M.O.O.N.

Sur les Terres Nocturnes, la louve grise marchait sur la terre rouge carmin. Le sol meuble se dérobait sous ses pattes, l'empêchant d'avancer vite et la faisant déraper. Le genre de choses qu'elle détestait. Oui, lorsque les éléments se rebellaient contre son emprise, cela l'agaçait profondément au point de l'enrager furieusement. Pourquoi ? Parce que la terre, le ciel ou la mer ne peuvent être mordus ou tués. Ils sont instables et légers comme l'air. Vous avez déjà essayé de lutter contre la tempête ? Alors vous êtes capables de vous imaginer la colère sourde de notre amie solitaire.

La poudre, ou plutôt le sable, voletait, s'envolant au gré du zéphyr furieux. Celui-ci hurlait, clouant au sol nombre de rongeurs. La louve, quant à elle, en avait les yeux humides. Non pas parce qu'elle était triste pour ces pour petits êtres sans défense, au contraire : cela la renforçait dans son idée qu'elle était supérieure à ces minuscules animaux totalement débiles. En réalité, c'était la force du vent qui lui irritait les yeux, lui envoyant la poussière en pleine face.

Mal au coeur lui faisaient les Hommes, avec leurs chiens et leurs fusils. Pour elle, c'était la raison du souffle inhabituel qui s'était brsuquement manifesté ces temps derniers dans les environs. Ah, ces salopars qui détruisaient l'équilibre instable des terres de People Wolf ! Elle qui s'était réfugiée ici après des mois et des mois d'errance pour échapper à leurs cages de fer, ils la retrouvaient à nouveau !

Plus que quiconque elle voulait se venger de ces êtres à la peau nue sans la moindre fourrure pour les protéger. Quand elle les voyait s'emmitoufler sous de la fourrure volée aux autres animaux, elle en bouillait de rage. Voleurs de peaux, voleurs de vies ! Ah çà, ces Hommes, elle ferait tout pour leur mener la vie dure. Elle avait déjà commencé, à vrai dire. Chaque chasseur qu'elle croisait n'en revenait pas meurtri, voire mort. Rancune tenace.

La Rivière Rouge s'agitait, prête à déborder. Il n'était pas rare en ces temps sombres d'apercevoir un corps coincé entre les rochers pointus et acérés. Parmi les loups endeuillés, aucun n'hésitait à présent à tuer un de ces bipèdes ennemis. Quant aux chiens de ces derniers, ils subissaient le même sort dès qu'ils n'étaient plus sous la surveillance d'un des bâtons gris. Ces bâtons qui produisaient la détonation finale, ces armes destructrices qui ne fatiguaient pas l'adversaire.

L'air était rempli de tension vivace. Moon aussi était sur les nerfs. Elle entendit le son d'une respiration régulière. Tournant brusquement la tête et faisant volte-face, elle manqua de dégringoler dans le fleuve. Se rattrapant tant bien que mal, elle montra les crocs, aux aguets.

• || Les puissantes bourrasques de vent balayaient les feuilles maintenant teintés de feu qui s'étaient retrouvé à nue sur le sol boueux. Le pelage des pattes d'Inazuma était hirsute, ses poils s'accrochant à la terre meuble. Ignorant ce détail que trop esthétique pour s'en soucier, il continua à marcher d'un pas lasse de celui qui sait où il va, même si l'on doit bien avouer que c'était de loin le cas. C'était la première qu'il arpentait les rives de la rivière à l'étrange couleur rouge dont il ne chercha pas la signification. Pourquoi cherchait une réponse à une question qui ne changera rien à son existence qu'une connaissance nouvelle ?
  
  Il regardait son reflet se profaner le long de la rive? Portrait déformé par les ondes indécises vaguelant la surface liquide. Le paysage automnal le laissait indifférent, et l'air frais qui se glissait sous le pelage noir du Solitaire le lui faisait hérisser l'échine, ainsi plus protégé du froid d'un début de saison glacial.
  
  Les bourrasques d’Éole étant courante, les odeurs des buissons approximatif de sa position lui venait couramment. Il en déduit que le gibier commençait à se faire rare, car aucuns fumets de rongeurs ne se faisaient sentir.
  
  Sa respiration, régulière, indiquait qu'il n'était guère perturbé. Cependant, une tension se faisait ressentir vers l'endroit où il se dirigeait. Pulsions de nervosité étaient en surface de peau, et la louve qui se trouvait en face d'elle, crocs dégageaient le fit sourire.
  
  << Bonjour Moon. >>
  

HRP:

M.O.O.N.

