Rhéa marchait doucement dans les chemins. Ses yeux oranges pâles se promenaient sur le paysage sans qu'elle y fasse réellement attention, son esprit étant ailleurs. Elle se posait des questions, encore, sur ce qu'était sa vie. Amoureuse d'un loup qui ne l'aimait peut-être pas, entourée de loups qu'elle aimait mais qui n'étaient lié que par une haine commune... Prochainement, une guerre allait éclater, elle le savait. Sa conversation avec Deamon l'en avait convaincu : les Nocturnes étaient bien trop soudés pour laisser l'une des leurs se faire attaquer sans rien faire. Ils étaient prêts à se sacrifier les uns les uns pour l'honneur de leur meute. Alors comment les Rebelles pourraient-ils se débrouiller... La solution serait de tourner les Rouges les uns contre les autres. Ce serait plus puissant que n'importe quelle alliance avec les Verts, les Violets, ou les Ciels. Seulement, cela semblait impossible à faire. Ils se connaissaient tous depuis si longtemps... Ce genre de lien semblait inviolable. Elle soupira, secoua la tête, puis prit un grand bol d'air. Se faisant, elle capta l'odeur d'un loup qu'elle connaissait bien, et cela lui mit un doux sourire aux lèvres. Continuant de marcher, elle attendit de voir l'autre Rebelle arriver.

Voilà trois jours que j'ai donné aucun signe de vie, je me sens si mal, si tu savais... Je ne passe pas un seul moment sans penser à elle, elle est tout le temps là, je crois que je deviens fou Rhéa... Je pense pas pouvoir la tuer, je l'aime encore... Le regard de Rhéa était plein d'une véritable affection maternelle. Ce n'était pas évident de prime abord, mais les deux Rebelles étaient semblables sur un point : c'est leur coeur qui guidait leur vie... et ils n'avait, ni l'un ni l'autre pu choisir vers qui il se portait. Le coeur de Rhéa se serra quand elle vît une larme couler des yeux du loup gris. Je suis si faible, je ne m'en remet pas... Elle s'approcha de lui pour lui léchouiller affectueusement la joue, puis son regard orange chercha le sien :

"Tu n'es pas faible, ne dit pas ça. "

Sa voix, d'abord ferme, s'adoucît pour continuer :

"J'aimerais pouvoir te dire de laisser parler ton coeur et de calmer ta haine, Cronos... mais je ne peux pas. Cette louve t'a fait trop de mal. Tu as le droit au bonheur, tu le mérites. Et avec elle... tu ne l'obtiendrais jamais."

Rhéa vît bien que le loup n'avait pas apprécié ses paroles. Il avait du les comprendre de travers, car oui, bien sûr qu'elle le comprenait bon sang ! On se donne bien souvent de la peine pour n'être en définitif que ridicule, je le sais tout ça, mais je ne peu m'empêcher d’espérer qu'elle me reviendra! Rhéa il faut qu'elle meurt, le plus tôt sera le mieux! Après je pourrais enfin refaire ma vie et qui sait peut-être que tu seras grand-mère? La louve sourit doucement, et hocha la tête. Grand-mère... Bien sûr, elle ne croyait pas que Cronos pensait véritablement ce qu'il disait, car elle ne le connaissait que trop bien, et il n'avait jamais été fan des loupiots. Et puis, il n'était pas en état de penser à refaire sa vie avec une autre tant il aimait cette louve. Mais qu'un des loups rebelles ai des enfants étaient d'après elle le seule moyenne qu'elle aurait d'élever des petits. Elle ne pensait pas qu'elle aurait un jour le bonheur d'avoir une portée. Enfin, bref, on ne parlait pas d'elle en ce moment, mais de Cronos.

"D'une façon ou d'une autre, la vie telle que nous la connaissons va bientôt changer, soit patient ! Et bien que je serais ravis d'avoir des loupiots autour de moi, la famille que nous formons maintenant me suffi. "

Elle se tue un instant, puis décida d'être honnête.

"Je suis désolée de ne pas trouver les mots qu'il te faudrait aujourd'hui, Cronos, c'est juste que... d'arriver enfin sur ces terres, de voir d'autres loups, des meutes, tout ça... Ça faisait longtemps. Je suis un peu... chamboulée."

Ç'aurait été mentir que de dire que la phrase de Cronos n'avait pas fait du mal à Rhéa. Ne savait-il donc pas qu'elle était tout aussi concerné qu'eux ? Certes, la Nocturne ne l'avait pas blessé directement. Mais la Rebelle ne vivait que pour ceux qu'elle avait offensé. Et puis, croyait-il que sa vie était facile ? C'était loin d'être le cas. Elle était, pour une raison inconnue, sous la protection de Black Shadow. Parfois, celui-ci s'ouvrait à elle. Parfois, il était aussi froid que de la glace. Il était tout sauf doux avec elle, qui était la gentillesse et la patience incarnée.

Cependant, quelques secondes plus tard, le loup se blottit contre elle en s'excusant. Et comme elle le faisait toujours, elle l'excusa.

"Je te comprends Cronos, bien sûr que je te comprend. Et évidement que je t'excuse, quelle question. Et si tu savais comme j'aimerais t'aider plus..."

Elle le serra doucement contre elle, après avoir doucement caressé sa tête avec son museau.

Oublions tout ça pour le moment, parlons d'autre chose. La louve hocha la tête. Puis Cronos lui sourit, ce qui la fît également sourire. Elle le préférait comme ça. En fait Rhéa, je viens de me rendre compte, depuis toujours tu nous écoutes raconter nos malheurs, mais toi jamais tu dis ce que tu ressens... Je trouve ça égoïste maintenant que j'y pense, donc si tu veux en parler sache que je suis là, comme tu es toujours là pour nous tous. Puis il se mît à marcher. Elle le regarda un moment avant de le rejoindre.

