Where began the dreams ?

La jeune louve se réveilla, épuisée. La lumière de l'aube se glissait, telle une passagère clandestine, entre son pelage et sa peau. Dure réalité que le jour et la nuit. Comment échapper à ce rythme infernal ? Mourir, là seule était la solution. Mais de ce long voyage, de ce trou noir béant ou s'engouffraient ses victimes, de cette maison ou cliquetaient les os, ou les cadavres dévorés par les charognards s'agitaient faiblement, de cet inconnu semblable au monde des loupiots qui est obligé de s'agrandir, de cette grotte ou l'on ne revenait pas, de ce tendre sommeil, comment pourrait-on en sortir ? Car là était la question et là on ne pouvait y répondre, à moins de tenter le "voyage".

Ces questions, il n'y avait même pas une semaine, la guerrière Ciel ne se les posait pas. En fait, elle se les posait depuis belle lurette, mais pas de la même manière. Tout cela lui était famillier. Mais avant, elle ne les voyait pas de la même façon. Autrefois, la question était : " A quoi sert la mort ?". Question auquelle elle répondait : "A faire le ménage et à laisser d'autres âmes faire l'expérience de la vie". A présent, la question était : "A quoi sert la vie ?". Et là, la louve blanche et grise n'avait pas la moindre réponse, même pas un croquis, même pas une hypothèse, si ce n'est un : "A vivre ?" hésitant et puéril.

Non pas qu'elle soit devenue sucidaire, au contraire. La vie était pour elle une source de joie. Mais au fond, elle se sentait extérieure aux autres, entre Kimi qui vivait un peu "comme ça" et Deamon qui ne pensait qu'à détruire, elle ne retrouvait personne qui soit dans le même cas qu'elle. Quant à sa soeur, malgré sa différence qui aurait pu l'aider, elle était tellement bizarre que ce n'était pas un exemple sur qui on pouvait compter. Laëra n'avait jamais fait confiance en elle, de toute manière.

Traversant les terres Ciels, la louve se dirigeait vers les terres Aventureuses. Au diable les territoires, personne ne les respectait de toute manière. Enfin ils les respectaient à moitié. Par exemple, personne ne s'aventurerait sur les terres Nocturnes à moins d'être véritablement cinglé. En tout cas, elle ne le ferait pas : trop dangereux. Par contre, tout le monde se baladait chez les Tranquilles, parce que tout le monde s'en fichait. Pourtant, la guerrière Ciel se dirigeait chez les Aventures, me diriez-vous. Bah, elle était déjà allée dans la Savane, alors... ou était le problème ? Seul le premier pas est le plus dur. Après, c'est du gâteau.

Plus exactement, la louve se dirigeait vers la Mer. Sans doute pour s'entraîner à pêcher en dehors du Lac. Glissant à moitié sur les pierres, la guerrière manqua à plusieurs reprises de tomber lamentablement. Dansant sur les algues pour se pas se retrouver dans l'eau, elle tenta d'attraper un poisson qui passait par là. Pas facile d'appliquer des conseils académiques quand on ne tient pas debout. Raté, donc. Cette fois-ci, la louve essaya de se concentrer un peu plus. Un nouveau banc de crustacés passa...De l'eau jaillit, du sang avec, -mmh c'est gore- et le poisson tout frétillant se retrouva sur la berge.

Je m'apprêtai à le déguster comme premier repas de la journée, qui promettait d'être léger, vu que le poisson n'était pas énorme non plus quand une ombre se dessina sur l'onde claire, accompagnée d'une odeur Aventure...

I don’t know. But I think that everybody in this sky can answer…

Je me retournai lentement, encore enveloppée par la sphère du sommeil, cette bulle qui donne une douce sensation de légèreté agrémentée d’un ralenti et d’un battement des paupières réguliers. Cette attitude donne, le plus souvent, à voir le moins bon des gens. Mal réveillée, mes gestes étaient encore sous l’effet du soporifique des rêves. Mon sixième sens en éveil, les autres endormis, j’étais prête à discuter de tout et de rien, mais pas à me battre. Il y avait donc intérêt à ce que ce loup Aventure soit un minimum pacifique.