Un mâle au pelage en bataille, comme s'il venait de se réveiller, approchait. Plein de boue et de terre, il sentait l'odeur de la liberté. Continuant de gronder, la louve le regarda d'un oeil méfiant. Il se déplaçait lentement, comme s'il n'avait rien à perdre et rien à faire. Nonchalant, il lui sourit avec un brin d'amusement. Vexée, la solitaire leva puis reposa la patte avant droite plusieurs fois, pour montrer son agacement. Oui, la louve aimait bien les solitaires, mais il y avait une limite à tout...

La mauvaise saison semblait avoir pris place dans son âme, autant qu'au-dehors. Malgré les retrouvailles touchantes avec son frère de lait Deamon, la louve grise n'avait pas fini d'avoir des problèmes. Tout d'abord, il y avait Lakota, cette louve blanche qu'elle s'était mise sur le dos -ou l'inverse-. Et puis il y avait Blood Fall, cette autre louve Nocturne jalouse parce qu'elle n'était pas assez proche de Deamon pour connaître son passé. La jeune louve avait déjà des ennemis et un seul ami véritable. Et puis il y avait Inazuma...

Un regard méprisant lui apprit que le dénommé s'était arrêté auprès d'elle, à son plus grand dam. Soupirant avec force, elle s'assit en face de la Rivière Rouge, prenant soin de ne pas se mettre dans une zone risquée, c'est à dire prête à s'écrouler. Moon n'ayant jamais été douée pour nager, elle n'avait pas l'intention d'essayer dans une situation pareille, surtout quand le fleuve était déchaîné. Absolument pas impaissible, elle plissa les yeux quand le mâle entama la conversation :

<< Bonjour Moon. >>

Comme il fallait le prévoir, la louve respira amplement, particulièrement à vif. redécouvrant ses magnifiques crocs blancs, elle eut un rictus famillier. Non, elle n'avait pas envie de discuter, mais Inazuma était u cas particulier : il avait de l'audace mais ne s'en vantait pas, il avait un don poour la taquiner sans passer sous ses dents. Bref, il avait eu beaucoup de chance jusqu'à présent. D'un ton moqueur, elle répliqua :

- Salut toi.

La plupart des gens n'avaient pas l'honneur d'être nommé par leur nom mais par un pronom, comme "toi" ou "hé l'autre". Le seul loup jusqu'à présent encore en vie qu'elle appelait par son nom, c'était Deamon. Inazuma pouvait donc attendre encore longtemps avant de l'entendre prononcer son prénom de sa bouche...

• || L'expression agacée de la louve au pelage de cendre traça un rictus sur les babines du loup noir. Moon. Louve qu'il avait déjà rencontrée deux voir trois bonnes fois auparavant. Comme deux enfants, ils aimaient se chamailler, enfin ... Si chamailler est bien le bon terme. On entendrait plutôt ... Bagarrer moralement de phrases toutes plus violentes les unes que les autres, mais si intéressantes et constructives ...
  
  Pendant qu'il pensait à la louve, ses pensées divaguèrent - fait rare, je tiens à préciser - vers celle de sa moitié, de sa sœur, de sa jumelle ... De Kimi. Kimi qu'il avait revue le jour où sa soeur, Tsuki était morte, Kimi qui fricotait avec le Prince Nocturne ... Kimi mère. Cette pensée le répugnait, même si il pensait à son bonheur, le voir avoir un lien de famille à tisser ( un de plus ... ), lui faisait hérisser l'échine. De plus, son inconnu envers le père le faisait rager. Pour éviter les question indiscrète de l'autre Solitaire, Inazuma se hâta de balayer d'un coup de tête ses pensées contradictoires.
  
  Elle soupira, montrant ainsi son agacement. Geste stupide, ne faisant que renforcé le sourire ironique du loup noir.
  
  - Salut toi.
  
  Finit t'elle par dire. Le lupin ne s'attarda pas sur le " toi " qu'il savait habituelle dans la voie de Moon. Peut offensé, il s'en fichait. Il souleva sa lourde patte et la lécha avec l'application d'une mère qui fait sa toilette à son loupiot. Quand il eut finit de se débarbouiller, il fixa la louve d'un air approbateur.
  
  - Comment vas-tu ?

HRP:

M.O.O.N.

Un rictus s'afficha sur l'air tranquille du loup noir. La bataille était ouverte et la hache de guerre déterrée. Parler avec Inazuma, c'était continuer une conversation interrompue. Le seul problème, c'est qu'il ne manquait jamais de remettre des formules de politesse au début d'une rencontre. Ennuyante et fâcheuse tendance qui lui valait une réputation de beau parleur aux yeux de la solitaire.


