Je sentais l'herbe fraiche me caressait le visage au gré du vent délicat qui berçait cette ronde verdoyante. Mon corps pâle était étendu et se dévoilait au rayons clairs du soleil qui s'amusait avec les nuages blancs du ciel de midi. Je profitai au maximum de cet instant de calme et de tranquillité dont les loups tranquilles en bénéficient bien souvent. Le silence régnait en maître dans cette ronde de végétation rompu de temps à autre par le chant doux des oiseaux. Même si je ne les voyais, je savais qu'ils étaient perchés sur les nombreuses branches des arbres qui m'entouraient. J'écoutai attentivement le chant mélodieux des volatiles ainsi que celui plus discret du vent qui me berçaient dans mon léger sommeil. Mon visage fut illuminé par mon sourire radieux et malicieux. Il fut accentué par le soleil qui semblait remporter son jeu face aux nuages de neige qui envahissaient le ciel bleu brillant. Un ciel qui faisait presque mal aux yeux, comme celui qui est entièrement blanc lors les jours froids de neige d'hiver. Mon repos semblait imperturbable et d'une paix intérieure presque inimaginable.
Soudain, j'entendis des pas non loin de là. Je pensais que ce n'était que ceux d'un animal qui ne faisait que passait mais mon regard s'activa à nouveau lorsque je perçus une odeur peu commande. J'ouvris donc grand mes yeux bleus et me relevai rapidement. J'observai la ronde encore et encore pour espérer apercevoir quelque mais en vain. Je calmai ma respiration et vit une silhouette blanche postée derrière les arbres. Je redressai la tête et reconnut son odeur. Il faisait de la meute qu'on appelait celle des Nocturnes. Je voyais bien qu'il n'avait pas l'air amical. Je ne pris pas pour autant la position d'une soumise. Aucun de nous n'est sur son territoire donc, je n'ai pas grand chose à craindre de lui. Je lui lançai :

" Bonjour à toi, je m'appelle Blue et je fais partie de la meute des Aventures et toi tu es bien des Nocturnes ? Comment te nommes-tu ? "

Je gardai une position sereine et un peu arrogante sans pour autant le vouloir. C'est comme instinctif.

Je ne fis qu'attendre un geste ou une parole venant du loup blanc. Une silhouette pourtant inconnue se devinait déjà dans l'ombre des minces troncs d'arbres derrière lesquelles il était posté. Une silhouette blanche comme la glace et dure comme le granit. Un granit froid et dénué de toute forme ou aperçu de bonté ou de gentillesse. Ah la gentillesse... C'est un bien grand mot dis donc. J'ignore toujours si je la porte ou non cette gentillesse en moi. Je ne le sais pas et je ne le saurais peut être enfin sûrement jamais. N'importe quel objet ou animal peut sembler la porter mais tous cachent bien un fond qui n'est pas vraiment penché vers cette gentillesse. J'eus un sourire en y pensant. Un sourire qui s'échappa bien rapidement, comme le semblant de gentillesse qui s'y cache. Je baissai un peu ma tête de cette blancheur tout aussi prononcée que celle du loup Nocturne. Je la relevai vite et tournai mon regard vers le loup mais qui fut vite coupé par les arbres qui se trouvaient autour.
J'aperçus ce filet de sang qui recouvrait sa patte robuste. Le sang. Nous y voilà. Ce liquide rouge pur qui rendait ces loups fous ou bien en pleine extase. Une extase qui tourne bien rapidement au drame et au désastre pour les autres loups, ceux qui ne semblent pas être touchés plus que cela par ce liquide rouge et chaud. J'avoue ne jamais y avoir réellement goûté durant ma vie mais j'imaginais bien quelles sensations cela procurerait ou ne procurerait pas. La passion, la folie, l'intense incontrôle... Ou bien le dégoût, la haine, la peur... Encore une chose dont je ne connaîtrais sûrement pas la raison avant longtemps.
Je regardai la patte bientôt ensanglantée du loup s'avancer vers moi. Je scrutai cette ligne rouge se traçait au passage de ce loup excité par ce liquide rouge et chaud. Je le regardai de mes yeux bleus qui gardaient toujours cette lueur un peu arrogante et rebelle. Ceux du loup blanc étaient vide mais rempli par l'obscurité. Ce regard, les autres Nocturnes doivent l'avoir aussi dans le regard. Une question à laquelle je ne m'attardai pas à réfléchir tellement la réponse me semblait évidente. Mon visage gardai la même expression suite aux paroles froides et hostiles du loup blanc et glacial. Je fis un sourire et lui répondis d'une voix détendue et nullement marquée par l'inquiétude ou par la peur :

" Rien, je l'avoue. Cela ne m'apportera rien en tout cas rien de bon. Mais bon je voulais juste connaître le nom de celui qui va me faire la peau. Personne ne viendra m'aider je m'en doute mais en même temps, je n'attends personne. "

Je m'assis, détendue, dans l'herbe verte de cette ronde. J'entendais le bruit des vagues non loin de là. Mes oreilles bougèrent un peu à ce son naturel.