En face de moi se trouvait en réalité une louve, avec tous ses attraits qui en auraient séduit plus d’un. Le corps robuste et musclé, on sentait qu’elle avait fait du chemin. Je n’aurais pas été étonnée de voir ses coussins craquelés tomber en morceaux. D’un pelage blanc éclatant qui était un peu jaune au niveau des pattes, sûrement à cause de la substance suspecte présente sur les rochers. Ses griffes affilées crissaient à peine sur le roc. Sa queue touffue bien droite, signe qu’elle était maître de cet endroit, contrastait avec son museau noir d’encre retroussé et son air intrigué. Se posait-elle les mêmes questions que moi ?

Elle avait beau être belle, elle ne risquait pas de me séduire. Je suis une louve, tout de même. Son allure m’impressionnait quelque peu. Elle n’avait pas l’air fatiguée, pourtant…elle avait des relents inconnus dans sa fourrure, donc elle avait voyagé. D’où venait-elle ? S’était-elle éclipsée un moment dans des contrées d’ailleurs avant de revenir vers son pays natal ? Mais pourquoi donc s’en aller pour revenir les bras ballants ? En tout cas, elle était sacrément silencieuse. L’eau clapotait, certes, mais ce bruit ne suffit pas pour masquer les grincements des griffes contre la roche. Bref, j’étais passablement inquiète. En plus, ce n’était peut-être pas une Nocturne, mais franchement…je connaissais un Aventure capable de faire de l’ombre à Deamon.

Estimant que je ne gagnais rien à garder le silence, je décidai d’ouvrir la bouche. Pesant mes mots, réfléchissant, je voulais créer une atmosphère calme mais dynamique, que je comprenne d’où sortait cette Aventure. Sans la froisser, évidemment, ce qui était le principal problème.
Mieux valait-il sourire ou garder une expression neutre ? Mmh, sourire était un atout pour rester dans de bons termes même si cela tournait mal. Une expression neutre peut-être interprétée comme de l’hautaineté. Sourire, donc. Je découvris mes dents blanches en espérant que cela ne serait pas interprété comme un rictus.
Mieux valait-il se présenter et lui demander but-en-blanc qui elle était, ou commencer par quelque chose d’anodin ? Se présenter fixait les choses directement, et cela risquait de paraître un peu froid. Commencer par quelque chose d’anodin, oui, pourquoi pas. Ridicule mais utile, de toute façon ça ne tue pas.

Souriante, donc, pensant que me baigner me ferait les idées claires – et renonçant momentanément à ce projet-, je fis, apparemment innocente :

- Un peu frais, ce matin, n’est-ce pas ? Envie de manger un peu ? dis-je en désignant le poisson qui commençait à agoniser.

But you are in this sky too, aren't you ?

Après avoir tenté de se renifler -peut-être avais-je trop reniflé l'air ?-, l'Aventure laissa tomber sa tentative. Elle me rendit mon sourire. Ses lèvres charnues dévoilèrent à son tour des crocs, bien aiguisés. Heureusement qu'elle n'avait pas l'intention d'attaquer, sinon j'aurais été dans une mauvaise posture...à coup sûr, sa mâchoire devait être très puissante. L'enviant légèrement, je fus rassurée : elle n'avait pas l'air d'être prête à attaquer, mais plutôt encline à commencer une conversation; un bon point de plus ! Cela commençait plutôt bien, restait à savoir comment elle allait se comporter par la suite, ce qui serait déterminant.