Cependant, alors qu'il était habituellement si impaissible et maître de lui-même, la louve grise remarqua que ses poils se hérissaient dangereusement. Qu'avait donc vu le loup noir pour être dans tous ses états ? Question sans réponse. Se désintéressant rapidemment de cette interrogation futile, la louve remarqua avec irritation que le loup se moquait de son agacement.

Avec un air approbateur, il salua cette phrase particulièrement polie pour une louve aussi sans-gêne. Il reprit la parole, rendant son interlocutrice plus folle que jamais :


<< Comment vas-tu ? >>

Ce genre de question agaçait particulièrement Moon. A son avis, comment allait-elle, mmh ? Avec un haussement des sourcils et son ton toujours aussi hautin, elle répliqua en enfonçant dans la chair de son adversaire cette parole cuisante :

- Moins bien que lorsque tu n'étais pas là.

I'm so Sad.

La phrase du loup noir sembla agacée passablement la louve grise. Emotion qui se traduisait sur son visage comme un livre illustré dont les pages se tournent seules au fur et à mesure d’une histoire interminable. Amusé par ce caractère intrépide, qui ne sortait que des traits de Moon, Inazuma balaya le sol garni de feuilles au milles tons résonnants de sa queue touffu, soulevant des paquets de ces anciennes ramures.

Défiant les yeux de la louve Solitaire, il ne chercha pas à la dépouiller de ses émotions, mais plutôt de défier son regard d’un air moqueur et impertinent qu’il n’osait prendre qu’avec elle. Railleuse, elle répondit sur un ton hautain, des paroles cuisantes qui ne lui ressemblait que de trop.

- Moins bien que lorsque tu n'étais pas là.

Hochant la tête, il coucha ses oreilles à la verticale, comme un lupin qui vient de perdre sa femelle. Prenant un air accablé par la tristesse et la honte, il l’a dévisagea d’un air qui en disait long pour celui qui saurait le décrire. Il s’approcha à pas de loup et vint délicatement lui toucher le bout du museau avec une affection palpable qui n’était sans doute pas réelle. Quoi que, pourquoi pas ne pas envisagé cette solution ?

Sur le ton de celui qui vient de tout perdre, le Solitaire annonça d’un ton déchirant :

« Te rends-tu compte de tes paroles blessantes ? »

M.O.O.N.

Le mâle noir remuait la queue, soulevant feuilles, sable rouge, tout un ensemble qui par la force du vent se précipita en un seul homme vers la figure de la solitaire. Un regard noir et assassin suffit pour arrêter la vague. La défiant du regard, il remuait encore un peu, par jeu. Quel gamin. Les yeux en larmes, c'était comme une rosée qui coulait sur son pelage gris-beige. Supportant les assauts de l'ouragan avec un air refrogné, elle frissona. Son pelage n'avait pas encore pris son manteau d'hiver, et par conséquent elle avait la sensation de vivre dans un bain glacé. La Rivière s'agitait démesurément, lui léchant les pattes. A force, elle finiraient par devenir rouge carmin... A cette possibilité, elle esquissa un sourire : elle aurait l'air d'avoir égorgé quelqu'un tout le temps...


Lorsqu'elle parla de son ton sec et coupant comme des crocs acérés, le mâle coucha aussitôt les oreilles en signe de soumission. Le regard implorant, il avait la tête d'un oméga suppliant qu'on lui laisse la vie sauve...ou d'un être déchiré par la peine...ou bien encore celle d'un loup incompris de tous ? Cependant, la philosophie n'étant pas la discipline préférée de la louve, cette dernière laissa tomber ses états d'âme et ne fit que prendre un air dégoûté de grande dame. Baissant la tête en la fixant toujours droit dans les yeux, il s'approcha à pas de loup avant de la frôler du museau. Surprise, la louve le regarda étrangement. Il prit la parole d'un ton empli de tristesse et de désespoir ou bien déchirant -qui était bien entendu feint :

<< Te rends-tu compte de tes paroles blessantes ? >>

Cette fois-ci, un sourire narquois orna les lèvres de la solitaire. Inazuma lui donnait l'occasion rêvée de jouer les puissantes, jeu qu'elle appréciait particulièrement en tant que grande sadique professionelle. D'un mouvement d'épaule, elle jeta le mâle à terre, le faisant perdre son équilibre et le mettant en situation de faiblesse. Posant une lourde patte sur laquelle elle mit tout son poids sur son thorax, l'empêchant de se libérer de son emprise. Se baissant légerèment, elle répliqua avec miel :

- Lady Moon ne dit que la vérité, et comme le dit l'adage, c'est la vérité qui blesse...

Grrr. Say the wolf.