"C'est gentil, merci..."

Elle était bien contente de sa proposition, mais savait qu'elle ne pourrait se confier. Comment aurait-elle pût le faire ? Tout d'abord, une mère ne parle pas de ses problèmes à ses enfants. Ensuite, vu qu'ils concernaient généralement Black Shadow, leur chef, elle ne pouvait pas en parler sans conséquence. Enfin, il y avait peut-être une chose dans sa vie dont elle pouvait parler avec son ami...

"Dis-moi, tu connais un loup Nocturne du nom de Deamon ?"

Le loup avait vraiment l'air furieux. Rhéa n'avait pas peur, elle savait que Cronos n'allait pas l'attaquer. Cependant, n'importe qui d'autre aurait été effrayé, et elle même était surprise. Il n'avait jamais été aussi énervé contre elle. En fait, il n'avait jamais été furieux contre elle. Tu dis que je ne peux pas comprendre??! C'est toi là qui me voit comme stupide... Il se calma ensuit d'un seul coup, ce qui, étrangement, était encore plus inquiétant. Parlons comme des gens civilisés, je ne crierais plus, je ne me fâcherais plus, mais je t'en pris explique moi. Est-ce que tu l'aimes? Les merveilleux yeux de la louve s'écarquillèrent en grand.

"Quoi ? Non !"

La réaction étant un peu trop vive, elle décida de s'expliquer au loup gris :

"Mon coeur est déjà pris. Mais... Tu me connais Cronos, j'ai un coeur d'artichaut. Et Deamon.. il a beau être un Nocturne, et faire des choses affreuses, il n'en ai pas moins intelligent, incompris et cabossé. Mon genre de loup, tu vois."

La dernière phrase était une blague, bien sûr, mais elle se demandait si Cronos le comprendrait vu l'état dans lequel il était. En plus, elle n'arrivait pas bien à décrire la relation qu'elle avait avec Deamon. Lui dire que ce qu'avait dit le loup noir (qu'il ne la protégerai pas parce qu'il la considérait comme une soeur, une mère, une compagne ou un jouet, mais parce qu'elle était lumineuse) lui avait fait chaud au coeur ne ferait sûrement qu'envenimer les choses.

Je crois que tu me dis pas tout, ta réponse me démontre clairement que ce loup a changé quelque chose en toi. Ton coeur n'est pas prit Rhéa, on te l'a arraché, c'est là la nuance et le danger... Si tu l'aimes c'est pas grave. Mais moi je t'aime, ne me quitte pas, ne va pas avec un nocturne, pitié... Le loup avait l'air tellement triste que le coeur de la louve se serra très fort, à lui en faire mal. Et puis, pour ce qui était de son coeur arraché, il n'avait pas tort, et c'était la première fois qu'ils en parlaient comme ça à voix haute tout les deux. La Rebelle s'en voulut de lui avoir parler de Deamon, se disant qu'elle aurait dû se douter de sa réaction. Il n'avait pas eu une vie facile, loin de là, alors lui ajouter des problèmes... Ce n'était pas juste. Elle tenta de le rassurer de sa voix aussi douce que du satin, ses yeux doux pleins d'un amour maternel.

"Cronos, je ne te quitterais pas, même quand tu en auras assez de moi. Vous êtes ma famille, vous faîtes partis de moi. Deamon... je ne sais pas ce qu'il est, je ne sais pas ce que je suis pour lui, mais nous ne serons jamais ensemble, n'ai pas de soucis, nous ne nous voyons pas comme ça. Et il ne vous arrive pas à la cheville. Toi, Black Shadow, les Autres... vous êtes ma priorité absolue. D'accord ?"

Rhéa sourit et apprécia son étreinte. Elle détestait les disputes, et, étant responsable de celle-ci, était particulièrement heureuse qu'elle soit fini. De plus, le loup changea complètement de sujet, ce qui était parfait : elle n'avait pas envi de penser à Deamon, et n'en parlerait plus. Ça l'avait décidé en tout cas : elle ne le dirait pas à Black Shadow. Il s'énerverait autant que Cronos, et ne retiendrait peut-être pas ses coups, lui. En fait Rhéa que fais tu ici? Il est rare de te voir quitter la maison. Elle hocha la tête :

"Je me joins aux "troupes"... Je ne suis pas aussi efficace que vous autres au combat, mais j'essaies de réunir des informations. Apparemment, il est facile de me parler donc..."

L'attitude du loup gris n'allait pas en s'arrangeant. Certes, il n'était plus en train de tourner en rond avec un air furieux, mais il avait l'air inquiet. Au début, elle comprit que c'était simplement parce qu'il la croyait en danger quand elle était sur ces terres (ce qui n'était pas faux). Mais le temps qu'il prit à répondre seulement quelques mots et son air affligé lui fît comprendre qu'il y avait autre chose. Elle poussa doucement son épaule avec le bout de son museau.

"À quoi penses-tu, Cronos ? Tu as l'air soucieux."

La louve regarda Cronos en silence pendant un moment. Elle le regardait de ses grand yeux pâles, essayant de lire quelque chose, une information quelconque sur son visage. Mais à part de l'énervement et un certain reproche, elle ne triait rien de nouveau. Finalement, elle soupira.

"Je ne peux pas te forcer à parler, donc je laisse tomber."

On pouvait voir qu'elle était déçu, ayant pour habitude qu'on se confie à elle sans gêne. Cependant, il n'y avait pas de reproche dans son regard : elle comprenait.

"Tu as revu des loups que tu connaissais ?"

Elle parlait bien sûre de ce qu'il aurait pu connaître en tant qu'Aventure.