Fléchissant les pattes, je crus au départ qu'elle allait goûter le poisson, mais à ma plus grande surprise, elle le retourna et le poussa du museau...vers moi. Pour une louve qui venait de voyager, c'était étonnant qu'elle n'en veuille pas; peut-être qu'elle ne voulait pas manger de la nourriture pêchée par une Ciel ? Abasourdie, je dévisagea l'inconnue, ne cachant pas mon étonnement. Avait-elle mangé récemment ? C'était probable, car son pelage, malgré le fait qu'il soit épais, montrait qu'elle n'avait pas la peau sur les os. Pour autant, elle n'était pas grosse, heureusement pour elle.

Je me demandai à quoi je devais ressembler, depuis les yeux d'une Aventure. Elle devait me considérer comme étant jeune. En même temps, son corps était celui d'un loup adulte, et elle avait l'allure d'un mentor, mais un mentor expérimenté, plus vieux que Echo par exemple. Je devais être frêle pour elle, vu comme elle était musclée... Pourtant je n'étais pas une gamine, non plus ! En plus, j'étais en pleine forme, le pelage lustré, et des bosses se formaient aux membres et au poitrail. Voyant qu'elle s'apprêtai à parler, j'interrompis le fil de mes pensées contradictoires.

" Je ne trouve pas, ou du moins j'ai connu pire. Je me vois obliger de décliner votre invitation vu mon manque d'appétit, mais je vous remercie de votre partage. Je me nomme Lueur, guerrière et mentor des Aventures comme vous avez pu le sentir et vous ? "

Puisqu'elle ne voulait pas de mon poisson, autant le manger ! pensais-je. Je pris donc une bouchée, remplissant mon ventre de la bonne chair. Bon ce n'était du saumon, mais je m'en contenterai jusqu'à la fin de la matinée. Ainsi donc, je ne m'étais pas trompée : c'était une mentor. Par contre, je n'avais pas réfléchi à son rang, mais maintenant que je le connaissai, cela me paraissait évident : elle avait à peu de chose près la même silouette que moi, donc c'était mon futur, en quelque sorte -physique et non moral-. Je fus quelque peu étonnée de sa manière de parler : habituellement, c'était moi qui parlait de manière soutenue et non pas l'inverse...mais j'étais contente de trouver une Aventure dans le même genre qu'Echo et moi. Je répondis après avoir avalé mon morceau :

- Je suis Laëra, guerrière des Ciels comme vous vous en êtez sûrement douté. Mais dites-moi, vous m'avez l'air de venir d'autre part...voyagez-vous beaucoup ?

[Faut pas chercher, mes répliques sont nulles >.>]

If I'm in this sky, I can't be here with you.

La mentor, perplexe, me dévisagea avec suspicion. Se demandait-elle si j'étais digne de confiance ? Son silence accentua mon désir d'en savoir plus. Ma curiosité était piquée, et je devais absolument savoir ce qu'elle cherchait à me cacher. Il fallait par tous les moyens que je comprenne d'ou elle venait, quand et pourquoi; ce genre de questions je me les posais souvent. Mais la moindre information obtenue pouvait être utile. Restant impaissible, j'attendis qu'elle trouve quelquechose à répondre.

Manifestement, la louve décida de faire confiance en ma personne et cessa de me fixer avec insistance pour à présent regarder dans le vague. Cherchait-elle un mensonge ou ses mots pour exprimer la vérité ? Les deux étaient tout à fait possibles. Maintenant que les chefs de meute choisissaient des espions à l'insu de tous et les envoyaient gambader au-dehors récolter de précieuses paroles ou accomplir de nombreuses missions, chacun calculait ses réponses en fonction de son interlocuteur. Mais je n’eus pas le loisir de m’étaler sur la question ; la louve blanche me répliqua :

- << Non, ce n'est plus à présent dans mes habitudes, mais je peux vous confier que ça l'était, et que ce nouveau voyage dirons-nous était plutôt pour faire un sorte de page blanche. >>

Hm. Une page blanche, un break, une sorte de sortie du monde, un pèlerinage intime pour faire le point sur son existence, j’avais failli le faire. Mais j’y avais renoncé, estimant qu’il fallait mieux ne pas m’écarter de ma meute en ces temps troublés. Groupés, les loups ne risquent rien face à un humain, même armé. Seul, un loup a autant de chances de survie qu’un moineau face à un dominant.