La louve sembla surprise, émotion qui ne lui ressemblait pas quand sa truffe vint toucher le froid museau du loup noir. Rengorgé de fierté que, même si la solitaire se doutait qu'il feignait se geste, il ne put s'empêcher de la regarder une lueur de défi dans les yeux. Trop occupé par ses pensées arrogantes, il ne perçut pas le violent coup d'épaule qui le percuta de plein fouet, lui faisant perdre l'équilibre. Comme un loupiot vaincu par un léger choc, il tomba au sol, soulevant au passage des gerbes de feuilles, dont certaines virent le recouvrir. Pour combler sa faiblesse, une patte grise et forte vint s'appuyer sur son thorax, lui coupant la respiration. Ouvrant sa gueule pour récupérer l'oxygène qui lui manquait, lui happant le souffle, il reçut les paroles de Moon comme un fer chaud enfoncé dans la chair.

- Lady Moon ne dit que la vérité, et comme le dit l'adage, c'est la vérité qui blesse...

Elle avait abaissé sa nuque, et son souffle chaud venait lui embrumer les yeux. La louve avait répliqué ces paroles d'un ton mielleux et sans appelle, rappelant à Inazuma le côté sournois et hautain de la lupine. Agacée d'être soumis, il planta délicatement ses crocs, de manière à ce que Moon relâche la pression. Intrépide, il n'eut pas la patiente d'attendre la réaction de la louve qu'il roula du côté de son flanc gauche, renversant la Grise au passage. Fixant ses deux pattes antérieurs sur celle de la louve pour lui empêcher tout mouvement, il les plaça assez loin de sa mâchoire pour éviter que justice soit faite. Respirant à grand coup pour reprendre sa respiration étouffée, il savoura sa victoire présente et déclara à son tour d'un ton fier et sournois qu'il n'utilisait qu'avec elle :

« La vérité débouche souvent vers des actes. »

M.O.O.N.

Comme un enfant sans défense, un maigre loupiot inexpérimenté, comme un pantin sans vie, comme une pierre qu'on renverse sans qu'elle n'oppose la moindre résistance -si ce n'est son poids-, il bascula, les yeux ronds, trop préoccupé par son défi... Stupide animal sans cervelle, incapable de faire attention ! Et dire qu'il se croyait fort et puissant, ç'en était lamentable et ridicule. Le souffle coupé, il essayait en vain de reprendre sa respiration, encore sous le choc, sifflant comme un serpent étouffé... Il reçut ses paroles en pleine face, honteux et soumis, l'arroseur arrosé par son propre manège ! Ricannant, Moon le regardait avec un rictus, s'amusant follement de cette situation incongrue. Ses crocs blancs découverts, dans ses yeux luisait un éclat rubis, signe qu'elle n'était pas dans son état normal -à deux doigts d'abandonner la raison. Beau spectacle : les éléments déchaînés et un combat moral et physique entre deux âmes dominatrices...


Les yeux voilés, il n'avait pas l'air d'être au meilleur de sa forme. Noir comme Deamon, et pourtant si différent. Eternisant la pose, la louve poussa un gémissement de douleur et de surprise quand le mâle redressa la tête et mordit doucement sa patte. S'apprêtant à le museler pour l'empêcher de recommencer, Inazuma profita du fait qu'elle se baissait et qu'elle relâchait légèrement sa pression pour l'emmener dans une série de roulades qui eut pour effet que, sans qu'elle ne puisse savoir comment, la louve se retrouva sous le solitaire, crachant de dépit. Fixant ses pattes sur ses épaules, elle eut une douleur à ces dernières tant il y mettait tout son poids. Même en tordant le cou, elle ne pouvait lui rendre la pareille. Furieuse, elle grogna méchamment, histoire de faire comprendre à cet insolent qu'il allait devoir s'attendre à une correction digne de ce méfait. On ne plaisante pas avec la discipline...

Respirant amplement et jubilant d'être enfin libéré et d'être à présent le bourreau, le mâle, fier comme un paon, répliqua de sa voix sournoise -qui ne lui allait si mal, ma foi ! - :

<< La vérité débouche souvent vers des actes. >>

Quel était ce nouveau proverbe, sorti tout droit de sa bouche fétide et puante ? Prenant son air dégoûté, elle lui laissa quelques secondes de répit pour qu'il se déconcentre et par un mouvement de rage, elle souleva ses pattes et griffa frénétiquement les pattes du malfaiteur sur toute leur longueur. L'effet ne se fit pas attendre. En effet, Inazuma la libéra aussitôt, saignant déjà alors que la femelle s'en sortait avec à peine une mince cicatrice à la patte qui s'effacerait bientôt. Défiant le loup du regard, elle lui cracha violemment à la face, signe qu'il était en dessous d'elle -et qu'il n'était, pour ainsi dire, qu'un moucheron à ses yeux et qu'il avait intêret à bien se tenir si il voulait avoir la vie sauve.

