La mexicaine pencha légèrement la tête sur le côté, pendant quelques courtes secondes, pendant qu'elle réfléchissait. Son regard se balada sur le loup de nouveau, un peu sur le sol également. Deux idées se battaient dans sa tête. D'un côté, elle pensait que l'on ne pouvait être amoureux que lorsque c'était réciproque, autrement c'était au mieux de l'attirance, au pire de la dépendance. De l'autre, elle se disait que les paroles de la louve étaient merveilleusement romantiques, comme elle les aimait. Dans tout les cas, l'histoire était d'une tristesse sans nom. Pas un des personnages n'avait fini réellement heureux. Certes, le gentil avait eu l'air d'avoir mené une vie normale au final, mais tout de même sans avoir reçu d'amour de la seule louve qui comptait à ses yeux, vraisemblablement.

Ses yeux verts revinrent sur Deamon. Elle se demanda ce qu'il en pensait. Il n'avait pas l'air de croire en l'amour après tout. Certes, il avait eu un regard presque doux durant un instant, mais c'était la première fois qu'elle le voyait, puisqu'il semblait la plupart du temps dénué de sentiments. Et comment comprendre les sentiments des autres quand on n'en ressent pas soi-même ? Ou peut-être avait-il une louve particulière dans son coeur également, comme le loup noir, avec qui il était gentil et doux ? Dur à imaginer pour Jazz. Mais tout était possible.

"Vous y croyez, vous, à l'amour ?"

Ses mots étaient sortis de sa bouche avant qu'elle ne s'en rende compte. Son regard retourna au sol un instant, se demandant pourquoi elle avait dit ça, puis retourna vers le loup de nouveau, espérant qu'il ne la déchicte pas pour ça.

La petite louve ne s'en plaignait pas, mais elle se demanda pourquoi il se dévoilait autant. Le Noir lui disait un bon nombre de choses personnelles, et en voyant son regard sur la plaine, elle comprit qu'il ne voulait pas que d'autres l'entendent. Il n'était pas le premier à se confier à elle, bien sûr, mais il était tellement différent des autres. On pouvait trouver en Jazz une bonne confidente, puisqu'elle était à l'écoute et gardait parfaitement les secrets, mais Deamon n'était pas du genre à avoir besoin de se confier, d'expliquer son comportement. Une petite voix dans la tête de la Ciel lui disait que c'était assez dangereux de l'écouter. S'il reprenait ses esprits et décidait qu'elle ne valait pas la peine de connaître son histoire, il ferait une priorité de la tuer. Mais elle décida de ne pas y penser, et resta dans le moment présent.

La louve avait donc eu raison, précédemment. Il avait aimé une louve. Enfin, aimé. Pas d'après lui. Mais pour elle, même si c'était un "mensonge", il avait quand même fait l'effort d'être gentil avec elle, non ? Et si le mensonge avait duré assez longtemps, sans qu'il en profite, alors il était aussi valable qu'une vérité. Mais je sais que pour d’autres, l’amour est réel. N’est-ce ainsi pas ton cas, chère Jazz ?La louve hocha la tête, et répondit une nouvelle fois de sa voix calme et cassée.

"J'y crois effectivement, parce que j'en ai toujours été entourée. Je n'ai jamais été amoureuse, mais l'amitié que je porte à mes amis et la tendresse que j'éprouve pour mes parents sont toutes aussi importantes."

À la minute où elle le dit, elle réalisa qu'elle n'avait pas tant d'ami que ça. En réalité, elle avait pas mal de connaissances, mais des loups qui connaissaient vraiment qui elle était ? Il n'y avait que Stan. Hum. Elle secoua un petit coup la tête, pour oublier cette pensée, qui signifiait qu'elle était au final bien seule. Elle regarda un moment Deamon en silence. Dans son regard, il n'y avait pas de jugement ou de mépris devant ce qu'elle ne comprenait pas. Il n'y avait pas de pitié non plus, devant un loup qui ne pouvait ressentir ce qu'elle aimait le plus. Curiosité n'était pas le mot juste non plus, c'était plutôt... De l'intérêt. Finalement, elle exprima de nouveau ses pensées.

"Vous dîtes que vous avez créé un mensonge pour lui faire plaisir et ne pas la décevoir... pourquoi toujours le considérer comme tel ? Si vous avez fait l'effort d'avoir un bon comportement avec cette louve, n'est-ce pas que vous lui portiez réellement un intérêt ?"