De plus, j’étais sortie de ma longue période de déprime pendant laquelle Deamon, Reina, et leurs semblables s’étaient amusés à me titiller, me rendant toujours plus maussade. A présent j’étais suffisamment joyeuse et « armée » psychologiquement pour leur rendre la monnaie de leur pièce s’ils s’avisaient de recommencer. En plus, mes relations avec Prue me rendaient, disons, plus apte à m’énerver et à devenir sadique comme eux. Leurs armes étaient leurs points faibles. Très bien.

La louve ne m’avait posé aucune question en retour. Elle n’attendait pas de moi quelque chose comme je l’avais fait. C’est là qu’on reconnaît les personnes ouvertes et généreuses : elles donnent sans rien demander. Plongeant mon regard dans celui de Lueur, bleu & profond, j’y lus l’attachement, la sincérité et l’expérience de l’âge. Respectueuse, je n’osai pas demander autre chose, ne sachant que dire. Puis je soufflai :

- Connaissez-vous Echo, la guerrière et mentor Aventure ?

Why not ?

Lueur, pendant mes nombreuses réflexions, plongea dans l'eau. Frétillant la queue à l'idée de faire de même, je la regardai enfoncer ses pattes dans le sable fin et doré. Le bruit des pas sur le sol s'arrêtèrent et furent remplacés par un bruit d'éclaboussures sonore. En fait, elle était pas si discrète que cela, l'Aventure. Son pelage mouillé était à présent collé contre sa peau. Encore un peu et la guerrière allait être obligée de nager. Manifestement, elle s'y préparait quand je fis allusion à Echo.

Aussitôt, je me pris en pleine face une énorme vague : Lueur venait de se retourner, surprise. Les oreilles collées sur la tête, j'entrepris de me glisser dans l'eau à mon tour, maintenant que j'étais mouillée. Secouant énergiquement la tête dans l'espoir que mes oreilles se décolleraient, je ne regardai plus du tout Lueur. Reniflant la surface de l'eau, je me demandai quel goût avait la Mer. Je n'allai jamais là-bas, et c'était donc une première.

J'en pris une gorgée, avant de la recracher aussitôt, dégoûtée. Pouah ! L'eau, contrairement à celle du Lac, était terriblement salée. J'entrepris de me nettoyer la langue pour y retirer les débris de sel, en vain : ma patte avait également touché la substance horrifiante et était donc également contaminée. Résultat, j'avais encore plus le goût de l'eau de mer en bouche. Je me promis de ne plus jamais boire de ce liquide maudit.

Manifestement, Lueur connaissait bien Echo puisqu'elle ouvrit la bouche pour me répondre d'une voix chantante :

<< Echo ... Une louve que je voie comme une sœur. Je la considère avec respect, et c'est pour moi une très bonne amie. Et vous si ce n'est pas trop indiscret... La connaissez-vous ? >>

Echo, la connaître ? Oh que oui, pensais-je. Ainsi donc, elles s'entendaient bien ? J'esquissai un sourire, heureuse. Cela me faisait penser à une conversation que j'avais eu un jour avec Naïo, un chasseur Ciel. Après avoir discuté âprement d'amitié, nous étions arrivés à un désaccord qui nous avait valu bien des éclats de rire. En effet, Naïo m'expliquait qu'il n'était pas forcément ami avec les amis de ses amis. Aussitôt, prenant la mouche, j'avais répliqué que j'obéissai à cette règle. Ironique, il avait répondu : "Et si ton ami est l'ami de ton ennemi et que ton ennemi est l'ennemi d'un de tes amis, qui fera-tu ?"