M.O.O.N.

Une odeur de Nocturne parvint aux narines de Moon. Sans surprise, elle reconnut le parfum qui lui était si cher, celui de son frère de lait, le beau loup noir comme le charbon, aussi noir que la cave ou ils avaient noué une amitié pas comme les autres... Le coeur battant, les yeux brillants, la femelle détourna les yeux pour admirer celui qui lui était si cher. Elle seule pouvait le comprendre d'un seul regard. Ce qu'elle lut sur son visage lui fut révélateur : il luttait contre la Voix. Pourquoi la Voix lui menait la vie dure ? Elle était après tout sa meilleure amie... A moins que la Voix devienne sa rivale ? L'idée que sa rivale soit une partie de Deamon fit rire la solitaire. Elle devenait de plus en plus possessive avec le temps...

Le mâle s'approcha, marchant avec cette allure majestueuse, même si sa patte était à vif. Il était fou, il était sanguinaire, il était sadique, il était fort, il était parfait à ses yeux. S'il était parfait, c'était parce qu'il était comme elle -à ceci près qu'elle n'avait pas la Voix en elle. Pourtant, la Voix ne lui manquait pas. Même si elle n'était pas aussi fou que lui, elle n'avait pas besoin d'avoir quelqu'un pour effacer ses mauvais souvenirs. Elle les gardait et elle en faisait des armes, des couteaux à double tranchant. Chacun son truc : lui la Voix, elle la Vengeance. Restait à voir lequel était le plus destructeur -et pour l'instant, c'était la Voix qui gagnait haut la main.

Deamon lança un regard affectueux à sa soeur de lait, avant de lancer un regard diabolique vers Inazuma. Au moins, c'était sûr, il n'aimait pas plus qu'elle le solitaire. Pourquoi ne pas le nommer jouet n°1 ? Son premier jouet, premier punching-ball et celui avec qui elle avait des conversations intéressantes...

“Pitoyable créature. Tss. Cher cousin, tu es un idiot.”

La louve haussa un sourcil. Inazuma, cousin de Deamon ? Pas possible, il devait y avoir une erreur quelque part. Pourtant, en comparant les pelages, elle se rendit compte qu'ils avaient décidément un air de famille. Bah ! On ne s'étonne plus de rien, de nos jours... Le loup noir fourra son museau dans la fourrure de la femelle. Cette dernière lécha affectueusement son museau, câline -et puis pour voir la réaction d'Inazuma.

Le solitaire s'allongea dans la boue, se rendant encore plus ridicule aux yeux de Moon. Ne prêtant plus attention aux deux canidés, il commença sa toilette. Désirant jouer avec le feu, la louve gris-beige s'adressa à son frère :

- Deamon, cet insupportable garnement fait donc partie de la famille ? Décidément, nous n'avons pas de chance...

Elle ajouta, malicieuse, à son oreille :

- Je pensais le transformer en mon jouet numéro 1... J'ai ton autorisation pour le faire ?

Inazuma ne portait intérêt aux paroles du loup noir. La famille de sa mère était étrange. Calamitas, son autre cousin, avait tué ses parents, ses frères et soeurs. Ensuite, il avait tué le père de Kimi, Tsuki et Inazuma. Il y a peu, il avait tué Tsuki. Qui étaient les prochains? Car maintenant, il y avait six gosses en plus qui faisaient partie de la famille des malades. Ah. Les un trop fou, sanguinaire, trop doux, trop suicidaires.. Trop calme. Inazuma.

Par un temps aussi froid, le simple contacte avec un congénère donnait l'impression d'être glacé. Le nocturne profita de la chaleur de la louve. Il se rappelait certaines choses, horrible ou pas. Mais là, pour une fois, il se sentait bien. Ce n'était pas le pelage de Xara qui lui avait donné tant d'amour étant jeune. Qui lui donnait toujours autant d'amour, malgré les nombreuses fois où il l'avait attaqué. Menacé. C'était le pelage de cette louve, jadis loupiote. Le pelage de la seule pour qui la voix n'avait rien à dire. Non, interdiction formelle de faire d'elle un pion, un jeu ou un jouet. Les yeux fermés, il sentit la louve lui lécher le museau, et un souvenir lui revint. Le seul qu'il n'avait jamais oublié. Le jour où il lui avait donné ce nom. Moon.

