apparaître. Mais il n’espérait qu’une réponse, même s’il savait que déjà, cela signifierait un exploit.

HRP:

Un corps était allongé sur le sol, devant l'entrée d'un terrier. Il n'avait rien à faire ici, il devrait rentrer chez lui, ce corps abandonné. Mais il n'avait pas de chez-lui où il pourrait s'abriter. Son pelage coyote se mélangeant un peu avec les couleurs du sol terreux, elle espérait passer inaperçue. Elle ne demandait que ça. Son menton reposant sur ses pattes, elle était en train de retrouver quelque chose qu'elle voulait oublier. De vieux sentiments, découvert sur des territoires nocturnes, qu'elle avait préféré nier. Une petite flamme dans son cœur qui, elle le savait désormais, ne s'effacerait jamais, même par la plus forte des tempêtes. Car au fond d'elle, Nawël voulait sa protéger cette petite flamme, car elle était désormais la seule qui la rattachait à sa raison de vivre.

Soudain, un chant, perçant le ciel, déchirant le brouillard qui étaient en train de se former autour des terres Ciels, attaquant l'esprit de la jeune louve. D'instinct, elle se mit debout, ses griffes s'enfonçant dans le sol, formant de nombreux sillons d'appréhensions.

Une invitation.

Oui, c'était lui, Shin, qui chantait. Et Nawël le savait, il chantait pour elle, ce hurlement remplit de promesses qu'ils découvriraient ensemble. Ce hurlement remplit d'une demande tellement importante qu'elle sonnait comme mille et une clochette aux notes cristallines. Une sourire s'afficha sur les babines de la louve. Un sourire incontrôlable qui caractérise si bien une aimée.

Ses pattes la portèrent vers le chant qui s'était éteint. Ses membres martelaient le sol avec ardeur. Son souffle s'accélérait, formant une importante buée toute autour d'elle. Elle devait le rejoindre, avant qu'il ne soit trop tard.

Quand elle l'aperçut, après ce qui lui parut une éternité, elle ralentit, doucement, et avança à pas feutré vers lui. Quand leurs museaux se touchèrent presque, elle le regarda dans le fond de ses yeux orangés, le dévorant du regard, ce même sourire attendrit et béa sur son visage. Alors elle bascula sa tête vers les étoiles et hurla à son tour sa réponse. Une réponse tendre et aimante...

[ MOUHAHAHA, je plussoie ! ** ]

Les yeux du jeune loup brillaient, et ceux de Nawël y répondaient avec la même ferveur. Une ferveur sacrée juste découverte, déterrée avec vaillance tant on pensait qu'elle se trouvait profondément ancrée dans le sol, dans les sentiments de la louve. Elle venait de l'extraire, cette ferveur. Et dans la plaine de ses sentiments, jonché de vide et entièrement blanc comme l'hiver, et où l'air y gelait, commença a s'élever une petite pousse verte. Une pousse verte toute jeune, toute faible, mais bien encrée dans le sol et qui, Nawël le savait, grandirait, et deviendra la plus belle pousse verte du monde...

Shin enfuit son museau dans son cou velu hivernal, et la queue de Nawël balaya le sol, mélangeant la poussière à son poils. La jeune louve sentit le souffle du loup contre sa nuque, un souffle qu'elle semblait déjà connaître par cœur. Le loup lappa son cou, puis sa truffe, geste affectif qu'elle lui renvoya presque aussitôt, touchant son museau chaud. Poussant sa truffe contre la sienne, elle sourit et ferma les yeux.

Son pelage sentait toujours les Tranquilles, mais même si ils n'avaient pas tout deux encore parlé, ils se savaient tout deux solitaires. Et sans doute à jamais. Nawël sentait un flot de liberté l'envahir. C'était bien celle là, la meute dont elle rêvait enfant. Quand elle rouvrit les yeux, elle tomba sur ceux de Shin. Ceux qui seraient toujours là pour elle, en tout cas elle l'espérait.

- Pour toujours ?

Son souffle se perdit dans une buée incertaine. Même si elle avait une idée de ce qu'il allait répondre, elle voulait l'entendre, pour que sa petite pousse verte grandisse encore plus... pour l'éternité.