Depuis cet instant, j'avais réfléchi. Et j'en étais arrivé à la même conclusion : les amis de mes amis restaient mes amis, point barre. En l'occurence, Lueur était l'amie d'une de mes meilleures amies, Echo. Donc Lueur était déjà une amie pour moi. M'approchant en formant de petites vaguelettes, je toucha son museau et répondit :

- Echo est également mon amie et peut-être la meilleure. Vous êtes son amie et donc la mienne. Considérez-vous comme étant invitée à passer de temps en temps sur mes terres.

You are a little girl so imaginative.

Lueur me regarda un instant, troublée par cette déclaration. Lisant dans ses prunelles comme dans un livre ouvert, je devinai la cause de sa gêne. Elle pensait avoir affaire à traitement de faveur uniquement à cause de ses relations et non pas pour sa propre personne. "Elle n'a pas tort", pensais-je en me mordant la langue. Pour me défendre, je répliquai à cette triste conclusion : "Mais si elle avait été horrible avec moi, je n'aurais pas dit ça !". Mais je fus obligée de constater que dans ce cas-là, j'aurais aussitôt pardonné son 'erreur'. En même temps, je n'avais jamais connu de personne qui soit l'ami de mon ami et que n'aime pas... Mais j'eus aussitôt un exemple flagrant en tête : Deamon. Je le détestai depuis la tendre enfance et c'était un ami d'Echo. Non, il fallait vraiment remettre les pendules à l'heure...mes petites traditions étaient dépassées.

La louve immaculée cacha rapidemment son malaise. Mais cela n'avait pas échappé à la louve que j'étais. Mes talents qui auraient pu me rendre espionne ne me demandaient pas mon avis. Ils enquêtaient et m'obligeaient à entendre ou comprendre les choses d'une manière qui me répugnaient. Je voyais les sous-entendus mafieux partout. Si cela continuait ainsi, je finirai par devenir paranoïaque.

Après cet instant de gêne, la mentor Aventure reprit en main la conversation et la mena vers un terrain qui me fit sursauter :



« Vous êtes mon amie par les qualités nombreuses dont vous faites preuves, et je vous porte dans mon cœur, je jure que je ne vous chasserais jamais des miennes… Mais dis moi, tu avais une mine perturbé quand je suis arrivée, puis-je savoir à quoi est-ce dû ? »

Tout d'abord, Lueur avait accentué sur le fait qu'elle la considérait comme son amie pour sa propre personne. Une manière douce de lui montrer que ce n'était pas à cause d'Echo qu'elle l'acceptait. J'étais contente que la louve blanche m'apprécie, mais la manière dont elle le présenta me fit regretter la manière dont je lui avais présenté mon amitiée naissante. Mais je ne pouvais plus faire marche arrière, ce qui était dit était dit !

Passant du vouvoiment au tutoyement, je compris que la mentor voulait dire par ce changement de comportement que j'étais passée du statut 'totale inconnue = méfiance' au statut 'amie = familiarité'. Mais ce changement n'imposa pas un changement de language. La louve restait toujours aussi polie et élégante. "Si seulement je savais parler avec le même charisme, je serais déjà chef de guerre !" pensais-je avec envie. La façon avec laquelle s'exprimai la louve blanche était si naturelle qu'on aurait dit qu'elle était née avec. Pas du tout la même Lueur qu'autrefois...

Soudain, j'ouvris de grands yeux éberlués. Cette louve, je la connaissai autrefois. Je l'avais rencontrée avec Jessy, la jeune louve Tranquille... Mais à l'époque, Lueur était coupante et sèche, se cachant derrière un mur d'antipathie. J'avais su déchiffrer ce comportement agaçant et avait reconnu une personne sympathique derrière la louve arrogante. Mon dieu, ce qu'elle avait changé !