Mélancolie. Tous étaient morts. Sauf eux. Et il l'avait abandonné chez ces humains.. chez ces créatures futiles et faibles. Qui sait ce qu'ils lui avaient fait subir. Qui sait ce qu'elle avait dû endurer. Le loup noir sentait en lui de la haine, profonde et vengeresse. Mais pas seulement à l'égard des bipèdes. À son égard aussi, car il l'avait abandonné. Et jamais recherché. Mais alors, sa voix qui lui semblait si douce, si agréable à entendre le calma instantanément. Oui, cet énergumène faisait partie de la famille.

"Malheureusement.. Mais il y a pire."

Sa chère soeur n'avait encore vu Kimi. Ni Calamitas, qui n'était en réalité pas mieux, vouloir détruire sa famille entière, en voilà une idée. Ensuite, il y avait les six petits de Kimi, horreur. Les deux petits monstres de Deamon, cataclysme. Mais son adorée Moon ne savait pas encore que Deamon avait une dizaine de frères et de soeurs d'adoptions. Il n'avait pourtant pas bougé, profitant toujours de la chaleur de la solitaire, profitant du contacte qu'il avait peur de perdre. Oui, il avait peur de perdre une fois encore celle qui lui tenait tant à coeur. Car si elle venait encore à disparaitre, il sombrerait. Le mâle leva alors la tête et regarda Moon dans les yeux. Oh, son regard étincellent, il avait failli oublier ce regard magnifique. Saleté de voix.

"S'il y a un être au monde qui a tous les droits, c'est toi."

Il avait envie de lui parler, autant. Il avait envie de sauter sur son dos, de la faire tomber au sol pour enfuir sa truffe dans son pelage. Et rester ainsi pour l'éternité. Si seulement il pouvait. Un chaos totale régnait à présent dans l'esprit du nocturne. Kyle, qui se battait pour le lien de famille. La voix angélique qui ordonnait une protection pour ce cousin. La voix diabolique, qui détestait Moon et qui ne voulait que la voir détruite. Et Deamon, respectant les idéaux de sa mère en ne pas touchant lui-même sa famille, tout en éprouvant un amour sans borne pour la louve grise en face de lui. Et pourtant, des quatre êtres qui se disputaient le contrôle de ce corps, Deamon était le plus dangereux. Les iris orange du loup se posèrent sur la rivière rouge.

"J'ai noyé Jessy dans cette rivière.."

Le loup ne bougea d'abord pas, mais ne termina pas sa phrase. Et puis, il contourna la louve grise pour se diriger plus près de la rive, mais après quelques mètres, il s'arrêta.

"Je me demandais si je saurais les noyés, elles aussi."

Naturellement, un tel discours n'avait ni queue, ni tête. Si on connaissait l'existence d'une des voix, peut-être pouvait-on comprendre. Mais pour l'instant, le loup avait semblé oublier que Moon pourrait comprendre. Il avait l'habitude de dire des choses qui n'avaient de sens que pour lui. Les autres ainsi le traitaient encore plus de fou. Mais il ne se réalisait plus d'où il était et pourquoi. Quatre êtres dans un corps, un esprit. Toujours un au contrôle, le plus fort. Mais que faire, quand personne ne contrôlait le corps du canidés? Qu'était-il alors? Un fantôme sans âme ni esprit, une carapace vide et un être perdu. C'est dans cette condition que le loup se trouvait actuellement, entre le contrôle de Deamon et le néant. Pourquoi aucune voix ne prenait-elle le contrôle? Il secoua alors la tête, encore.

"Combien de temps te faudrait-il, Inazuma, pour te noyer?"

Folie, un fou, à peine, voyons.

• Des voix. Tourbillonnant sans cesse dans la tête du mâle. Ah oui c'est vrai, son cousin. Triste famille que d'avoir un meurtrier ... Il parlait de prénom qu'Inazuma ne connaissait pas. Parmi tout cet amalgame de phrases, il ne perçut que la plus innaudible, la plus faible d'entre toute, murmuré à l'oreille de Deamon par Moon.
  
  - Je pensais le transformer en mon jouet numéro 1... J'ai ton autorisation pour le faire ?
  
  Haha. Quelle trace d'humour. La partie risquait d'être plus plaisante que prévu. Qui serait le jouet de l'autre ? Certes, le lupin passait pour faible aux yeux de tous, mais qui a dit qu'il l'était vraiment ? Un sourire sournois se dessina sur ses babines. Il devait partir. Sa famille le gênait plus qu'autres choses. Avec lenteur, il se leva et s'ébroua pour laisser tomber les gouttes de boue qui s'étaient accrochés à son pelage hirsute. Sans un mot, ni un regard, il se dirigea vers les buissons sombres et disparut.
  
  

  HRP:

M.O.O.N.

Inazuma, un sourire aux lèvres, s'éclipsa. Avait-il été vexé par la question de Moon à Deamon ? L'avait-il seulement entendue ? La femelle en doutait. De toute façon, maintenant qu'il partait, sa seule préoccupation devenait Deamon. Son cher Deamon, son amour, son préféré, son chéri. Pas à la manière d'une amoureuse, non, non. L'amour n'existait pas dans le coeur si tendre de la belle Moon. Du moins elle espérait qu'il n'existe pas. Ce qui la reliait à l'ancien Kyle et le nouveau Deamon, c'était le lien fraternel qui existe dans les familles. Enfin pas n'importe quelle famille ; dans les familles qui sont si proches que leurs membres semblent communiquer par télépathie.

"Malheureusement.. Mais il y a pire."

La femelle haussa le sourcil. Y avait-il pire ? Non, le mâle noir se moquait d'elle, impossible ! Qu'est-ce qu'il y avait encore comme énergumène dans cette famille de fous ? Un masochiste, un autre sanguinaire, un tueur, un débile mental, un violeur ? Toutes les possibilités existaient après tout. Décidant de ne pas lui poser de questions pour l'instant à ce propos, elle eut un large sourire en entendant le Nocturne prononcer ces mots :

"S'il y a un être au monde qui a tous les droits, c'est toi."

C'était décidé, Inazuma serait son premier jouet officiel. Il aurait sa protection, certes, mais il devrait aussi supporter ses moindres caprices et sautes d'humeur, or cela n'était pas si facile que cela en avait l'air. Elle n'avait jamais été le jouet de personne car elle savait que c'était particulièrement énervant ; les autres étaient ses pions, elle était le Maître du Jeu. Avec son frère, le cher Deamon, la prunelle de ses yeux.

Ecoutant le mâle partir dans sa folie, elle eut un triste sourire. Longtemps le loup noir avait vécu sans personne pour comprendre sa Voix, pour le comprendre lui. Il avait oublié qu'il y avait une, et une seule personne qui connaissait la Voix. Contournant la solitaire, il s'approcha de la Rivière, son regard orange fixé sur l'eau opaque. Il avait oublié que Inazuma s'en était allé ; il avait oublié Moon ; il avait oublié qu'une présence était près de lui, une présence qui pouvait causer la perte de la Voix. Délirant, il parlait dans le vide, convaincu que personne ne comprenait. Pourtant, Moon avait compris.

- Tu ne peux t'en séparer. Quant à Inazuma, il se noyerait en moins de deux, c'est un incapable.

[Désolé...c'est nul, pas d'inspi.]

L'insecte partit. Sage décision. Car bien qu'une grande partie de son être lui rappelait sa mère et son amour pour elle ainsi que pour ses principes.. Une autre partie lui criait que haine et rage. Deamon était possessif, mais l'idée que son cousin 'la chose' au toucher Moon aurait suffit à lui faire perdre chaque sens de principes quelconques. On ne touche pas à la famille du méchant loup noir. Quoi, Inazuma de la famille? À Kyle, oui, à Deamon, non. Et sa chère solitaire qui comprenait le sens de ses paroles. Le loup eu un mauvais rictus. Inazuma ne tiendrait certes longtemps. Famille de fou, peut-être, mais le solitaire n'avait pas l'air aussi.. timbré que les autres.

De mélancolie à folie, de folie à mélancolie. C'était une véritable épreuve de rester près de la louve. Ne fusse que pour son équilibre mental qui en prenait chaque fois un coup. Et pourtant. Le loup se tourna et la regarda. Inazuma ne pas aimer Moon, ou ne pas l'apprécier? C'était une louve, elle était devenue magnifique. Bref, le nocturne aimait encore moins l'idée que l'autre sac de chair s'intéresse à sa Moon pour de telles raisons. Comme un grand-frère trop protecteur. Et l'idée amusait le canidé. Il eu un sourire doux et moqueur à la fois, jouant la carte 'vexation'. Tout n'était pas jeu, mais les deux canidés présents jouaient au même jeu. Eux les tout puissant, le reste des pions sans importances.

"L'incapable t'as quand même mordu la patte."

Petit ton dans la voix qui indiquait son 'humeur' bien joueuse, et en même temps qui dévoilait une légère frustration. Ce n'était pas le but. Mais quand on dit qu'il s'attribue tout les droits, on ne peut y oublier le droit que lui seul ai le droit de mordre sa petite Moon.