Secouant la tête pour oublier ces vieux moments d'adolescence, je voulus répondre à sa question. Mais que lui dire ? Que je réfléchissai, du haut de mes quelques années, à des questions qui n'avaient plus de sens ? Comprendrait-elle seulement ma quête de réponses à des interrogations datant des débuts du monde ? Peut-être que oui, peut-être que non. De toute façon, pourquoi lui mentir ? Cela ne servirait à rien. Autant tenter de lui expliquer. Essayer était déjà une bonne idée.

- Je cherchais des réponses à de vieux questionnements, tels que "A quoi sert la vie ?" ou "A quoi sert la mort ?". Bien évidemment, je n'ai pas cherché à répondre à une autre de ces questions, comme "A quoi servent les Nocturnes, à part à massacrer les Hommes ?" , ironisai-je avec un petit rire amer.

[Sorry, cela fait longtemps que je n'ai pas RPé, donc c'est plutôt moyen ^^]

La louve blanche me regarda, l'oeil dans le vague comme vitreux. Mes paroles avaient l'air de la toucher au plus profond de son âme. Pouvait-elle seulement comprendre mon opinion ? Peut-être pas. Nos nombreuses différences nous empêchaient d'être véritablement en phase. Que ce soit Echo ou Lueur, aucune des deux ne pouvait la comprendre totalement. Elles pouvaient réussir à effleurer son coeur partiellement, mais jamais elles ne pourraient assembler toutes les pièces du puzzle qui faisait de moi un être unique. Même le clone de moi-même ne serait pas capable de me cerner. La nature est bien faite, nul ne peut vous percer à jour totalement...

<< La vie comme la mort peut être décrit comme quelque chose d'atroce. On en a peur, on l'a craint, car on ne sait rien d'elles. Elles nous poursuivent, sans cesse, et nous attende, passivement. La mort est un infinie, mais peut-on peut-être peu on y trouver une fin ? C'est pour ça que l'on les craint, car l'on ne les a pas rencontrée. Un solitaire peut faire peur, mais une fois rencontrée, peut-être s'avérera t'il plus accueillant que l'on ne le croyait ? Peut-être qu'une fois la mort affrontée, peut-on se laisser bercé dans ses bras ... >>

La vie, atroce ? Logiquement, la vie devrait être un long laps de temps entrecoupé de moment de bonheur et de moment malheureux, le reste étant neutre. Beaucoup de moments comme dormir, manger, chasser, des moments ni heureux ni horribles. Comment savoir dans ces cas-là si la majorité de notre vie est mauvaise ou bonne ? Selon moi, la majorité de notre vie est neutre, dénuée de sentiments. Est-ce que l'on pense à quelque chose quand on dort ? Oui. Alors ces moments ne sont pas neutres. Contradiction avec ce qui est dit plus haut.

En conclusion on pourrait dire que pour des pessimistes la vie est triste et morne, pour des optimistes la vie est une longue série d'instants de joie. Reste les philosophes qui n'ont toujours pas de réponse. Enfin si; bonheur & malheur sont tout relatifs. Donc la mort l'est également. Mais, si vous êtes sceptiques, je vous accorde une démonstration.

La mort est une inconnue. Selon Lueur elle est effrayante au départ mais ensuite accueillante. Mais comme le bonheur et le malheur sont tous deux relatifs comme nous l'avons dit plus haut...alors la mort, comme tout autre ensemble, est relative. D'un individu à l'autre, elle sera douce ou mauvaise. Vous voyez donc que j'avais raison.

C'est en ces termes que je lui répondis donc :

"Certes, tu as fort raison : c'est parce que nous ne la connaissons pas que nous en avons peur. Et la vie, nous la connaissons mais puisqu'elle n'est jamais la même, comment savoir si elle est bonne ou horrible ? Je pense que tout cela n'est ni bon ni mauvais, le monde n'est ni noir ni blanc. Dans chacun de nous réside une partie de mal et une partie de bien; même si certains individus sont plus gris foncé que gris clair. Tout est relatif. Voilà ce que j'ai vu dans ces longs jours de méditation. "

[Au moins j'ai répondu...]