La femelle sentit que sa voix avait un effet bénéfique sur Deamon. Lorsqu'elle lui parlait, il redevenait un loup comme kes autres, sans Voix si folie douce. Elle avait le don, le pouvoir, de le ramener à la réalité, à la vie. Si elle avait été là dès le début, la Voix serait-elle venue ? Probablement pas. La Voix n'aimait pas Moon, la Voix voulait la mort de Moon, bref, elles étaient des ennemies, des rivales, toutes deux folles du même et seul unique loup, Deamon. C'était SON Deamon, si seulement la Voix pouvait comprendre ! Mais la Voix faisait à présent partie de lui, elle ne pouvait partir. Mais la solitaire avait rancune tenace : elle ne lâcherait pas le morceau avant Elle.

"L'incapable t'as quand même mordu la patte."

Le mâle la taquinait, s'amusait d'elle. Pourtant, la grise s'en fichait ; elle n'avait que faire de ce qu'elle aurait pu prendre pour des piques acérées ; elle savait que c'était leur jeu. Cependant elle remarqua avec étonnement un arrière-goût agressif et jaloux ; le loup noir était-il devenu un rival de Inazuma ? C'était stupide, Deamon était son frère et Inazuma son jouet, c'était tout simplement trop bizarre pour être vrai. Insouciante, elle répliqua :

- Il faut bien que je me repose de temps en temps.

[Il est censé venir dans l'autre non ? Mais si tu veux il peut venir ici.]

La femelle vit le regard du Nocturne redevenir neutre comme d'habitude. Il comprenait, un seul regard suffisait à résumer une situation démangeante ou une joie immense. En l'occurence, il pouvait comprendre qu'elle aime à se laisser détruire pour mimer les combats. Si elle ne se reposait jamais, elle gagnerait toujours sans le moindre changement. Il lui fallait du piment, alors elle se laissait aller. Sinon, la vie serait tant ennuyante ! En réalité, la vie n'était rien sans Deamon. A moins que... ?

"J'espère que tu ne te reposes pas trop, alors."

Moon sourit, amusée. Elle savait que le guerrier détestait qu'on la touche, alors la mordre, c'était du blasphème ! Agitant la queue, elle essaya de transmettre par son attitude qu'il n'avait pas à s'en faire. S'il y avait des dérapages, elle saurait se débrouiller ; après tout elle avait longtemps vécu seule et sans attaches, à son plus grand désespoir d'ailleurs. Ecoutant d'une oreille peu attentive la suite, elle gloussa comme une gamine :

"Et si tu veux des jouets, j'en ai assez pour les partager. Sauf la meute nocturne, quoique, les autres loups sont.. pitoyablement ennuyant."

- J'ai vu ça. Un peu stupides aussi non ?

La louve gris-beige n'aimait pas les Nocturnes, et encore moins Blood Fall ou Lakota, tout simplement parce qu'elle les considérait comme étant imbus d'eux-même, ce qui n'était pas faux. Certes, elle leur ressemblait un peu, avec son caractère de sale gosse, mais elle estimait qu'elle était beaucoup plus intelligente et mature qu'eux. Ils n'avaient rien compris à la vie, et elle aussi. Mais elle avait tout compris à la Mort et pas eux. Elle n'était pas fière de cette différence, et pourtant c'était ce qui la grandissait face aux Nocturnes, à son grand regret.

Soudain, la femelle sentit une autre odeur Nocturne que celle de Deamon. Inquiète, elle se releva, fronçant le museau. Lâchant son chéri du regard, elle observa les alentours, aux aguets. Plissant les yeux, elle marmonna à l'adresse de son camarade :

- Y'a un de tes amis dans le coin.

La louve grise n'écoutait plus Deamon. Elle savait juste qu'un Nocturne était là, et elle les détestait. Elle avait envie de n'être qu'avec Deamon. Que cet imbécile s'en aille, comme l'avait fait le solitaire. Mais non, le loup s'approchait ; il avait manifestement envie qu'on le tue. Parfait, elle allait s'en charger ; son camarade jouerait les spectateurs. Bandant ses muscles, elle attendit que son adversaire surgisse des fourrés pour l'attaquer promptement.

Rien ne se passa comme prévu. Le mâle sortit de sa cachette, bavant avec une indécence que Moon détesta dès le départ. Dégoûtée par l'animal, elle allait lui sauter dessus quand un événement improbable se produisit : le Nocturne commença à être secoué de spasmes et Deamon changea brusquement d'attitude. La solitaire ne comprenait plus rien, elle avait perdu la maîtrise des événements, elle n'entendait pas les marmonnements du malade.

Cependant elle décrocha son attention de ces étrangetés, bien décidée à en finir. Grognant avec fureur, Moon bondit lestement, atterissant brutalement sur le loup noir. Le saisissant à la gorge, elle clama haut et fort, contrairement à ses habitudes qui l'obligeaient à jouer avec la nourriture :

- Tais-toi ou je te bouffe.

[Nul, désolé]